Oney Bank (BPCE, Mulliez) applique l’IA à l’observabilité
Dans le cadre d’une modernisation de son IT et d’une migration vers le cloud, Oney Bank a déployé l’intelligence artificielle en suivant une méthodologie bien établie. L’établissement financier regarde à présent vers les agents IA.
C’était il y a deux mois. Le monde de l’IA se retrouvait à Paris en grande pompe au Sommet pour l’action sur l’IA. Deux mois plus tard, « la poussière retombe », déclare Sophie Troistorff, DG d’Elastic France, éditeur spécialisé dans la recherche qui organisait une table ronde sur l’adoption et la transformation des promesses de l’intelligence artificielle en valeur réelle, avec Capgemini.
Les projets IA ne sont pas que des projets techniques
Si la « poussière retombe », une méthodologie semble en revanche émerger – ou a minima des bonnes pratiques – pour basculer des preuves de faisabilités (PoC) à la mise en production.
Ramzi Haddad, VP et responsable GenAI pour l’expérience client chez Capgemini, appelle en préambule à ne pas se focaliser sur la complexité algorithmique.
« Il faut prendre le sujet dans sa globalité, avec une expérience bout-en-bout », recommande-t-il, en incluant notamment la formation des collaborateurs et l’intégration dans les systèmes. « L’objectif métier » reste le point de départ de tout projet d’IA, acquiesce Sophie Troistorff.
Données, anticipation du passage à l’échelle et de ses implications opérationnelles, mesure des résultats complètent le quarté gagnant, estime-t-elle.
Également présent à la table ronde, Oney Bank (filiale de BPCE et du groupe Mulliez) coche globalement ces différentes cases.
Spécialiste du crédit à la consommation, la banque a été fondée en 1983. À l’image d’autres établissements financiers, elle avait un fort legacy historique, dont du mainframe. Oney Bank avait réalisé une première étape de migration en « lift & shift » dans le cloud public (sur Azure) ; 80 % du SI sont à présent dans le cloud.
La prochaine étape consistera à moderniser les applications en mode « cloud native ». C’est dans le cadre de cette migration cloud que l’entreprise a mis en œuvre un plan visant à accroître le taux de disponibilité de ses services. Julien Gaffet, directeur général adjoint de Oney, mais aussi patron de l’IT, précise que ce taux était de 99,5 %. Cela équivaut à une indisponibilité des systèmes de 4h30 à 5h par mois. « C’est trop. Nos clients nous l’ont dit ».
Cette situation était synonyme de pénalités ou de pertes de revenus. L’objectif a ainsi été fixé à 99,8 % d’ici fin 2025, ce qui signifie une diminution de la durée d’indisponibilité à 1h30 pour des services fonctionnant en 24x7. L’amélioration passait par la modernisation du SI et par des efforts dans le domaine de la supervision ou de l’observabilité.
C’est à ce cas d’usage qu’Oney Bank a appliqué la technologie d’APM (Application Performance Monitoring) d’Elastic. Pour monitorer ses 140 applications, l’entreprise avait auparavant recours à cinq outils distincts. Elle les a rationalisés et elle a unifié la donnée de log dans une même base.
Ambition IA agentique sur les opérations IT
« Cela nous permet de remonter en temps réel le moindre signe de faiblesse et ainsi d’aller plus vite sur le diagnostic, mais aussi d’anticiper certains incidents. »
Julien GaffetDirecteur général adjoint, Oney
Un agent logiciel (en fait plusieurs au niveau des différentes applications) analyse les logs et détecte des signaux faibles suggérant un dysfonctionnement. « Cela nous permet de remonter en temps réel le moindre signe de faiblesse et ainsi d’aller plus vite sur le diagnostic, mais aussi d’anticiper certains incidents », se réjouit Julien Gaffet.
Environ 130 collaborateurs IT ont été formés à l’utilisation de la solution – des Ops, mais aussi des responsables applicatifs.
Pour le dirigeant, la satisfaction des salariés (mesurée par NPS) a progressé depuis la mise en production il y a 6 mois. L’adhésion (qui a encouragé plus de volontariat sur les astreintes) s’explique via la richesse d’information fournie par le système d’alerting. Sur la base de ce projet de type IAOps, la direction d’Oney Bank se projette sur l’Agentic AI (IA agentique) – sans définir de calendrier.
« En combinant la documentation et un ensemble de données […], l’IA va nous permettre non plus d’augmenter, mais de résoudre le problème […] Cela signifiera des gains d’efficacité opérationnelle », entrevoit Julien Gaffet – qui exclut cependant une réduction d’effectifs IT.
Dans le cadre de sa collaboration avec le groupe BPCE sur l’IA, Oney Bank a été retenue comme pilote sur ce cas d’observabilité.