Philippe Ducellier

GCP Next 2016 : Google Cloud Platform à l’assaut des entreprises

En embauchant Diane Greene, la fondatrice de VMware en 1998 avec son mari, Google a décidé de mettre les bouchées doubles pour rattraper son déficit d’image auprès des entreprises. Car s’il est un leader du Cloud, son IaaS n’est toujours pas considéré comme une alternative aussi crédible que AWS, Azure ou IBM par les professionnels.

La société ne s’en est pas cachée, la semaine dernière, sur la scène de sa conférence annuelle « Next » qui s’est tenue à San Francisco. Le but des nouvelles fonctionnalités annoncées ont toutes été présentées sous cet angle : séduire les professionnels et les entreprises.

Diane Greene, Madame « Plus » de GCP pour séduire les entreprises

Au menu de Google Cloud Platform (GCP) cette année : plus de sécurité, de gestion des accès et de chiffrement, plus de réseau, plus de multi-cloud, le tout arrosé de Machine Learning et d’analytique, et saupoudré d’outils d’orchestration de conteneurs.

Pour Forrester, Google mettra certainement plusieurs années à rattraper son retard, mais sa volonté et son engagement seraient un signe encourageant. Selon Dave Bartoletti, Analyste Senior, ce rattrapage passera aussi par un développement de l’écosystème de partenaires et par une capacité à accompagner les entreprises dans la migration de leurs workloads vers le Cloud, « et pas simplement en y construisant de nouvelles choses ».

Diane Greene, qui a rejoint officiellement la partie opérationnelle de Google en novembre 2015 suite au rachat de sa start-up Bebop, a fait sa première apparition publique en tant que vice-présidente en charge de l'activité Cloud avec le même objectif. « Google peut répondre totalement aux besoins des entreprises – nous pouvons aider les organisations de toutes tailles, partout dans le monde », a-t-elle lancé.

Sans donner de chiffres précis, celle qui siège au conseil d'administration de Google depuis 2012, a fait savoir que les services de compute (GCE) et de stockage de son IaaS avaient connu « une énorme croissance ». Quant à Google Container Engine, son utilisation par les clients doublerait tous les 90 jours.

La sécurité, du Machine Learning et du Cloud hybride

Les intervenants au GCP Next 216 ont tous rappelé que Google avait massivement investi dans son Cloud (on parle de presque 10 milliards de dollars). Une stratégie industrielle qui se poursuit puisque deux nouveaux datacenters ont été annoncés pour cette année, et dix autres pour l’année prochaine.

Mais incontestablement, c’est la sécurité qui a le plus été mise en avant pour convaincre les clients professionnelles que GCP est une offre « entreprise ready ». On citera par exemple l’« audit logging » (des logs plus complets qui permettent de mieux répondre à certaines contraintes réglementaires, notamment dans la finance où l’utilisation des ressources IT doit se plier à des contraintes très strictes), l’arrivées de rôles pour la gestion des accès et des identités, ou encore la possibilité pour les clients de Google Compute Engine de gérer eux-mêmes leurs clés de chiffrement (une annoncé faite en juillet 2015 complétée aujourd’hui par une phase de beta-test pour le service de stockage).

D’autres annonces sont néanmoins aussi à retenir. Le Machine Learning donc, qui se renforce (et que Google voit non pas comme une offre pour rattraper la concurrence mais pour la dépasser). Un upgrade de BigQuery. Et dans une optique de Cloud hybride assez nouvelle pour Google, un VPN pour connecter des datacenters sur site à son Cloud public.

Encore un problème « d’assemblage »

Si plusieurs analystes et intégrateurs s’accordent à dire que techniquement GCP se rapproche d’AWS et que ses prix sont compétitifs, il reste un point noir sur lequel Google reste loin derrière : la capacité à assemble les services proposés les uns avec les autres. C’est en tout cas ce que pense Chris Clabaugh de Tectonic, un intégrateur pour GCP. « C’est comme vendre de très bonnes pièces et des morceaux de voitures, mais vous, ce que vous voulez, ce ne sont pas des bouts de voitures, c’est une voiture tout entière », résume-t-il de manière imagée. « Et ça franchement, aujourd’hui, c’est la plus grosse faiblesse de Google Cloud Platform ».

Quoi qu’il en soit, Google a profité de l’occasion pour dévoiler de nouveaux noms de clients. Après Spotify, Coca-Cola et Apple (pour iCloud) c’est Disney et Interactive Media qui sont officiellement devenus clients du Cloud du géant de la recherche sur Internet. Disney hébergerait ainsi 200 projets sur GCP.

Stackdriver, le multi-Cloud rendu possible (avec AWS)

Enfin, une des nouveautés qui a le plus intrigué – et qui est pourtant d’une logique implacable – est Google Stackdriver.

Actuellement en beta, ce service permet de gérer des workloads « hybrides », c’est-à-dire hébergés à la fois sur GCP et sur AWS. Stackdriver est le fruit du rachat en 2014 de la start-up du même nom, initialement spécialisée dans le Cloud d’Amazon. Depuis, l’offre s’est étoffée considérablement avec l’ajout de la gestion des logs, des alertes en fonction des ressources et une capacité d’analyse plus poussée des erreurs.

Pourquoi un tel outil ? « Tout simplement parce que quand vous êtes numéro 3 ou 4, vous n’avez pas d’autre choix que d’essayer de vous rapprocher de ceux qui sont déjà chez les numéro 1, Amazon », analyse sans détour Dave Bartoletti de Forrester. « Stackdriver est un bon moyen de faire cette jonction ».

Google n’a pas précisé si Stackdriver ciblera également le numéro 2 du marché, à savoir Microsoft Azure. Mais d’après les indiscrétions il est plus probable que l’outil permettent de se connecter à des technologies « sur site » telles que OpenStack ou… VMware.

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