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Europcar en route pour le data-driven

Europcar Mobility Group a engagé un programme de transformation par la donnée. La démarche passe par la modernisation du pilotage avec une harmonisation autour d’une nouvelle solution BI. Le Data Office et les métiers collaborent aussi sur la gouvernance, l’autonomisation et la GenAI.

Longtemps appelée Europcar, l’entreprise devient Europcar Mobility Group en 2018, une manière de souligner la diversification de ses activités. Historiquement loueur de véhicules en France et à l’international, l’acteur commercialise aussi des services de mobilité, par exemple sous la marque Ubeeqo dans le domaine de l’autopartage en B2B.

Réalisant environ 4 milliards d’euros de chiffre d’affaires et employant près de 10 000 collaborateurs, Europcar Mobility Group dispose d’une direction centrale de la donnée (en proximité de la DSI). Celle-ci développe et déploie notamment des solutions pour les filiales pays du groupe (mais pas les franchisés à ce jour).

Une plateforme Data migrée dans le cloud GCP

Placé depuis trois ans sous la responsabilité d’un chief data officer, le pôle Data couvre un large spectre de missions, dont la gestion de la plateforme grâce à une équipe Ops et engineering. Le Data Office est complété par des équipes « Insights » (BI, data visualisation) & Data Science, et depuis peu « gouvernance & transformation » dirigée par Wanda Saint-Paul.

« [La migration vers le cloud] est en cours. Elle s’effectue de manière un peu opportuniste en fonction des projets. »
Wanda Saint-PaulGroup Head of Data Transformation, Europcar Mobility Group

Group Head of Data Transformation d’Europcar Mobility Group, elle précise que la direction Data compte au total une cinquantaine de spécialistes, dont trois data scientists réunis au sein d’un petit lab pour le volet Data Science et intelligence artificielle.

Depuis trois ans, le CDO a entamé une démarche de transformation. Le chantier majeur depuis 2024 est celui de la modernisation de la plateforme Data et de ses briques. Dans ce cadre, Europcar opère une migration vers le cloud (GCP).

« Elle est en cours. Elle s’effectue de manière un peu opportuniste en fonction des projets », confie Wanda Saint-Paul. L’entreprise réalise en parallèle une autre migration sur la partie décisionnelle via le passage d’un BusinessObjects « old school » vers la solution Qlik.

La transition est réalisée progressivement en s’alignant « sur les focus de l’entreprise », dont la gestion de flotte, la préoccupation majeure depuis le Covid. Le Data Office, accompagné au démarrage par le consultant Jean-François Deldon du cabinet Yakadata, s’efforce ainsi de « donner les bons moyens de pilotage aux équipes flotte, pour leur permettre de travailler efficacement. »

Fédérer et harmoniser pratiques et données

Mais la migration sur Qlik est également l’opportunité d’une harmonisation à l’échelon groupe des outils de reporting. Sur BO, les filiales avaient, par exemple, pris l’habitude de créer leurs propres rapports et modes de calcul des indicateurs clés.

Le projet technique est par conséquent aussi une occasion de revoir les pratiques. Harmoniser donc, mais aussi donner de l’autonomie (à la carte) aux utilisateurs métiers – dans un cadre défini pour prévenir ou maîtriser la résurgence du « Shadow Data ».

Une telle autonomisation serait essentielle pour installer des « réflexes Data », comme des habitudes de consommation des données pour piloter l’activité. Harmoniser tout en autonomisant nécessite cependant d’avancer en même temps sur la gouvernance des données – avec par exemple la création de référentiels et avec l’adoption de règles de gestion communes pour le calcul de KPI.

Malgré les améliorations fonctionnelles de la brique décisionnelle, la conduite du changement reste incontournable. Des collaborateurs se montrent encore « réfractaires » du fait de l’évolution de leurs habitudes de travail.

Des Data Products arbitrés par un Data Council

Pour lever les obstacles et favoriser l’adoption, le Data Office conçoit des produits ciblés pour différentes populations, comme les agents en station. Pour eux, les produits BI développés sont généralement plus simples d’accès.

Sur ces développements, Europcar Mobility Group doit aussi suivre des priorités. « Nous sommes obligés de prioriser notre travail de migration dans Qlik. La roadmap est construite au travers d’un Data Council réalisé trimestriellement », précise Wanda Saint-Paul. Les décisions du Conseil sont arbitrées selon différents indicateurs (risques, revenu additionnel, économies de coûts, etc.).

Afin de détecter des besoins et de construire des tableaux de bord, l’entreprise a aussi testé deux approches distinctes : la co-construction IT-Business et un hackathon sur trois jours en juillet 2024.

Pour ce rendez-vous, le Data Office a sélectionné cinq équipes métiers. Dans le cadre d’une démarche agile qui s’appuie sur des sprints de deux heures, elles ont développé un MVP de dashboard (en étant aidés par des experts Data). Les bénéfices seraient doubles avec une montée en compétence rapide et une livraison de produits à valeur sur un délai très court.

Autre point important relevé par Wanda Saint-Paul : la participation de membres du Comex dans un jury. L’opportunité de démontrer la valeur de la solution décisionnelle facilite l’implication des dirigeants comme des utilisateurs.

Un hackaton en 2025 pour convaincre

Fort de cette première expérience, Europcar Mobility Group a organisé une seconde manifestation en décembre 2024 échelonné sur une semaine. Le principe de cette « Data Week » n’était pas de réaliser un nouveau concours, mais de présenter les initiatives les plus réussies auprès des différentes filiales pays.

« Cela fonctionne parfaitement. Nous avons plus d’ambitions sur 2025 avec un hackathon qui comportera des équipes dans plusieurs pays. », annonce la directrice de la transformation.

« Nous avons plus d’ambitions sur 2025 avec un hackathon qui comportera des équipes dans plusieurs pays. »
Wanda Saint-PaulGroup Head of Data Transformation, Europcar Mobility Group

Le hackathon vise à diffuser plus largement encore la culture Data et les usages, mais aussi à renforcer les deux communautés. La première regroupe les utilisateurs de Qlik (350 personnes). La seconde communauté se veut plus experte et composée d’analystes business. Elle intègre les consommateurs quotidiens de BI. Elle joue en outre le rôle « d’ambassadeurs au sein de leurs départements » de la démarche Data.

Les communautés sont animées à l’aide de l’outil collaboratif Workplace de Meta, d’un programme de formation dédié, de communications ciblées, de réunions et de partages d’expérience. Quant à l’onboarding sur Qlik il a été structuré au travers d’un « learning pass », un programme de formation organisé en niveaux.

Les analystes bénéficient pour leur part de réunions plus régulières, tous les 15 jours. Le département du revenu et du « capacity management » se montre d’ailleurs très impliqué dans cette communauté en raison de la place centrale qu’occupe la donnée dans ses opérations.

« Ils sont très moteurs […]. Ils agissent en autonomie, même si cette démarche a été rendue possible par les moyens fournis par le Data Office », souligne Wanda Saint-Paul.

Diffuser massivement et décommissionner BO

La priorité aujourd’hui va à la diffusion du pilotage par la donnée. Le but est que la BI soit activement utilisée dans l’ensemble des entités pays. À cette fin, il est prévu de nommer un champion par pays, et un relais local et décentralisé, selon Wanda Saint-Paul. Ces champions participeront aussi à l’adoption des Produits Data groupe.

En central, trois Squads ont été créées. Chacune dispose d’un Product Owner. Les squads sont dédiées à des métiers prioritaires : flotte & opérations, sales & marketing, et finance. Elles embarquent des compétences des trois pôles du Data Office (Ops, gouvernance, Insights).

Leur mission est de concevoir des applications pour le groupe. L’entreprise en compte une vingtaine à ce jour sur Qlik. En complément, des produits ont également été conçus sur Metabase, un outil open source exploité pour l’analyse de données à grande échelle, ainsi que sur la Data Science.

Sur 2025, Europcar prévoit de décommissionner BusinessObjects. L’arrêt des licences représente une économie de plusieurs centaines de milliers d’euros par an. Mais au-delà des coûts, la migration est surtout vue comme essentielle pour concrétiser la transformation. 

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