Process Mining : Celonis alimente son trésor de guerre
Le spécialiste du process mining affirme avoir réuni 1 milliard de dollars de liquidités supplémentaires pour étendre son empreinte sur un marché qui semble au bord de la saturation.
Le 23 août, Celonis a annoncé une levée de 400 millions de dollars, complétée par une ligne de crédits de 500 millions extensible à 600 millions de dollars.
Ce financement par la dette d’une durée de cinq ans a été contracté auprès de Keybanc Capital Markets, Goldman Sachs, HSBC Ventures, JP Morgan, Morgan Stanley Senior Funding, Citibank ou encore Deutsche Bank.
Le spécialiste du process mining considère cette nouvelle levée de fonds comme une extension de la précédente opération réalisée en juin 2021. Celonis avait alors récolté 1 milliard de dollars en série D. Cette extension est menée par l’autorité d’investissement du Qatar, et implique de nouveaux investisseurs : Activant Capital, Alta Park Capital et Commonfund Capital.
L’opération fait grimper sa valorisation de 11 à 13 milliards de dollars. Selon Crunchbase, Celonis a levé au total plus de 2,4 milliards de dollars.
« Avec un milliard de dollars de liquidités supplémentaires, Celonis disposera d’une flexibilité maximale pour innover de manière agressive, tirer parti des nouvelles opportunités de marché et étendre notre leadership sur le marché », avance sans surprise Bastian Nominacher, co-PDG et cofondateur de Celonis.
Bastian NominacherCo-PDG et cofondateur, Celonis
Pour ce faire, la licorne munichoise précise dans son communiqué de presse qu’elle se prépare à réaliser « des acquisitions, et à approfondir ses relations avec les partenaires de l’écosystème ».
Celonis veut poursuivre sur sa lancée
Cette stratégie est déjà engagée. À la fin du mois de mars, Celonis annonçait le rachat pour 100 millions de dollars de Process Analytics Factory (PAF), une startup allemande, elle aussi, spécialiste du process mining. PAF est proche des environnements Microsoft, tandis que Celonis a entamé son activité en analysant les processus SAP.
En octobre 2021, Celonis a mis la main sur l’éditeur britannique d’une plateforme DataOps, Lenses. Un an plus tôt, c’était Integromat (devenu Make), l’éditeur d’une plateforme d’intégration no-code concurrent de Zapier qui rejoignait les rangs de la licorne.
Bien que ces solutions demeurent indépendantes, Celonis envisage ses rachats comme des moyens d’étendre au besoin ses capacités d’intégration, d’automatisation, de visualisation ou d’analyse.
Pour rappel, en février 2022, l’éditeur a dévoilé un partenariat stratégique avec Accenture. Lancé en avril 2021, son programme Celonis For Consulting aurait déjà permis de former 10 000 consultants en provenance de 250 partenaires technologiques et ESN.
Une pression de plus en plus forte
Au total, la société aurait mené près de 2 500 déploiements de sa plateforme EMS chez ses clients, mais un nouveau défi se présente à elle.
La volonté de Celonis de cumuler des liquidités va de pair avec la pression observée sur le marché du process mining. Ses concurrents et partenaires ont perçu cette technologie comme un complément à leurs plateformes BPM ou leurs outils d’automatisation robotisée des processus (RPA).
En à peine trois ans, une dizaine d’acteurs du process mining ont été rachetés. L’année dernière, SAP s’emparait de Signavio. En mai 2022, c’était PegaSystems qui mettait la main sur le Brésilien EverFlow. Un mois plus tôt, Microsoft reprenait Minit.
Ce rythme d’acquisition s’avère si rapide que certains analystes considèrent que le marché du process mining décline au profit de celui de l’automatisation.
Celonis fait le chemin inverse : il part de l’extraction des processus pour tenter de devenir un ténor de l’automatisation.