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Intel rend à McAfee sa liberté

Le fondeur vient d’annoncer la cession de 51 % des parts de l’éditeur au fond d’investissement TPG. De quoi lui redonner son indépendance.

Intel va céder une participation majoritaire dans McAfee au fond d’investissement TPG, dans le cadre d’une transaction valorisée à 4,2 Md$. Cette opération va permettre au fondeur de récupérer 3,1 Md$ en numéraire et de conserver 49 % de l’éditeur spécialiste de la sécurité informatique. Ce dernier doit retrouver son nom, perdu début 2014, et son indépendance.

Fin juin, le Financial Times, avait indiqué qu’Intel s’interrogeait sur la direction à prendre pour ses activités de sécurité, jusqu’à en envisager la vente. Le fondeur avait articulé celles-ci autour de McAfee, dont il a finalisé début 2011 un rachat annoncé à l’été précédent. A l’époque, de nombreux observateurs voyaient dans cette opération une tentative de rapprocher la sécurité logique du matériel. Et un an après l’annonce de cette acquisition, Intel semblait avancer dans cette direction, avec l’annonce de la technologie DeepSafe, à l’occasion de l’ouverture de sa grand messe développeurs. Celle-ci consiste en effet en une couche de sécurité s’interposant entre le matériel et le système d’exploitation, en profitant de la technologie VTx des puces d’Intel, avec la promesse de pouvoir surveiller la mémoire, les registres du processeur, ainsi que leur activité et celle d’autres composants matériels.

Pour compléter son offre de sécurité, Intel avait par la suite racheté Stonesoft, en mai 2013. Mais le vent a depuis tourné. Le fondeur a en effet cédé ce dernier à Raytheon-Websense, qui s’est mué au passage en Forcepoint mi-janvier. Intel le laissant manifestement faire ses emplettes dans ses gammes, Forcepoint en a profité pour racheter la technologie de pare-feu d’entreprise Sidewinder, arrivée chez le fondeur à l’occasion du rachat de McAfee : ce dernier l’avait acquise auprès de Secure Computing, une spin-off d’Honeywell, en 2008.

Fin avril, Intel a en outre annoncé une vaste restructuration, devant conduire à la suppression de 12 000 postes sur un total de 112 000, d’ici à la mi-2017. Le fondeur justifie cette opération par sa transformation en cours, d’un fabricant de puces pour PC en un spécialiste des processeurs pour le Cloud et l’Internet des objets.

Surtout, lassé des milliards de pertes générés par son activité mobile, Intel a annoncé début mai l’arrêt du développement de sa prochaine génération de puces mobiles. De quoi concéder sa défaite, sur ce terrain, face à ARM. Et justement, proposer des systèmes intégrant des fonctions de sécurité aurait pu donner à Intel des arguments pour pénétrer un marché des terminaux mobiles dominé alors par ARM. Une approche qui n’a manifestement pas fonctionné.

Dans cette perspective, la cession d’Intel Security apparaîtrait comme la conséquence logique du revirement stratégique annoncé il y a quelques mois. De son côté, TPG n’est pas étranger aux investissements dans le domaine de la cybersécurité. A l’été 2015, il était ainsi à la tête d’un tour de table qui a rapporté 100 M$ à Zscaler, spécialiste des passerelles Web sécurisées. Peu de temps après, il prenait celle d’un autre tour de table permettant à Tanium de lever quelques 120 M$.

Dans un communiqué, Brian Taylor, associé de TPG, ne dit pas autre chose : « nous avons identifié le secteur de la cybersécurité, qui a profité d’une forte progression en raison des volumes et de la sévérité croissants des cyberattaques, comme l’un des domaines les plus importants de la technologie ». Alors pour lui, McAfee, fort d’une « position de leader, d’une base installée loyale, et d’une technologie éprouvée », représente une opportunité d’investissement « d’ans une plateforme hautement stratégique ». 

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