Bacho Foto - stock.adobe.com

Comment un grand cabinet américain utilise une IA dans l’examen des contrats de licences

Foley & Lardner a décidé de mettre une IA juridique dans son offre en ligne pour l’examen des contrats. Le cabinet d’avocats, parmi les 50 plus importants des États-Unis, s’attend à ce que l’IA finisse par prendre en charge la plupart des tâches juridiques de base. Mais pas à ce qu’elle remplace l’expertise des juristes.

L’Intelligence artificielle arrive dans les professions juridiques. Et Foley & Lardner LLP, l’un des 50 plus importants cabinets d’avocats américains, n’a pas attendu pour s’y mettre.

Foley & Lardner a utilisé le service de révision de contrats en ligne de ThoughtRiver comme base pour son offre Foley Equipped. L’outil SaaS qui utilise une intelligence artificielle (IA) passe en revue 40 questions courantes dans les accords de licences sur les logiciels et les offres technologiques.

Foley ne facture pas ce service à ses clients, qui leur permet de se concentrer sur la résolution des clauses plus problématiques.

« C’est un bon point de départ pour un accord », explique Chanley T. Howell, associé chez Foley & Lardner. « [L’IA] ne donne pas toutes les réponses. Il faut toujours qu’il y ait de l’intelligence humaine ».

Foley & Lardner s’attend même à ce qu’Equipped réduise le coût de l’examen d’un contrat de 20 à 25 %. Avec à la clef, une réduction possible des revenus facturés. Mais ce « sacrifice » serait inévitable.

« Si nous ne le faisons pas, d’autres cabinets le feront », souligne Chanley T. Howell. « Nous devons faire ce genre de choses pour rester compétitifs ».

De fait, une étude réalisée par l’université de Princeton, de New York et de Pennsylvanie estime que l’IA finira par accomplir de nombreuses tâches effectuées aujourd’hui par les assistants juridiques. Une autre étude de Goldman Sachs montre quant à elle que l’IA pourrait effectuer 44 % des tâches au sein des professions juridiques américaines et européennes.

Automatiser l’examen des contrats

Foley Equipped est un premier pas vers l’automatisation des tâches juridiques simples. Par exemple, dans l’industrie technologique, les éditeurs de logiciels, de SaaS et les consultants IT utilisent des contrats types sur leurs marchés respectifs.

Les clients de Foley & Lardner uploadent ces contrats dans Equipped, qui signale les clauses à regarder de près. Le logiciel propose également des modifications.

À moins que le client ne soit une très grande entreprise, il est peu probable que les principaux fournisseurs de technologie – comme Microsoft, Salesforce ou Oracle – modifient les termes de leurs licences, admet Chanley T. Howell. Mais les plus petits acteurs technologiques sont plus flexibles.

Christopher J. McKenna, partner, Foley & LardnerChristopher J. McKenna

Que le contrat soit négociable ou non, les clients doivent toujours connaître les risques associés aux clauses qui couvrent la protection des données, la sécurité et la propriété intellectuelle.

Cette connaissance permet aux entreprises de modifier leurs processus et d’ajouter ou de retirer des éléments technologies pour réduire les risques, ajoute Christopher J. McKenna, associé chez Foley & Lardner.

Une IA qui ne concurrence pas l’expertise des avocats

Foley & Lardner s’appuie sur ThoughtRiver dans Equipped. Pourquoi donc passer par le cabinet ? Tout simplement parce que Foley & Lardner ajoute son savoir-faire, répondent les avocats.

Chanley T. Howell, partner, Foley & LardnerChanley T. Howell

« Les clients font appel à nous – au lieu de s’adresser directement à ThoughtRiver – en raison de notre expertise », avance Chanley T. Howell. « Il s’agit de nos commentaires, de nos conseils. Nous pensons que notre expertise en matière de contrat est vraiment bonne ».

Les clients « nous veulent parce que nous sommes des partenaires. Ils ne vont donc pas simplement prendre notre [propriété intellectuelle dans Equipped] et en faire quelque chose de leur côté », avance Chanley T. Howell.

D’une facturation à l’heure vers une facturation au dossier

Foley & Lardner s’attend par ailleurs à ce que l’utilisation de l’IA – qui automatise les tâches chronophages et rébarbatives – change le mode de facturation des cabinets d’avocats. Les clients demanderont probablement de plus en plus une tarification par projet et plus à l’heure passée sur un dossier.

Ce n’est pas un secret dans le milieu juridique : les clients n’aiment pas la facturation à l’heure, constate M. Howell. Ils pensent que cela pousse les avocats à « remplir » et à augmenter inutilement le temps passé sur une affaire. Les avocats n’aiment pas non plus la facturation à l’heure qui leur gâche des week-ends et leurs soirées (passées au bureau), ajoute-t-il.

Une tarification au projet pourrait fonctionner… si les clients s’y retrouvent financièrement. « Si le prix est compétitif, tout le monde devrait être satisfait » anticipe Chanley T. Howell.

Quelle que soit la forme de facturation, les logiciels d’IA réduiront probablement le coût global du travail juridique. Les avocats, par exemple, ne factureront plus les longues heures passées à examiner des centaines de documents dans le cadre d’une affaire, si des algorithmes peuvent résumer avec précision les informations et localiser les données essentielles.

« Cela réduira la quantité de travail fastidieux », résume Chanley T. Howell.

Mais les PDG ou les DSI qui envisagent une transaction à six, sept ou huit chiffres auront toujours intérêt à demander conseil et à discuter de la stratégie avec des juristes expérimentés. « Un ordinateur capable de faire cela efficacement, tout seul… on en est encore loin », tranche l’avocat. « Très loin même ».

Pour approfondir sur Applications métiers

Close