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Nvidia : l’étrange investissement de 100 milliards à la faveur d’OpenAI

Cet investissement doit permettre à OpenAI de déployer des millions de GPU nécessaires au fonctionnement de son IA GPT. Ce déploiement se fera dans des datacenters avec lesquels Nvidia passe aussi des accords, au bénéfice de son action en bourse.

Nvidia va offrir à OpenAI l’équivalent de 100 milliards de dollars sous la forme de bons d’achat pour ses produits, dès la sortie de sa prochaine génération d’infrastructure, Vera Rubin, vers la mi-2026. Ces 100 milliards devraient permettre à OpenAI de déployer à prix réduit « des millions » de GPU pour entraîner et exécuter ses IA génératives GPT. Ces GPU et les serveurs Nvidia qui les entourent seront a priori installés dans les datacenters Stargate qu’OpenAI se fait construire par Oracle aux USA et par Nscale en Europe.

Selon la lettre commune qu’ils ont publiée, Nvidia et OpenAI estiment que ces millions de GPU représenteront au moins 10 Gigawatts de puissance électrique.

Une estimation de 5 millions de GPU déployés

Les GPU haut de gamme de Nvidia coûtant généralement 40 000 dollars l’unité lors de leur première année de commercialisation, ces 100 milliards pourraient correspondre, par exemple, à un rabais de 50% sur 5 millions de GPU Rubin qui consommeraient chacun 2 kW. Ou, sans doute, dans les 1,6 kW chacun, plus 400 watts pour la moitié du processeur Vera qui, dans les serveurs DGX de Nvidia, sert à piloter deux GPU.  

À l’heure actuelle, un GPU Blackwell en version B300 a une consommation d’environ 1,35 kW et le processeur Grace environ 700 W. Le module GB300 qui comprend un Grace et deux B300 totalise environ 3,4 kW. Un module Vera Rubin pourrait ainsi avoir, selon l’estimation du MagIT, une consommation d’environ 4 kW.

Si on suppose que le format des prochains serveurs DGX de Nvidia sera similaire aux modèles actuels, soit 36 modules de deux GPU par armoire rack, à raison de 17 serveurs comprenant deux modules, ces 5 millions de GPU représenteraient 69 445 armoires racks.

Aux USA, le datacenter Stargate qu’Oracle est en train de construire pour OpenAI doit contenir 27 778 racks de serveurs DGX pour un total de 2 millions de GPU. Ces GPU seront facturés à OpenAI par Oracle environ 90 milliards de dollars d’ici à 2029. L’estimation semble donc cohérente.

Montages financiers de Nvidia : une théorie

Elle semble d’autant plus cohérente qu’OpenAI a également signé, toujours aux USA, l’achat de GPU Nvidia chez l’hébergeur CoreWeave pour 4 milliards de dollars, toujours d’ici à 2029. Or, Nvidia a proposé à ce même CoreWeave de lui racheter pour 6,3 milliards de dollars l’utilisation d’une partie des GPU qu’il lui aura vendus d’ici à 2032.

Dans un montage financier un peu compliqué, Nvidia vend donc des GPU à des propriétaires de datacenters pour qu’ils puissent les commercialiser à OpenAI, celui-ci ayant besoin de faire fonctionner ses IA dans des datacenters remplis de GPU. Mais plutôt qu’acheter à 100% ces GPU aux exploitants de datacenters, OpenAI les achèterait à prix réduit auprès de Nvidia, puisque c’est lui qui les posséderait après les avoir rachetés aux datacenters.

Il est probable que Nvidia ne dépense en définitive rien du tout, mais consente uniquement des rabais aux uns et aux autres, via des aller-retour de facturations. Le gain de cette opération semble que, au final, datacenters et OpenAI n’achèteraient forcément que des équipements Nvidia, dans une situation où AMD a lancé des GPU concurrents, les Instinct MI355X, aussi performants, mais deux fois moins chers.

Dans le contexte où la Chine a récemment interdit l’importation de GPU et de serveurs Nvidia, soit une perte d’au moins 13% de chiffre d’affaires pour ce dernier, les différentes annonces d’investissements de Nvidia à la faveur d’OpenAI, de CoreWeave ou de Nscale (dont il vient d’entrer au capital moyennant 700 millions de dollars) sont vues comme un retournement de situation par les marchés financiers. Dans les minutes qui ont suivi la publication de la lettre conjointe de Nvidia et OpenAI, l’action de Nvidia a ainsi grimpé de 3,44% à la bourse de New York.

Reste à savoir si ces diverses annonces chiffrées en milliards de dollars posent le risque de l’éclatement à terme d’une bulle financière.

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