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IA générative : Salesforce décline sa stratégie avec Slack GPT

Après Einstein GPT, Salesforce a présenté Slack GPT, une déclinaison de son offre commerciale visant à enchâsser les modèles d’IA génératives dans la plateforme collaborative. C’est une opportunité pour renforcer les intégrations entre Slack et la plateforme CRM. La firme menée par Marc Benioff sait que la fenêtre de tir est courte, tout comme elle n’a pas droit à l’erreur.

Avec Slack GPT viendront des fonctionnalités « natives » à Slack, en cours de développement. Leurs dates de disponibilité sont pour l’instant inconnues. Elles permettront de résumer des conversations dans les canaux, de prendre des notes dans les Huddles (les appels d’équipe en VF), ainsi que d’assister à l’écriture de textes ou de mails par exemple.

Salesforce et Slack imaginent décliner l’offre commerciale en verticaux pour les ventes, les agents, les développeurs et les Ops et les équipes marketing.

Accélérer les campagnes marketing et d’emailing, résumer un historique de relation client, générer des réponses plus ou moins automatiques à des questions des clients, trouver et résumer la cause profonde qui affecte le bon fonctionnement d’un front-end client… voilà quelques cas d’usage désirés par Slack et Salesforce.

Einstein GPT, mais pour Slack

Dans cette approche, les composants de l’offre d’Einstein GPT s’intégreront à Slack pour faire le lien avec les solutions de gestion de la relation client de Salesforce.

Pour rappel, les briques d’IA générative d’Einstein GPT, à l’état de pilote privé, seront infusées dans la plateforme CRM, et connectées à Data Cloud (ex Genie, ex Salesforce CDP). Salesforce imagine également utiliser un grand modèle de langage comme GPT-4 pour générer des flux d’automatisation, à partir de Flow Builder, en le nourrissant d’instructions en langage naturel imaginé par des utilisateurs métiers. Le géant du CRM a par ailleurs (plus factuellement cette fois-ci) promis la disponibilité en décembre d’une bêta d’une intégration des fonctions d’Einstein GPT dans son offre Field Service Management.

En faisant de même pour Slack, en y infusant un modèle GPT, Salesforce pourrait inciter davantage de clients à adopter d’autres produits de son cru, selon Bob O’Donnell, fondateur de Technalysis Research.

« Si une entreprise est en contact avec Salesforce pour utiliser Slack, elle sera peut-être plus disposée à adopter d’autres logiciels, dont le fameux CRM », déclare-t-il.

L’intégration future de Slack GPT à Sales Cloud et Service Cloud est un pas dans cette direction.

« La capacité de résumer des conversations, des réunions et des actions est très précieuse pour les commerciaux, les agents de services et les équipes marketing », assure-t-il.

Dans la même veine, Microsoft, Google, Meta, Adobe, Nvidia et un grand nombre d’éditeurs, dont Qlik, ont présenté leurs intentions ou des prototypes d’intégration de l’IA générative dans leurs plateformes au cours de ces derniers mois. Pour autant, peu de ces services sont utilisés à large échelle en production.

L’écosystème Slack, un avantage à exploiter pour Salesforce

Toutefois, par effet de rebond, Slack GPT a déjà un train d’avance par rapport à Einstein GPT et certaines solutions du marché.

Les premières briques de l’offre Slack GPT sont déjà disponibles en bêta à travers des partenariats avec OpenAI et Anthropic.

C’est OpenAI qui s’est proposé de lancer ChatGPT for Slack en bêta privée, avant de signer un partenariat avec Salesforce. Anthropic, également partenaire d’Amazon Bedrock, la plateforme multi-modèle d’AWS, propose son modèle propriétaire Claude à travers une application Slack en bêta. Celle-ci permet déjà de générer des textes, de répondre à des questions et générer des résumés dans un canal ou un message privé.

Slack n’a peut-être pas les capacités vidéo de Zoom ou la base installée de Microsoft Teams, mais il se différencie par ses capacités d’intégration. C’était d’ailleurs l’objet de ses annonces la semaine dernière : il a présenté des améliorations de ses briques de développement et d’intégration.

La mise à jour de la plateforme inclut une structure pour créer des applications, ainsi que des outils, dont Slack CLI – l’interface de ligne de commande de Slack pour interagir avec les applications – et un SDK TypeScript.

Son architecture modulaire comporte trois unités de base : les fonctions, les déclencheurs et les flux de travail.

En outre, Slack a déclaré qu’il mettrait à jour dans le courant de l’année son Workflow Builder no code, afin de permettre aux utilisateurs d’automatiser Slack et d’intégrer des outils fréquemment utilisés. Workflow Builder permettra aux utilisateurs de créer des fonctions et des flux de travail en combinant des déclencheurs, des entrées et des sorties avec des fonctions pour leurs logiciels les plus couramment utilisés. Slack a aussi rendu disponibles ses Canvas, des espaces de travail collaboratifs personnalisables.

Avec Slack GPT, la filiale du géant du CRM promet la possibilité de créer en langage naturel les fameux Canvas, puis de demander de modifier des textes. Elle pourrait aussi permettre d’éditer des tables de type Excel (puisque GPT 3.5 et 4 savent déjà créer des tables) ou des visualisations Tableau.

Quand les géants de la technologie n’arrivent plus à suivre

Les utilisateurs ayant les bonnes autorisations peuvent déjà s’appuyer sur les intégrations existantes avec Zapier ou Make (ex Integromat, propriété de Celonis) pour connecter sans écrire une ligne de code ChatGPT (ou les autres modèles d’OpenAI, même le générateur d’images Dall-E) à Slack et d’autres outils de leurs organisations. Sans compter le fait qu’il n’est pas si difficile que cela pour les développeurs d’affiner l’entraînement des grands modèles de langage open source et de les intégrer à Slack. C’est typiquement ce qu’a fait Databricks, tandis qu’OpenAI est le premier à avoir bénéficié de l’intégration de Slack et de ChatGPT pour ses propres besoins.

En conséquence, Liz Miller, analyste chez Constellation Research, craint que les annonces des différents éditeurs n’aillent pas assez vite par rapport aux envies des métiers, qui peuvent déjà essayer un ensemble de flux de travail motorisés par un grand modèle de langage.

« Il est facile de comprendre pourquoi les équipes veulent les utiliser maintenant », lance-t-elle. « Les outils en bêta limitée et les annonces lointaines risquent de frustrer un monde avide d’intelligence artificielle ».

Selon Liz Miller, les capacités d’interactions et les interfaces de ces grands modèles de langage « entrent dans une phase de maturité ».

Il ne faut toutefois pas oublier la prudence de Salesforce qui – au vu de sa politique d’entreprise, sa réputation et de sa présence en bourse – n’a pas le droit à l’erreur. D’autant que des réglementations de l’IA, dont l’AI Act européen, risquent de modifier les règles du jeu. 

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