Intelligence artificielle : Microsoft lance la deuxième génération de son agent Copilot
Plus de collaboration, plus de contexte. Mais aussi plus de complexité. Les nouveaux agents à base d’IA générative de Microsoft se dirigent vers l’autonomisation des tâches. En attendant, les entreprises ne doivent pas négliger la formation pour tirer parti de ces nouveaux « Copilots », invite Forrester.
Il y a 18 mois, Microsoft lançait ses « Copilots », des agents qui embarquent de l’Intelligence artificielle générative pour rechercher des informations, les résumer, et augmenter ses outils (de Microsoft 365 à Power BI).
Cette semaine, Microsoft a dévoilé la deuxième génération – l’éditeur parle de « deuxième vague » – de Copilots, qui s’appuie, comme la première, sur les LLMs d’OpenAI.
Copilot Page
La première grande nouveauté se nomme « Copilot Page ». L’outil n’est pas simple à décrire, mais, en substance, il permet de faire des requêtes à Copilot, de prendre le contenu éphémère qu’elles ont généré, de le coller dans un « canvas » (une page) et de partager ce travail, sans quitter Copilot, avec d’autres collègues.
Une vidéo valant souvent mieux qu’un long discours, voici comment Microsoft présente Page.
« Il s’agit là d’une toute nouvelle façon de travailler : une collaboration multi-player entre utilisateurs et IA », résume Microsoft. À noter que, au passage, le marketing de l’éditeur a rajouté un nom à son lexique : le dialogue avec Copilot (mode UI web) s’appelle désormais « BizChat ».
« Business Chat (BizChat) fonctionne comme l’interface d’interaction avec Copilot. Il a accès à l’ensemble de vos données – qu’elles proviennent du web, qu’elles soient métiers ou spécifiques à votre secteur d’activité », explique l’éditeur. « C’est là, au sein de Business Chat, que vous pouvez collaborer avec Copilot comme s’il s’agissait d’un coéquipier », conclut-il.
La création d’agents, aussi en langage naturel
L’autre grande nouveauté est une nouvelle version des « Studio agents ». L’outil permet de créer – « simplement », insiste Microsoft – des agents conversationnels spécifiques pour des fonctions métiers (comme le support client ou les agents de terrain).
Ces agents peuvent être construits en langage naturel, en passant justement par BizChat.
« Grâce à cette nouvelle expérience, vous pouvez indiquer à Copilot Studio ce que vous voulez que votre agent Copilot fasse et choisir facilement les sources de connaissances que vous souhaitez intégrer en piochant dans les données de votre organisation, qu’il s’agisse de documents spécifiques ou de bases de données entières », souligne Charles Lamanna, Corporate Vice President, Business & Industry Copilot.
L’agent peut ensuite être partagé avec un groupe ou déployé dans l’ensemble de l’organisation.
Ce nouveau Studio en langage naturel arrivera en octobre. La prochaine étape, déjà en test en « early access », sera la création d’agents autonomes qui, selon Charles Lamanna, « ont le potentiel de changer encore plus fondamentalement les processus métiers ».
Croissance exponentielle pour Copilot
En parallèle de ces annonces, Microsoft a partagé un premier « point de passage ». 60 % des entreprises du Fortune 500 utiliseraient Copilot. Et le nombre de clients de Copilot aurait augmenté de plus de 60 % en un trimestre.
« La majorité des clients souhaitant augmenter leur nombre de licences », se réjouit même l’éditeur qui ajoute que « le nombre de clients qui disposent de plus de 10 000 licences Copilot a plus que doublé d’un trimestre à l’autre ».
Début septembre, le principal partenaire de Microsoft dans la Gen AI, OpenAI, s’était lui aussi livré à cet exercice.
L’éditeur de ChatGPT indiquait qu’il comptait désormais plus d’un million d’utilisateurs professionnels payants dans le monde, contre 600 000 en avril 2024. Parmi eux, Sanofi, BBVA, ou encore le FT, Zalando ou l’Université d’Oxford.
L’utilisation de l’API aurait par ailleurs doublé depuis le lancement de GPT-4o mini en juillet.
Copilot plus puissant, mais aussi plus complexe
Pour J.P. Gownder, analyste principal chez Forrester Research, le point le plus important de cette deuxième vague de Copilot est que l’assistant prend plus en compte le contexte.
J.P. GownderAnalyste principal, Forrester Research
« Jusqu’à présent, ce contexte était trop souvent absent. Les réponses de Copilot étaient souvent aléatoires pour les utilisateurs, ce qui entraînait trop de “non-sens cohérents” », commente l’analyste. « Les nouvelles fonctionnalités de Copilot promettent d’améliorer cela. Et notamment [de] diriger Copilot vers des documents spécifiques lorsqu’il élabore une histoire dans PowerPoint ou qu’il compose un document dans Word ».
Il n’en reste pas moins que l’utilisation de l’IA – même en langage naturel – n’est pas forcément intuitive et simple. Copilot ne fait pas exception, et encore moins avec cette deuxième vague, plus puissante, mais aussi plus complexe.
« Le QAI (Quotient d’Intelligence Artificielle) des employés – c’est-à-dire la compréhension, les compétences et la conscience éthique que les gens apportent lorsqu’ils travaillent avec des IA génératives – n’est pas encore à la hauteur », avertit J.P. Gownder. Pour lui, « les organisations devront donc consacrer beaucoup plus de ressources à la formation et au soutien pour aider les employés à maîtriser ces nouvelles méthodes de travail ».
« Sans ces investissements, trop d’organisations auront du mal à générer de la valeur, même avec les améliorations de la deuxième vague de Copilot », tranche-t-il.