Grâce à l’intelligence artificielle, Acrobat Reader est désormais capable de résumer un contrat, d’en extraire les points clés et d’identifier les changements entre différentes versions du document. Le tout dans un contexte où l’IA générative pourrait inverser les rôles entre la machine et l’humain, dans l’analyse des documents juridiques.
Adobe a dévoilé une fonctionnalité de « contract intelligence » dans l’AI Assistant d’Acrobat (au sein de Document Cloud)
Cette nouveauté, motorisée par une intelligence artificielle générative, permet de résumer les contrats (en PDF) et de détecter les modifications apportées lors des cycles de révision.
Pour Alan Pelz-Sharpe, fondateur du cabinet Deep Analysis, ce type d’usages peut paraître trivial. Mais ça ne l’est pas. C’est même une véritable pierre envoyée dans le jardin des éditeurs de logiciels spécialisés dans la gestion du cycle de vie des contrats (CLM) – qui sont déjà en concurrence avec Oracle, Salesforce ou Microsoft, des acteurs qui proposent soit des solutions similaires soit des outils de développement en IA pour les faire sur mesure.
L’AI Assistant nécessite une extension, de 4,99 $ par mois, à Acrobat Reader. Mais la fonctionnalité de « contract intelligence » est incluse sans coût supplémentaire.
« C’est pratiquement gratuit », résume Alan Pelz-Sharpe. « Adobe intègre cette fonctionnalité directement dans son offre, plutôt que de pousser les entreprises à prendre des licences à plusieurs millions de dollars avec des fournisseurs tiers de CLM. »
Une IA qui lit les contrats
L'IA d'Adobe fait une revue de contrat
Concrètement, l’assistant est capable de détecter qu’un document est un contrat – y compris à partir d’images scannées ou de photos qui n’ont pas encore été converties par OCR. L’utilisateur peut ensuite interagir avec le document avec une interface de type chatbot.
L’IA d’Adobe peut extraire et résumer les informations clés du contrat, et les traduire en langage clair – comme les frais, les commissions, les échéances, les pénalités et les dates limites. Le tout avec des sources sous forme de citations vérifiables et cliquables.
L’outil permet aussi de comparer jusqu’à 10 versions différentes d’un contrat – là encore, y compris s’il s’agit de scans – et d’afficher les différences sous forme de tableau.
Pour Alan Pelz-Sharpe, ces fonctionnalités de contract intelligence ressemblent plus à une application complète qu’à un ajout à Acrobat. Toujours selon lui, Adobe aurait même tout intérêt à adapter son assistant à des documents d’autres natures, comme les demandes administratives ou les déclarations d’assurance.
Vers un traitement machine à machine des contrats
« Nous nous dirigeons vers un monde où seuls les cas exceptionnels seront revus manuellement. Tout le reste sera un traitement de machine à machine. »
Alan Pelz-SharpeDeep Analysis
Adobe revendique plus de 650 millions d’utilisateurs d’Acrobat. L’éditeur affirme que plus de 400 milliards de documents y sont ouverts chaque mois. Parmi eux, environ un milliard serait des contrats, évalue Abhigyan Modi, vice-président senior d’Adobe Document Cloud.
Acrobat prenait déjà en charge les signatures numériques. Cet ajout renforce donc la force de sa position sur ce marché de la gestion des documents.
Comme d’autres secteurs, la gestion des contrats s’apprête à être bouleversée par l’automatisation et l’IA générative, observe Alan Pelz-Sharpe. Combinée à des workflows basés sur des règles, cette technologie pourra examiner, analyser et approuver des contrats – dès lors que les parties concernées sont d’accord et dans des limites préétablies.
« Nous nous dirigeons rapidement vers un monde où, dans de nombreux cas, aucun humain ne consultera le document ; seuls les cas exceptionnels seront revus manuellement », anticipe l’analyste. « Tout le reste sera un traitement automatisé, de machine à machine. »
Foley & Lardner a décidé de mettre une IA juridique dans son offre en ligne pour l’examen des contrats. Le cabinet d’avocats, parmi les 50 plus importants des États-Unis, s’attend à ce que l’IA finisse par prendre en charge la plupart des tâches juridiques de base. Mais pas à ce qu’elle remplace l’expertise des juristes.
L’IA fait évoluer les métiers des juristes à grande vitesse. Mais le droit est un domaine très sensible. Il impose la confidentialité des échanges ou d’avoir des réponses justes et sûres. Comment l’IT peut-elle encadrer l’IA pour répondre à ces impératifs (communs à bien d’autres secteurs critiques) ? Réponse dans ce dossier.
Pour approfondir sur GED, signature électronique et partage de fichiers