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Les employés français sceptiques face à l’IA

Une étude internationale d’Atlassian tendrait à montrer que les professionnels français sont à la traîne dans l’usage de l’IA. En cause, un usage trop axé sur l’optimisation et pas assez sur l’amélioration ou la transformation des tâches. Et un soutien interne trop faible.

On le savait déjà, les Français font partie des plus anxieux face à l’IA générative. Une étude de Dynata (pour Atlassian) le confirme.

« La plupart des études ne s’intéressent qu’à la fréquence d’utilisation de l’intelligence artificielle dans l’entreprise », avance Molly Sands, responsable du Teamwork Lab chez Atlassian. « Notre rapport, en revanche, analyse la façon dont les gens perçoivent et travaillent avec l’IA sur le lieu de travail ».

Conclusion sans appel, alors que le monde explore de nouvelles façons d’utiliser l’intelligence artificielle (IA), en particulier l’IA générative, la France se distinguerait par une certaine prudence face à la collaboration avec cette technologie.

L’IA : du simple outil au conseiller stratégique

Les employés de bureau français seraient à la traîne par rapport à leurs homologues internationaux. Un quart des professionnels français utiliseraient l’IA comme un « collaborateur stratégique », tandis que la majorité (58 %) la voit comme un simple outil ou un assistant personnel pour rationaliser les tâches quotidiennes.

Autre chiffre qui montre cette tiédeur, 16 % des Français interrogés déclarent que l’IA est « inutile sur le lieu de travail » – une proportion plus élevée que celle observée aux États-Unis, en Allemagne et en Inde.

Pour bien comprendre ces chiffres, il faut souligner que Dynata et Atlassian distinguent 4 stades de la collaboration en matière d’IA :

  • Stade 1 : un outil utilisé à l’occasion pour accomplir une tâche spécifique.
  • Stade 2 : un assistant personnel qui peut faciliter les tâches difficiles.
  • Stade 3 : un partenaire créatif avec son propre ensemble de compétences et d’idées.
  • Stade 4 : une équipe de conseillers experts qui améliore la prise de décision.

La France adopterait plus lentement l’IA aux stades de collaboration les plus élevés, avance l’étude.

L’IA qui optimise et l’IA transformatrice

Autre élément : quand ils sont interrogés sur l’impact le plus important de l’IA, les Français se concentreraient principalement sur le gain de temps. Contrairement aux répondants d’autres pays qui accordent de plus en plus d’importance à l’amélioration de la qualité de leur travail.

« À mesure que la collaboration avec IA s’approfondit – passant d’un outil permettant de gagner du temps à un partenaire pour les tâches complexes –, nous constatons que l’avantage principal passe de l’efficacité à l’amélioration de la qualité du travail », confirme Molly Sands. « Il semble que la France n’ait pas encore atteint ce stade ».

Le soutien comme catalyseur de la maturité IA

Côté organisation, le soutien institutionnel en matière d’IA resterait faible. Seuls 48 % des répondants français estiment que leur entreprise favorise un environnement propice à l’IA, contre des pourcentages nettement plus élevés dans des pays comme les États-Unis (61 %) et l’Inde (83 %).

« Pour exploiter pleinement le potentiel de l’IA, les entreprises ne doivent pas se contenter de déployer des outils d’IA. Elles doivent également donner à leurs employés la possibilité d’expérimenter. »
Jamil VallianiResponsable produit IA, Atlassian

Or l’étude insiste sur l’importance du leadership pour faire progresser la collaboration en matière d’IA.

« Pour exploiter pleinement le potentiel de l’IA, les entreprises ne doivent pas se contenter de déployer des outils d’IA. Elles doivent également donner à leurs employés la possibilité d’expérimenter », renchérit Jamil Valliani, responsable produit, IA, chez Atlassian en commentaire du rapport.

Le dirigeant confie qu’Alassian a fourni des outils d’IA et des LLM dans un environnement sécurisé pour que ses employés puissent utiliser ces éléments et créer des solutions d’IA adaptées aux besoins de leur équipe. « Ce qui a accéléré l’adoption », se félicite-t-il.

« Tout ce qu’il faut, c’est un peu de temps et la volonté d’expérimenter. Les équipes doivent se sentir encouragées et habilitées à intégrer l’IA comme un partenaire stratégique dans leur travail », conclut-il.

Dynata a interrogé 5 000 employés en Australie, aux États-Unis, en Inde, en Allemagne et en France (1 000 personnes).

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