Abandon de VMware : l’hébergeur Hosteur choisit Huawei pour le support

L’entreprise, qui héberge les applications d’environ 200 entreprises et les sites d’environ 4000 TPE et particuliers, témoigne que seul le fournisseur chinois a su faire preuve d’un accompagnement sans faille.

« Nous, tous les fournisseurs de services managés en France, nous avons fait la même bêtise : nous sommes tous allés vers la solution de virtualisation la plus simple, la plus belle, la plus magique. Jusqu’au jour où nous nous sommes rendu compte que nous étions tous pieds et poings liés à VMware, à sa technologie et à ses tarifs. » Ainsi s’exprime Florent Gentric (en photo en haut de cet article), initialement directeur technique de l’hébergeur de services Hosteur et désormais directeur R&D dans le groupe issu de la fusion récente entre Hosteur, l’intégrateur ARDCom et la chaîne de datacenters en colocation TAF France.

« Quand les tarifs de VMware ont explosé, nous nous sommes dit que nous allions perdre toute notre marge. »
Florent GentricDirecteur technique, Hosteur

« Nous ne revendons pas des licences VMware à nos clients, nous leur vendons des ressources virtuelles et de l’ingénierie pour exécuter leurs applications. Quand les tarifs de VMware ont explosé, nous nous sommes dit que nous allions perdre toute notre marge », se souvient-il. Il fallait trouver une alternative. En l’occurrence, il y en aura deux : l’hyperviseur Open source Proxmox et le commercial DCS de Huawei, tous deux basés sur le KVM, le module de virtualisation de Linux.

« Proxmox nous permet de proposer une virtualisation basique, tandis qu’avec DCS nous pouvons offrir du support haut de gamme », dit Florent Gentric. Il assure au MagIT que ces deux solutions de virtualisation sont iso-fonctionnelles avec VMware. « À vrai dire, nous avons juste besoin d’un hyperviseur. Tout ce qu’il y a autour, c’est notre propre ingénierie. Mais pour pouvoir la migrer, il nous fallait d’une part un hyperviseur qui ne soit pas obscur, d’où le choix de KVM. Et d’autre part, il fallait trouver un partenaire qui puisse nous accompagner sur KVM. Huawei nous a paru le plus évident », explique-t-il.

Huawei, un fournisseur qui se démarque par son support

Huawei est loin d’être la seule entité commerciale à supporter KVM. Les éditeurs Red Hat et Suse, spécialistes de Linux, le connaissent a priori aussi bien. Mais Huawei a un avantage : il accompagne Hosteur depuis seize ans et son soutien n’a manifestement jamais failli.

« Nous sommes clients de longue date de leurs baies de stockage OceanStor Dorado (mode bloc) et Pacific (mode NAS et objet). Le matériel a toujours répondu à nos exigences, il est solide et il me semble d’ailleurs que nous n’avons jamais changé de disques à cause d’une panne », raconte Florent Gentric, en précisant qu’Hosteur dispose d’une quinzaine de baies de stockage Huawei réparties sur deux sites, soit l’équivalent de 1,5 Po de capacité.

« Mais surtout, Huawei se démarque selon moi des autres fournisseurs par la qualité de son support. Il y a quelque chose d’important à comprendre : nous vendons à nos clients de la capacité de stockage, peu importe le matériel qui existe derrière. Ce qui les intéresse est que notre stockage soit fiable, performant et au bon prix. Les gens de Huawei se sont toujours mis en quatre pour nous aider à proposer des solutions innovantes, alors que nos autres fournisseurs d’infrastructure, en réseau, en serveurs, nous ont déjà dit qu’ils ne pouvaient pas nous aider parce que nous n’avions pas acheté tel module ou tel produit. »

« Nous avons eu accès à une solution clés en main, grâce à laquelle nous exploitons, pour Kubernetes, les mêmes baies de SSD Dorado que nous continuons à utiliser pour VMware. »
Florent GentricHosteur

« Par exemple, nous avons été parmi les premiers à proposer du stockage objet hébergé en France, il y a sept ans. La solution la plus connue pour le faire à l’époque était le système MinIO. Mais il demandait beaucoup d’efforts de développement pour cadrer avec notre offre. Huawei, qui proposait déjà du stockage objet en Chine, a écouté nos besoins, a mis à notre disposition des gens pour nous aider à concrétiser notre projet et a permis à nos ingénieurs de se connecter à des baies à Shanghai pour faire nos tests. »

« Avec les mêmes niveaux de service, avec la même facilité de gérer plusieurs clients sur la même baie. »
Florent GentricHosteur

« Grâce à eux nous avons pu réaliser des projets incroyables. Par exemple, pour la solution de cartographie d’un client, il nous fallait pouvoir stocker 60 millions de fichiers, c’est-à-dire une quantité si importante qu’elle nécessite du stockage objet, mais un accès qui ne fonctionne qu’en mode objet. Grâce à Huawei, nous avons pu proposer à ce client un stockage objet qui partage ses contenus en NFS, qui plus est avec des performances exceptionnelles », se souvient Florent Gentric.

Il évoque aussi la nécessité d’héberger les applications de ses clients au format container, sous Kubernetes. « Nous avions aussi lancé cette idée il y a plusieurs années. À l’époque, le pilote CSI de Huawei [qui permet à Kubernetes de gérer des baies de stockage, N.D.R.] n’était qu’un logiciel obscur en téléchargement sur leur GitHub. L’équipe locale nous a fait rencontrer son développeur en Allemagne. Aucun autre fournisseur ne nous aurait proposé cela ! »

« Et, rapidement, nous avons eu accès à une solution clés en main, grâce à laquelle nous exploitons, pour Kubernetes, les mêmes baies de SSD Dorado que nous continuons à utiliser pour VMware.  Avec les mêmes niveaux de service, avec la même facilité de gérer plusieurs clients sur la même baie », se réjouit-il.

DCS ou Proxmox selon la criticité des actifs hébergés

DCS n’est pas qu’un KVM Open source avec du support commercial. Florent Gentric y a aussi trouvé des fonctions de haut niveau qui s’accordent avec les métiers d’Hosteur. « Il en va ainsi de la couche de pilotage eDME, équivalente chez Huawei à vCloud Director de VMware. Elle est calquée sur les fonctions que Huawei propose dans son cloud public. Il y a donc une philosophie dans la conception qui est très proche de notre métier et qui nous inspire même pour proposer à nos clients des fonctions de contrôle plus fines que ce que nous proposons actuellement sur VMware », précise-t-il.

Hosteur a commencé à migrer certains de ses services de VMware à DCS en juin dernier, via l’outil MigrationDirector de Huawei. « Ils nous ont accompagnés sur la première migration et nous ont formés sur eDME, de sorte que nous soyons ensuite autonomes. À date, nous n’avons migré que 20 % de nos VM, essentiellement nos propres applications, car nous passons du temps à préparer un plan de migration pour les VM de nos clients », indique notre interlocuteur.

« Les applications des entreprises ont vocation à être exécutées par DCS. Le reste fonctionnera au-dessus de Proxmox. Dans les deux cas, il pourra y avoir du Kubernetes sur des VM. »
Florent GentricHosteur

Il précise qu’aucun de ses clients n’a à ce jour refusé la migration vers DCS, parce que ce sont des couches fonctionnelles assez basses. Florent Gentric dit aussi que VMware n’a pas cherché à retenir Hosteur : « apparemment, nous ne sommes pas assez gros pour qu’ils s’y intéressent. »

Hosteur a deux typologies de clients. Il dénombre environ 4000 particuliers et TPE pour qui il héberge juste des sites web, l’activité qui l’a fait démarrer il y a 22 ans. Et environ 200 entreprises qui ont besoin de service pour leurs applications. Parmi ces entreprises, se trouvent notamment des entités médicales, car Hosteur est aujourd’hui certifié Hébergeur de Données de Santé.

« Les applications des entreprises ont vocation à être exécutées par DCS. Le reste fonctionnera au-dessus de Proxmox. Dans les deux cas, il pourra y avoir du Kubernetes sur des VM », décrit Florent Gentric. Il prévoit que 80 % de l’infrastructure de Hosteur fonctionne à terme sous DCS et 20 % sous Proxmox.

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