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Spotify choisit le Cloud de Google pour ses services Big Data

Spotify a surpris les observateurs du marché en devenant l’un des clients à portée et notoriété internationale à opter pour le Cloud de Google. De quoi en finir avec cette image qui lui colle à la peau : celle de ne pas pouvoir concurrencer Amazon et Microsoft.

Google a marqué des points en signant un grand nom pour ses services Cloud. Et pour une entreprise souvent considérée comme agressive sur le terrain du prix, elle fait ici la différence sur ses services de haut niveau.

Spotify, le très populaire service de musique en streaming, envisage de migrer presque l’ensemble de ses workloads de back-office, hébergées en mode privé, vers la Google Cloud Platform. La société a d’abord envisagé de construire son propre datacenter, mais a finalement revu sa position pour des raisons de coûts et de compétences nécessaires au projet. Elle s’est tournée vers Google pour accroître ses capacités en matière de Big Data.

« Google est aussi le champion du monde lorsqu’il s’agit de pousser de flux de données mis à jour vers des utilisateurs. Spotify opte ainsi pour l’infrastructure parfaite », affirme Carl Brooks, analyse au sein du cabinet 451 Research.

Spotify dispose de dizaines de milliers de machines réparties dans 4 datacenters dans le monde. La société a commencé à travailler avec Google il y a 18 mois. L’objectif est d’avoir une grande partie de l’infrastructure installée sur la Google Cloud Platform d’ici les 18 prochains mois, explique Wouter de Bie, architecte Big Data chez Spotify. Un petit groupe d’utilisateurs a déjà accès aux services de la plateforme.

« La principale raison a été l’outillage proposé pour traiter les données et pour les data scientists », soutient-il. « Google est bien en avance lorsqu’il s’agit de traiter de grandes quantités de données. » 

BigQuery, le service de base de données analytique, a fait la différence, mais Spotify teste aussi d’autres outils Big Data de la marque : Dataflow, le service de traitement de données en streaming ou en batch, et BigTable, qui pourrait potentiellement remplacer Cassandra et les outils de gestion que cela demande.

« Pour moi, l’important est qu’il n’était pas question pour Google d’être moins chers qu’ AWS ou Azure, mais qu’il s’agissait de mettre en avant la valeur de ses services de données, et notamment BigQuery », commente Dave Bartoletti, analyste principal chez Forrester Research.

Au fur et à mesure que le marché du Cloud public gagne en maturité, les fournisseurs souhaitent chasser les préoccupations des entreprises en matière d’environnements multitenants et rassurer sur leurs capacités à soutenir des processus d’entreprise. Même si Google compte parmi ses clients des Coca-Cola ou encore Macy’s, il est souvent perçu comme n’ayant pas la même portée auprès des entreprises qu’AWS ou Microsoft – une image que Google tient à changer. Ce contrat avec Spotify suit aussi la signature d’un autre, avec Sports Authority qui a récemment annoncé utiliser le Cloud du Californien pour motoriser son site d’eCommerce.

Google doit encore attirer de grandes entreprises pour atteindre le niveau d’engagement des entreprises avec AWS. « L’accord avec Spotify raconte l’histoire d’un société qui mise tout sur le Cloud public », commente Dave Bartoletti.

En fait, Spotify est un client clé pour Amazon, qui a fait de la société une étude de cas de ses services. Spotify continuera d’ailleurs à utiliser  Amazon Simple Storage Service et CloudFront. Amazon n’a pas souhaité commenter l’information.

« Nous utilisons Amazon d’abord pour notre distribution de contenu et nous allons continuer », affirme Wouter de Bie. « Cela ne va pas changer mais nous n’avons pas tellement exploité le reste des services d’infrastructures. "

Cela signifie donc que le stockage et le traitement de l’audio sera maintenu sur AWS, mais la partie principale de l’infrastructure, dédiée aux metadata des playlists, aux recommandations et à la recherche dans les catalogues, migrera vers Google. « C’est sur cela que nous souhaitons mettre la priorité et c’est cela qui fait tourner Spotify », résume Wouter de Bie.

Certaines critiques, surprises qu’une société aussi connue signe avec le n°3 du marché du Cloud public, ont laissé entendre que Spotify avait bénéficié d’un régime de faveur de la part de Google. Les détails de l’accord n’ont pas été dévoilés, mais Nicholas Harteau, le vice-président ingénierie et infrastructure chez Spotify a confirmé au Wall Street Journal que le société avait «  négocié dur en matière de prix ».

Lorsque de grandes entreprises migrent vers des plateformes de Cloud public, ils reçoivent souvent des crédits ou des incitations financières qui vont au delà du prix standard. « Qui ne mettrait  pas la pression sur les prix ? Je pense que toutes les entreprises et les chefs d’entreprise devraient mettre une forte pression pour obtenir le meilleur prix », explique Wouter de Bie. « Cela n’était vraiment pas la raison première qui nous a poussés à choisir Google. »

Spotify doit encore réaliser des tests pour conserver son agilité et ce, avant la concurrence. Il participe ainsi aux programmes Early Access de Google et se considère comme un vrai test à grande échelle de ces services, explique-t-il. Sur le long terme, l’idée est d’utiliser la plateforme pour améliorer les services de Spotify dans leur ensemble – en ce sens, migrer vers Google tient davantage du partenariat que d’une simple relation client – fournisseur, ajoute-t-il.

Le prix était certes important, mais les services de Big Data de Google ont fait la différence chez ce client qui souhaite se distinguer avec l’analyse de données, souligne Dave Bartoletti. « Si Google garde la cadence avec des grands comptes, il fera taire les critiques qui prétendent qu’il n’est pas prêt pour les entreprises », ajoute l’analyste. « Nous verrons ce qui se passera cette année. »

Traduit par la rédaction

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