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Amberflo, ce logiciel comptable qui doit son efficacité à Kubernetes

La startup commercialise un outil qui mesure les coûts des ressources utilisées par une application en ligne, afin que les éditeurs SaaS puissent produire des factures à l’usage plutôt que des forfaits.

Les entreprises qui développent des applications et les exécutent depuis le cloud gagneraient à mesurer plus précisément ce que leur coûtent les modules externes qu’elles utilisent, afin de les refacturer plus justement à leurs clients. Tel est l’avis de la startup Amberflo, laquelle commercialise des sondes censées donner une idée la plus fine possible des transactions qui se déroulent autour d’une application.

« Payer un forfait mensuel pour un service en ligne est une aberration, car le prix ne reflète pas du tout l’usage réel. Les forfaits ont la côte avec les abonnements mobiles ou d’accès Internet. Mais, en cloud, les entreprises voudront de plus en plus ne payer que pour ce qu’elles utilisent », prédit Puneet Gupta, le PDG de la startup.

LeMagIT l’a rencontré plus tôt cette année, lors d’un événement IT Press Tour consacré aux startups qui innovent dans le domaine des infrastructures Kubernetes. Dans ce genre d’événements, on parle plus logiquement de distribution Kubernetes, d’administration système, de sauvegarde, de réseau et de dépannage que de logiciel comptable pour les éditeurs. Pour autant, Amberflo exploiterait mieux que quiconque les rouages techniques de Kubernetes pour obtenir des mesures extrêmement précises.

Un outil pour mesurer les coûts, un autre pour générer les factures

« En cloud, les entreprises voudront de plus en plus ne payer que pour ce qu’elles utilisent. »
Puneet GuptaPDG Amberflo

Amberflo propose deux produits. D’un côté, la startup veut convaincre les éditeurs d’applications SaaS qu’ils devraient cesser la commercialisation de forfaits mensuels au profit d’une facture recalculée tous les mois. C’est la partie la plus importante de l’offre Amberflo : un outil « Billing Cloud » qui calcule automatiquement pour les éditeurs SaaS le montant des factures à envoyer à leurs clients.

Et cet outil serait en mesure d’accomplir un calcul particulièrement complexe, qui tient compte, au millième de centime près, de tous les coûts dont un éditeur a dû s’acquitter en amont pour offrir un service à son client. Ces coûts comprennent le prix de l’infrastructure sollicitée (temps de calcul, stockage, accès), ainsi que les péages à chaque envoi de requête JSON vers l’API commerciale d’un service tiers (pour agrémenter l’application de fonctions standards : moteur de recherche, visualisation, analytique, etc.).

D’un autre côté, l’entretien que LeMagIT a pu avoir avec Amberflo laisse à penser que la startup mesure combien il va lui être difficile de convaincre les éditeurs SaaS d’abandonner leurs forfaits mensuels. Ainsi, avant même de vendre Billing Cloud au prix de 0,5 % du montant qu’il facture (par exemple 5 000 dollars par mois pour des factures mensuelles totalisant un million de dollars), Amberflo propose son moteur « Metering Cloud », qui se contente d’évaluer les coûts endurés par un éditeur pour chacun de ses clients.

Amberflo suggère que Metering Cloud pourrait aussi être utile à toutes les entreprises qui déploient des applications en containers et se demandent quel en est le coût réel. Cependant, comme les APIs et les infrastructures en cloud sont de toute façon facturées à l’usage, il semble qu’une entreprise qui est la seule à les utiliser ne lise dans Metering Cloud que le détail déjà indiqué par l’hébergeur de cloud sur sa facture.

Metering Cloud coûte 10 $ par million de mesures. La mesure est en l’occurrence le moindre événement : une requête vers une API, l’activation ou l’accès à une ressource IaaS, etc. Le premier million d’événements est gratuit, mais la startup indique qu’une application simple pourrait en générer entre 10 et 100 millions par mois. Metering Cloud peut fonctionner seul et a vocation à persuader les éditeurs qu’ils ont tort de proposer des forfaits. Billing Cloud nécessite forcément l’achat de Metering Cloud pour fonctionner.

À cela s’ajoute un accompagnement facturé 20 000 dollars et qui consiste à conseiller les éditeurs SaaS sur la meilleure façon de concevoir leurs tarifs.  

Un meilleur usage technique de Kubernetes

L’argument principal d’Amberflo pour séduire les éditeurs SaaS serait surtout technique : « nous ne sommes pas les seuls à vous promettre d’évaluer votre utilisation des ressources en cloud. Mais nous sommes les seuls à placer nos sondes sur une infrastructure à part, qui mesure votre activité en regardant passer les requêtes envoyées par vos containers et votre cluster Kubernetes », dit Puneet Gupta.

« Nous sommes les seuls à placer nos sondes sur une infrastructure à part, qui mesure votre activité en regardant passer les requêtes envoyées par vos containers et votre cluster Kubernetes. »
Puneet GuptaPDG Amberflo

Selon lui, les concurrents d’Amberflo – M3Ter, Metronome, withOrb, Octane… – installeraient leurs sondes dans la machine virtuelle qui contient l’orchestrateur Kubernetes. « Ils font tous cela, mais c’est un problème de conception. Ils ne peuvent pas mesurer correctement les architectures redondantes que vous déployez ni s’assurer qu’ils ne vont compter qu’une seule fois un événement reçu par plusieurs containers », assure le PDG d’Amberflo. En l’occurrence, les sondes d’Amberflo fonctionnent depuis AWS, Azure ou GCP.

Reste qu’un éditeur devrait sans doute investir pendant plusieurs mois dans Metering Cloud avant de déterminer si la facture à l’usage peut-être un modèle plus rentable que le forfait.  

« Bien entendu, il serait pertinent que Metering Cloud puisse prédire votre marge, plutôt que la constater a posteriori. C’est une fonction que nous implémenterons à terme, mais nous n’avons pas encore assez de retours clients pour consolider une base qui nous permettrait de faire des prédictions fiables », conclut notre interlocuteur.

Les clients d’Amberflo comprennent les éditeurs SaaS Firebolt (entrepôt de données), Integry (pipeline de données), ou encore SupportLogic (analyse des retours clients). Soit des services en ligne qui, par nature, peuvent traiter des quantités de données tellement différentes d’un mois sur l’autre qu’ils n’ont rien à gagner à se vendre sous la forme de forfaits.

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