Processeurs : Intel montre enfin des signes de relance

Même si l’année reste globalement moins bonne que la précédente, les ventes d’Intel au dernier trimestre ont bondi. En cause : une relance inespérée des achats de PC. D’autres éléments montrent que cette reprise pourrait durer.

Intel renoue timidement avec la croissance. À l’occasion de la publication de ses derniers résultats financiers, le fondeur se félicite d’avoir terminé ce trimestre avec un chiffre d’affaires de 15,4 milliards de dollars soit 10 % meilleur que le résultat trimestriel qu’il affichait il y a un an. En revanche, son CA annuel de 54,2 milliards de dollars demeure 14 % inférieur à celui de l’année dernière.

De fait, si le dernier trimestre se traduit par un bénéfice net de 2,7 mds $ (contre une perte de 700 millions, il y a un an), le bénéfice annuel tombe à 1,7 md $ une fois retranchées les pertes des trois autres trimestres de l’année écoulée.

Wall Street, qui s’attendait à un résultat trimestriel de 15,16 mds $, a applaudi la performance, mais a déchanté à la lecture des pronostics d’Intel pour son prochain semestre. Le fondeur estime qu’il réalisera d’ici à mars prochain un CA compris entre 12,2 et 13,2 mds $, alors que les analystes financiers tablaient plutôt sur 14,24 mds $.

Core pour PC, oui, mais Xeon pour serveurs, pas encore

Dans le détail, les bons résultats d’Intel s’expliquent ce trimestre par une reprise quasiment inespérée du marché des PC. Ses puces Core pour machines clientes ont ainsi vu leurs ventes bondir de 33 % pour atteindre 8,8 mds $.

En revanche ses processeurs Xeon pour serveurs ont réalisé une contre-performance : les 4 mds $ rapportés par leurs ventes constituent un résultat 10 % inférieur à celui de l’année dernière. Il en va de même pour ses puces dédiées aux équipements réseau et serveurs Edge, dont les ventes chiffrées à 1,5 md $ sont inférieures de 24 % à celles de l’année dernière.

Sur l’année, les ventes de puces pour PC ont rapporté 29,3 mds $ (8 % de moins que l’année précédente), celles pour serveurs 15,5 milliards (-20 %) et celles pour équipements réseau plus edge 5,8 mds $ (-31 %).

Il faudra attendre encore un peu pour comparer ces résultats à ceux d’AMD, le concurrent direct d’Intel sur tous ces marchés. Lors du trimestre précédent, AMD affichait un CA global de 5,8 mds $ (+4 % en un an). Celui-ci se répartissait en 1,6 md $ générés par les ventes de processeurs Epyc pour serveurs (pas d’évolution sur un an), 1,5 md $ pour les processeurs Ryzen dédiés aux PC (+42 %), 1,5 md $ pour les GPU graphiques Radeon (-8 %) et 1,2 md $ pour les puces dédiées aux équipements embarqués (-5 %).

Mobileye et IFS, les activités qui montent

Deux activités d’Intel encore mineures connaissent des progressions notables. Les ventes de puces Mobileye pour équipements automobiles ont atteint 637 millions de dollars ce trimestre (+13 % en un an) et 2,1 mds $ sur l’année (+11 % par rapport à l’année dernière). La location des chaînes de production de semiconducteurs, présentée sous la marque Intel Foundry Services (IFS) a rapporté 291 millions de dollars ce trimestre (+63 %) et 952 millions de dollars sur l’année (+103 %).

Cette dernière activité promet de continuer à croître avec la signature, juste avant l’annonce de ces résultats, d’un partenariat avec le fondeur taiwanais UMC pour sous-traiter aux USA la fabrication de puces en 12 nm.

« Ce partenariat est l’une des étapes vers notre but qui reste d’être le numéro 2 mondial des fabricants de semiconducteurs d’ici à 2030 », précise un communiqué d’Intel. A priori, à cette date, le numéro 1 mondial devrait toujours être le Taiwanais TSMC, dont les usines produisent, notamment, les puces d’Apple, Nvidia et AMD.

En septembre dernier, IFS avait déjà conclu un accord similaire avec l’Israélien Tower Semiconductor pour sous-traiter la fabrication de ses circuits photoniques en 65 nm. Toutefois, on se souvient que le plan initial d’Intel consistait plutôt à racheter Tower Semiconductor pour récupérer sa clientèle. Ce projet a finalement pris l’eau en août 2023, faute d’avoir obtenu à temps le feu vert des autorités étatiques chargées du respect de la concurrence.

Des signes de relance

« Nous nous attendons à ce qu’un nouveau marché des PC IA se développe lentement cette année, puis décolle en 2025. Cela sera très profitable à Intel, car ses processeurs Meteor Lake joueront un rôle important dans ce domaine. »
Glenn O’DonnelAnalyste, Forrester

« Je m’attends à des progrès dans l’activité IFS, car sa stratégie fonctionne bien. Et, d’une manière globale, je constate que le redressement d’Intel fonctionne enfin, après une période durant laquelle le fondeur a résisté à des facteurs macroéconomiques », commente, enthousiaste, l’analyste Glenn O’Donnel de Forrester.

« Bien qu’Intel reste loin derrière Nvidia en ce qui concerne la dynamique commerciale des processeurs d’IA, le fondeur est en train de combler l’écart. Intel est sous-estimé dans le domaine de l’IA, Nvidia et même AMD captant l’essentiel de l’attention. Mais nous nous attendons à ce qu’un nouveau marché des PC IA se développe lentement cette année, puis décolle en 2025. Cela sera très profitable à Intel, car ses processeurs Meteor Lake joueront un rôle important dans ce domaine », ajoute-t-il.

Parmi les signes positifs qu’il veut donner, Intel indique que ses derniers Xeon de cinquième génération sont enfin prêts à être distribués aux hyperscalers où ils vont permettre d’accélérer les tâches d’inférence (exécutions de modèles d’IA) de 42 %, sans avoir besoin d’équiper les serveurs de GPU.

Il croît aussi beaucoup au décollage du concept de PC AI, soit des PC équipés de ses nouveaux processeurs Core Ultra de 14e génération, capables d’accélérer localement l’inférence.

Enfin, l’opérateur américain AT&T, via l’équipementier européen Ericsson, lui aurait commandé des puces pour motoriser 70 % de ses antennes.

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