Centreville TV rationalise son stockage sur une baie au lieu de six
CentreVille TV stockait initialement ses travaux sur des NAS de générations différentes très complexes à gérer, qui occupaient 27U. Le passage à une baie en mode bloc, mais équipée de disques durs, lui a permis de stocker la production, le Near-Line et l’archivage sur un seul équipement de 7U.
Installée dans le 15e arrondissement parisien, Centreville TV est une société de postproduction créée en 1982 qui travaille avec les plus grands diffuseurs de la télévision française, mais également avec des sociétés privées pour leurs besoins de communication institutionnelle en vidéo, ou encore avec les plateformes telles que Netflix ou Apple TV via une autre société du groupe, baptisée Video Digital Media. L’entreprise emploie une soixantaine de collaborateurs et dispose de 3 plateaux de tournage, de nombreuses salles de montage, d’étalonnage et de studios sons. Elle travaille également dans la réalité virtuelle.
Lorsque M. Berson arrive en tant que DSI dans l’entreprise, celle-ci a la volonté de rafraîchir une infrastructure informatique très vieillissante. « Technologiquement et financièrement, cela ne tenait plus la route », indique-t-il. Principalement, il s’agissait de serveurs Dell et de matériel Aruba pour la partie réseau.
M. Berson s’est attaché à refondre intégralement le système. Selon lui, l’un des principaux atouts de cette remise à zéro est d’éviter de faire cohabiter des solutions récentes avec d’autres historiques, qui demandent des efforts d’administration différents. « Nous n’avons pas eu besoin de supporter le legacy. Cela nous a permis de bâtir une solution de pointe. C’est un luxe que tout le monde ne peut se permettre. Donc, je considère que nous avons eu beaucoup de chance de trouver dans les solutions modernes de quoi remplacer l’existant. »
Il a commencé par la mise en place de câbles Ethernet Cat7 afin de pouvoir connecter les stations en 10 Gbit/s jusqu’aux cœurs de réseau, dans l’optique de pouvoir supporter la 4K et prochainement la 8K. La connexion au réseau Internet a également été intégralement changée.
Concernant la cybersécurité, il s’agit d’être conforme à une notation d’origine américaine baptisée Trust Partner Network (TPN). Actuellement, seul Canal+ est qualifié et Centreville TV va passer la certification au mois de juin prochain.
« Ces étapes nous permettent également de bien préparer la conformité à la norme NIS 2, sachant que l’un de nos principaux clients, France Télévisions, est directement concerné par la conformité NIS2. J’ajoute que nos réseaux sont séparés. Il y a, d’une part, le réseau utilisé pour la production et qui doit être totalement déconnecté d’Internet selon TPN. Et, d’autre part, un réseau permettant d’accéder à Internet. Nous savons que le risque zéro n’existe pas. Toutefois, nous avons mis en place les bonnes pratiques et nous sommes plutôt sereins pour passer les certifications au mois de juin prochain », précise M. Berson.
L’enjeu de moderniser un stockage critique
L’infrastructure de stockage a en revanche posé plus de complications. Pas moins de six NAS de différentes générations étaient initialement déployés et ils posaient déjà de lourds problèmes d’administration. Le problème, surtout, est que leur capacité était obsolète. « Avec l’arrivée de la 4K en diffusion, les tournages sont la plupart du temps tournés en 6 ou 8K afin de pouvoir zoomer l’image sans avoir recours à un deuxième cadreur. En conséquence, les rushs ont une taille gigantesque, laquelle nécessite donc des capacités de stockage importantes », précise M. Berson.
« Nous avions évalué plusieurs solutions pour limiter les coûts, notamment des bandes LTO […]. Cependant, nous voulions un stockage performant même dans ce cas. »
M. BersonDSI, Centreville TV
« Dans une société telle que Centreville, vous avez trois types de stockage. Le premier est le stockage de production, c’est-à-dire les sources des tournages. Ensuite se trouve ce qui est appelé NearLine qui est un stockage objet très sécurisé sur du RAID 6. Cette couche intermédiaire est utilisée en cas de défaillance du stockage de production, afin de pouvoir mettre en place une reprise d’activité (PRA). Enfin, figure l’archivage. Tout ceci garantit une redondance en cas de problème, en particulier grâce à la mise en service de deux gateways sur deux sites distincts », contextualise notre interlocuteur.
« Tout cela pour dire que nous avons besoin des performances des très grandes entreprises alors que nous ne sommes qu’une PME. Nous avions évalué plusieurs solutions pour limiter les coûts, notamment des bandes LTO pour un archivage peu cher. Cependant, nous voulions un stockage performant même dans ce cas. Donc le LTO n’était pas approprié. »
L’équipe de la DSI était dans une impasse jusqu’à ce qu’elle rencontre Seagate, à l’occasion du salon Satis. Comme le précise M. Berson, cette rencontre s’est déroulée en fin de trimestre. Or, tout le monde le sait dans ce secteur, les fins de trimestres sont propices aux bonnes affaires. Et c’est ce qu’il s’est passé.
2,5 Po sur une baie de stockage qui peut tout faire
Les discussions ont rapidement orienté Centreville TV sur la solution Exos Corvault. « Il s’agit d’une offre de stockage en mode blocs », précise Scherif Sidibé, responsable des ventes au sein de Seagate France & Espagne. « La solution se caractérise par un contrôleur haute disponibilité capable de monter jusqu’à 2,5 Po de capacité. Elle est donc destinée aux médias qui ont de très gros besoins de stockage, mais également aux datacenters. Elle intègre des disques mécaniques et non pas des SSD, car nous mettons l’accent sur le capacitif puisque la majorité des données seront principalement de l’archivage, soit du stockage froid. ».
Seagate revendique une disponibilité de 99,999 %. Le disque est également autoréparable. Le débit est de 12 Go/s en lecture et 10 Go/s en écriture. En clair, la solution couvrait tous les besoins de la vidéo, de la production jusqu’à l’archivage.
« Nous avons été séduits par les technologies ADAPT et ADR », poursuit M. Berson. « ADAPT est un système de protection des données permettant des reconstructions automatiques sans altérer la disponibilité. L’ADR est la capacité d’autoréparation, ce que Seagate nomme self-healing. »
« La solution est très dense. Elle n’occupe que 7U, contre 27U auparavant. »
M. BersonDSI, Centreville TV
L’entreprise va également sortir prochainement de nouveaux disques d’une capacité de 34 To tout particulièrement destinés à l’IA. Au cœur de cette évolution figure la technologie HAMR (enregistrement magnétique assisté par laser) dans la plateforme Mozaic 3+ qui propose une capacité de 30 To (10 plateaux de 3 To). À la fin de cette année devrait être dévoilé Mozaic 4+ pour étendre la capacité à 4 To par plateau, puis Mozaic5+ en 2027 avec 5 To par plateau.
« La solution est très dense. Elle n’occupe que 7U, contre 27U auparavant », se félicite M. Berson.
Une année de migration sans effort
La migration entre les NAS existants et le baie moderne s’est effectuée sans arrêt de la production. « Avec les différents plannings, nous savions que certains utilisateurs n’allaient pas travailler sur tel service ou tel élément de stockage, ce qui nous a parfois permis de basculer d’une infrastructure à l’autre en journée et pas seulement le soir ou le week-end », dit M. Berson.
« Précisons par ailleurs que seulement deux, voire trois personnes étaient en charge du projet de migration. »
M. BersonDSI, Centreville TV
Revers de la médaille, attendre les périodes chômées pour intervenir sur la modernisation de l’IT a rallongé le temps total de la migration, soit un an au final. « Précisons par ailleurs que seulement deux, voire trois personnes étaient en charge du projet de migration », ajoute-t-il.
À l’heure où nous écrivons ces lignes, Centreville TV stocke 1,6 Po sur sa baie Seagate. Cependant, cette taille devrait très rapidement évoluer. M. Berson indique que tous les Broadcasters travaillent désormais en 4K, ce qui accroît encore les besoins capacitifs. « Avec les métadonnées, ce que nous appelons le HDR et les nouveaux codecs, les fichiers de livraison vont avoir une taille multipliée par six. Fort heureusement, les technologies évoluent et le prix du stockage baisse. Nous sommes donc confiants quant aux investissements que nous devrons faire pour aller au-delà de la capacité de 2,5 Po d’origine sur notre baie Seagate. »
Parmi les prochains projets figure une utilisation beaucoup plus intensive de la réalité virtuelle, en particulier autour d’un programme pour les jeunes de 7 à 11 ans pour France Télévisions baptisé Mission Info. L’utilisation de logiciels comme Firefly d’Adobe ou de bibliothèques musicales est également en train de se généraliser. Centreville TV a également développé un chatbot sur ses propres données afin de simplifier les procédures et les workflows, tout particulièrement pour les intermittents qui viennent travailler dans les locaux de l’entreprise et n’ont pas forcément une connaissance étendue des processus mis en place.