Stockage : Huawei présente la v7 de ses baies OceanStor Dorado

Le constructeur améliore les DPU qui pilotent ses SSD TLC très rapides pour supporter plus de capacités sans pour autant ralentir les accès.

Le constructeur chinois Huawei a profité cette semaine de son événement européen IDI Forum 2025 à Munich pour présenter au public toutes les nouvelles générations v7 de ses baies de stockage NAS OceanStor Dorado. Celles-ci disposent des mêmes processeurs ARM Kunpeng (conçus par Huawei lui-même) que dans la génération précédente, mais les cartes DPU qui pilotent les SSD ont été améliorées pour supporter de plus grandes capacités sans ralentir.

« Nous supportions jusque-là 500 To de capacité utile par double contrôleur. Nous doublons aujourd’hui cette capacité, c’est-à-dire que vous allez atteindre 1 Po de capacité utile en SSD ultrarapide sur une OceanStor Dorado 3000 d’entrée de gamme, avec les nouveaux SSD TLC de 30 To de capacité brute » dit Benoît Fix, l’expert stockage de Huawei France.

Les SSD TLC, les plus rapides, n’étaient jusqu’alors disponibles qu’en version 15 To. Huawei devrait lancer cet été des SSD de 122 To de capacité, mais il s’agit de modèles QLC, moins performants et non destinés à cette catégorie de baies de stockage. Les OceanStor Dorado sont des NAS conçus pour les applications qui ont besoin d’accès intensifs en mode fichier, soit des hyperviseurs ou des serveurs de calcul.

« Le problème est que si vous augmentez la capacité des SSD sans augmenter d’autant la mémoire cache en amont, vos performances chutent. Et c’est ce qui se passe chez nos concurrents. Ils vous recommandent de changer de machine pour une gamme supérieure dès que vous atteignez une certaine capacité. Car même si leur machine supporte le bon nombre de SSD, elle ne gère pas correctement tout l’espace disponible », continue Benoît Fix.

Il est à noter que Huawei propose désormais un programme d’abonnement FlashEver, qui est similaire au programme Evergreen de son concurrent Pure Storage. En l’occurrence, les clients de ce programme bénéficient d’un remplacement automatique des contrôleurs dès qu’une nouvelle génération arrive. Selon Benoît Fix, le remplacement des contrôleurs, l’un après l’autre, peut se faire sans interrompre le fonctionnement de la machine. 

Quatre modèles pour quatre tailles

L’autre bénéfice de la nouvelle génération v7 est que le nombre de baies que l’on peut assembler en cluster a doublé. On peut à présent déployer des clusters de huit Dorado 3000 (16 contrôleurs) et de seize Dorado 5000/6000 (32 contrôleurs) ou 8000 (64 contrôleurs). L’augmentation du nombre d’unités en cluster aurait a priori un rapport avec l’augmentation de la RAM dans chaque nœud. La Dorado 3000 embarque désormais jusqu’à 1,5 To de RAM, la 5000 jusqu’à 8 To de RAM, la 6000 jusqu'à 24 To de RAM et la 8000 jusqu’à 32 To de RAM.

Pour le reste, les performances devraient être similaires à celles de la génération précédente, soit 100 millions d’IOPS par seconde.

En haut de gamme, l’OceanStor Dorado 8000 dispose de quatre contrôleurs dans un boîtier 4U. Les deux autres modèles, les Dorado 5000 et 6000, ont, comme la Dorado 3000, deux contrôleurs dans un boîtier 2U. Quelle que soit la machine, chaque paire de contrôleurs est reliée à 25 SSD internes, accessibles en façade. En revanche, le nombre de cartes réseau varie selon le modèle. La Dorado 3000 en a 6, les Dorado 5000 et 6000 en ont 12 et la Dorado 8000 en a 24.

Ces cartes réseau proposent chacune soit quatre connecteurs Ethernet en 25 Gbit/s, soit deux connecteurs en 100 Gbit/s. Et ces connecteurs servent soit à étendre la capacité de stockage vers des tiroirs de SSD externes de format 2U comprenant 36 SSD chacun, soit à mettre en cluster plusieurs machines pour démultiplier les vitesses d’accès.

Nous avons vu que le nombre de machines installables en cluster était fonction de la RAM embarquée dans celles-ci. C’est la même chose pour le nombre de SSD connectables : 1200 sur la Dorado 3000, 3200 pour la Dorado 5000, 4800 pour la Dorado 6000 et 6400 Dorado pour la 8000. En fait, les quantités de SSD, de cartes réseau et de RAM sont liées.

Une connectique RDMA propriétaire

Mis à part ces quantités variables, les cartes mères et les DPU sont communs à toutes ces machines. Et c’est bien cette architecture-là qui n’a rien à voir avec les autres baies de stockage du commerce.

« D’ordinaire, vous mettez dans une baie du commerce des SSD NVMe qui sont chacun reliés au processeur x86 de la machine via un certain nombre de canaux PCIe [deux canaux par contrôleur, NDR]. Ce n’est pas ainsi que cela fonctionne chez nous. Les SSD ne sont pas reliés au processeur. Ils sont reliés à nos cartes accélératrices DPU, via des canaux RDMA propriétaires en 100 Gbit/s », explique Joey Liu, l’architecte en chef des baies OceanStor Dorado. Il précise que les SSD Huawei de ces baies sont, aussi, forcément propriétaires.

« Les contrôleurs de ces canaux RDMA sont intégrés à chacune des puces que nous concevons. Ils sont dans les processeurs Kunpeng des cartes mères des Dorado et dans les DPU qui leur sont reliés. Cette architecture nous permet de déployer une sorte de switch à l’intérieur même de la baie qui permet de basculer très rapidement d’un SSD à l’autre pour éviter les goulets d’étranglement », approfondit-il.

La compréhension du MagIT est qu’il s’agit du même circuit qui pilote les 25 SSD internes des Dorado et les centaines de SSD externes dans les tiroirs externes de 36 SSD. En fait, tout se passe comme si le pool de SSD internes était lui-même un tiroir de SSD externes.

Les contenus des SSD NVMe, au contraire des SSD en SaaS, sont d’ordinaire accessibles comme s’ils étaient dans un espace mémoire du processeur, d’où la dénomination DMA (Direct Memory Adress). Quand ces NVMe sont installés sur une unité physiquement séparée, on parle de RDMA (Remote Direct memory Adress) et on précise généralement le lien qui relie les deux unités. Il s’agit le plus souvent d’un lien Ethernet, et même Converged Ethernet (qui évite la perte de paquets). Cela donne le RoCE, ou RDMA-over-Converged-Ethernet.

Ici, les SSD n’étant pas reliés directement au processeur, mais à la puce d’accélération DPU, qui est interne, on parle donc de RDMA tout court.

Et aussi de l’objet, de la sauvegarde...

Outre les nouvelles baies Dorado pour les besoins de NAS hautement performants, Huawei a aussi mis à jour ses baies OceanStor Pacific. Plus lentes que les OceanStor Dorado, elles sont vendues pour déployer du stockage objet. Les OceanStor Pacific utilisent bien des SSD QLC et les nouveaux modèles 9920/9928 atteignent, grâce aux SSD de 61 To, la capacité de 4 Po par 2U. On imagine que cette capacité sera doublée dès cet été avec l’arrivée des SSD QLC de 122 To.

Dans le même ordre d’idée, les nouvelles versions des baies OceanProtect sont désormais entièrement équipées de SSD QLC. Leur capacité peut grimper à présent jusqu’à 16 Po. Les modèles X3000, X6000 et X8000 ont des formats et des électroniques similaires aux Dorado.

Ces machines se connectent directement aux baies OceanStor Dorado et Pacific pour protéger automatiquement leurs contenus.

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