Sauvegarde : un premier bilan enthousiaste après la fusion de Cohesity et Veritas
Cohesity se félicite d’être passé de 4500 clients à près de 14.000 et d’une activité bien plus internationale qu’auparavant. En attendant d’homogénéiser NetBackup avec le reste de son offre, l’éditeur poursuit le développement de ses produits au rythme de l’IA.
Annoncée voici un peu plus d’un an et finalisée au mois de décembre 2024, le rachat d’une partie de Veritas par Cohesity pour un montant de 3 milliards de dollars est maintenant une réalité opérationnelle. Pour l’année 2025, l’objectif est de réaliser 2 milliards de dollars de chiffre d’affaires. Sanjay Poonen (en photo en haut de cet article), ancien de SAP et VMware, dirige l’entreprise depuis août 2022 et peut savourer sa revanche face à son rival de toujours (Rubrik) qui avait réussi son entrée en bourse alors que Cohesity avait dû différer la sienne.
« Nous avons désormais près de 14 000 clients dans le monde, dont 85 % du Fortune 100, et nous protégeons plus de 100 exaoctets de données », s’est-il félicité à l’occasion d’un événement IT Press Tour organisé en ce début d’été dans la Silicon Valley et auquel il a tenu à participer, pour partager avec la presse les suites de sa stratégie. Avant la fusion, Cohesity ne comptait que 4 500 clients.
Une entrée en bourse toujours envisagée
Interrogé sur le report de l’introduction de Cohesity en bourse, M. Poonen s’exprime sans langue de bois : « Nous étions en croissance, mais pas rentables. Plutôt que d’introduire Cohesity en bourse en étant le numéro sept du marché, nous avons différé cette opération jusqu’à en devenir le numéro un, avec une base de clients beaucoup plus large, notamment à l’international, en étant trois fois grand, plus rentable et toujours en croissance ».
« Cela a été fait grâce au rachat. Il faut que le marché observe notre performance sur quatre à six trimestres. Nous sommes optimistes. Certains de nos concurrents cotés en bourse sont performants. Nous devrions afficher au moins la même progression. Nous attendons donc juste le bon moment. »
« L’expérience utilisateur de NetBackup va être considérablement optimisée, avec un démarrage et des mises à jour simplifiées et l’ajout des connecteurs qui n’existent que sur nos solutions historiques. »
Sanjay PoonenCEO & President, Cohesity
Le bon moment sera sans doute quand Cohesity aura définitivement intégré Veritas NetBackup au reste de son catalogue, pour rendre l’ensemble de son offre plus homogène. C’est-à-dire d’ici à l’année 2027.
« L’expérience utilisateur de NetBackup va être considérablement optimisée, avec un démarrage et des mises à jour simplifiées et l’ajout des connecteurs qui n’existent que sur nos solutions historiques. NetBackup n’a pas besoin de plus de fonctionnalités. C’est déjà l’outil de sauvegarde le plus complet au monde, avec un savoir-faire forgé sur 30 à 40 ans », précise M. Poonen.
Les connecteurs sont ses modules logiciels qui permettent à un logiciel de sauvegarde de se brancher sur des applications afin de récupérer leurs données selon leurs règles de fonctionnement. NetBackup en a déjà environ 1 100 et l’offre historique de Cohesity 400 de plus. Ces derniers sont essentiellement des connecteurs pour les services en ligne des hyperscalers.
NetBackup devrait aussi bénéficier de la même interface graphique Helios qui sert déjà à piloter les autres produits de Cohesity. Autrement plus moderne que celle de NetBackup, elle devrait permettre de gommer le seul défaut que les clients reprochent à ce logiciel : sa console d’un autre âge.
Une restauration des données intelligente et une connexion à l’IA
Parmi les outils présentés récemment figure le Cohesity Recovery Agent, un outil de restauration des données piloté par l’IA.
« L’IA devient indispensable, car les données sont de plus en plus complexes. Notamment parce qu’elles se trouvent à trois endroits : dans le datacenter, dans le cloud et sur le terrain, éventuellement sous la forme d’objets connectés. La complexité réside aussi dans la multiplication des risques de cybersécurité, tous de nature très différente », argumente M. Poonen.
Selon Cohesity, 20 attaques par rançongiciel se produisent chaque seconde dans le monde. Il faudrait près de neuf mois pour identifier et se remettre d’une brèche de données. En plus de rendre les entreprises plus résilientes sans qu’elles aient trop d’efforts à fournir, Cohesity Recovery Agent dresse des rapports d’activité qui serviront à fournir des preuves de la résilience, comme l’exige désormais la réglementation DORA.
Gaia, l’assistant de découverte des connaissances de l’entreprise, arrive quant à lui dans une nouvelle version spécialement adaptée à la préparation en amont des données en vue de leur exploitation par une IA. L’outil consiste à chercher des données exploitables dans les sauvegardes. Y compris – et c’est nouveau – les sauvegardes effectuées sur site, et plus seulement celles archivées en cloud.
Cohesity constate en effet que de plus en plus d’entreprises préfèrent conserver leurs données critiques et précieuses sur site afin de répondre aux exigences de sécurité, de conformité et de performance. Gaia leur permet cela dit d’utiliser ces données avec des IA également déployées sur site ou exécutées depuis le cloud.
Gaia s’interface avec une IA via les modules NIM de la plateforme logicielle AI Enterprise de Nvidia. Les IA compatibles sont donc celles qui se basent sur des GPU Nvidia, que ce soit sur des serveurs locaux ou dans le cloud. Les modules NIM sont des briques de Lego qui permettent aux entreprises d’assembler leurs propres IA génératives à partir de fonctions et de LLM prêts à l’emploi. Parmi ces modules, on trouve NeMo Retriever qui sert à faire du RAG, c’est-à-dire injecter des données privées dans une IA pour enrichir ses réponses.
Dans les scénarios de déploiement sur site, Gaia sera livré avec les configurations serveurs AI Pod de Cisco et Private Cloud AI de HPE. Il s’agit infrastructures d’IA prêtes à l’emploi, plus ou moins élaborées en partenariat avec Nvidia, et qui intègrent dans une même baie rack le calcul, le stockage et le réseau.
Un éditeur plus international qu’auparavant
Au niveau commercial, l’acquisition a modifié la répartition géographique de la clientèle. À l’origine, et comme beaucoup de ses concurrents, Cohesity réalisait plus de 75 % de son chiffre d’affaires sur le territoire nord-américain. Après l’acquisition de Veritas, cette portion est descendue à 50 %, puisque Veritas réalisait plus de 65 % de son chiffre d’affaires à l’international.
Désormais 63 % des effectifs sont basés à l’international, principalement en Inde, à Singapour, au Royaume-Uni et en Irlande. Cohesity affirme que ce changement d’échelle n’est pas un problème.
« Nous vendons aujourd’hui nos produits dans 138 pays, sur 17 fuseaux horaires, avec plus de 100 devises différentes. Nos équipes de vente directe et notre réseau de distribution mature nous permettent de gérer cette complexité, ainsi que les défis linguistiques et culturels que cela implique », indique Mark Lutt, directeur de l’activité internationale.