
Dassault Syst�mes
Dassault Systèmes poursuit sa cloudification dans un contexte difficile
L’éditeur français no 1 affiche une croissance modérée au troisième trimestre 2025 et revoit ses perspectives de croissance à la baisse. Mais il confirme la solidité de ses revenus récurrents, alors qu’il poursuit sa transformation vers le cloud et l’IA.
Ce n’est pas un chiffre d’affaires qui décolle à la vitesse d’un avion de chasse. Mais avec des revenus de 1,46 milliard €, en progression de 5 %, Dassault Systèmes affiche tout de même des performances respectables au Q3.
Si l’on regarde le verre à moitié vide, on pourra dire que 5 % sont une performance modérée. La faute, en grande partie, à des ventes de licences traditionnelles qui chutent (-13 %, à 189 millions d’euros).
Le poids du modèle récurrent dépasse 85 %
Mais si l’on regarde le verre à moitié plein, on trouvera de nombreux signes de solidité. Le cloud affiche une progression de 8 %. Et la part du chiffre d’affaires récurrent atteint désormais 86 % des 1,31 milliard € de chiffre d’affaires logiciel (plus trois points sur un an).
Cette évolution confirme la bascule structurelle du groupe vers l’abonnement et le modèle SaaS qui assure visibilité et stabilité à long terme.
« L’évolution de notre modèle économique vers la souscription s’accélère », se félicite Rouven Bergmann, directeur général adjoint finances.
Encore dans les bonnes nouvelles, la plateforme 3DEXPERIENCE continue d’être un pilier stratégique de Dassault Systèmes : son chiffre d’affaires bondit de 16 % sur le trimestre… et sa déclinaison cloud explose de +36 %.
Des performances sectorielles diverses
Le segment « Innovation industrielle », moteur historique du groupe, reste par ailleurs le principal relais de croissance avec une hausse de 9 % à 717 millions €, soutenu par les solutions CATIA, DELMIA et ENOVIA.
Le segment « Innovation pour les PME », lui, ne progresse que de 4 %. Il est porté par SOLIDWORKS, mais la transition de CENTRIC PLM vers le SaaS pèse sur la croissance.
Quant au segment « Sciences de la vie », domaine de MEDIDATA, il recule de -3 %, affecté par un ralentissement des nouveaux projets cliniques.
Un contexte difficile
Autre signe positif, la rentabilité de l’éditeur reste robuste : la marge opérationnelle atteint 30,1 %, en hausse de 0,5 point.
Le contexte reste cependant difficile. Malgré ces bons indicateurs, le groupe a ajusté sa prévision de croissance annuelle à 4-6 %, contre 6-8 % précédemment.
La croissance en Asie plafonne (+4 %), et plusieurs secteurs (gros clients traditionnels de ses logiciels) sont impactés par les contextes géopolitiques et économiques instables, comme le transport ou l’aéronautique. Les effets de change, avec la chute du dollar, jouent également sur cette révision.
Conséquence, le titre de la société décroche et perd 15 % à la bourse de Paris.
Mais Pascal Daloz, directeur général de Dassault Systèmes qui a succédé à l’emblématique Bernard Charlès en janvier 2024, n’entend pas changer de cap. Son horizon au long cours est une transition profonde vers un modèle de revenus récurrents et une « combinaison de données, de modélisation et de simulation avancée » pour « façonner l’avenir de l’IA industriel ».
Cap vers l’IA
Car en parallèle de sa transition vers le cloud, Dassault Systèmes veut plus que jamais s’imposer comme un acteur majeur de cette IA appliquée à l’industrie.
« L’IA n’est pas une simple extension : elle est intégrée au cœur de notre plateforme 3DEXPERIENCE », vante Pascal Daloz. Cette stratégie s’est par exemple traduite concrètement par le développement de Virtual Twin as a Service, d’assistants comme Companion ou de la Generative Experience.
L’objectif est de permettre aux entreprises de tester en environnement virtuel l’impact de chaque décision avant de passer à la production réelle.
« Nous menons la révolution de l’IA industrielle », martèle Pascal Daloz, évoquant déjà des « développements majeurs prévus en 2026 et 2027 ».
Bref, le groupe traverse une phase d’ajustement, mais son virage SaaS s’impose désormais comme le principal moteur de sa croissance future, avec demain l’IA. Contre vents et marées, quelles que soient les turbulences des marchés.