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Ryder Cup : le numérique au service d’une expérience « augmentée » pour les spectateurs

La grande compétition de golf entre l’Europe et les États-Unis, la Ryder Cup testera cette année de nouvelles technologies et sur les données pour améliorer l’expérience des passionnés de golfs, présents sur l’événement, tout en réduisant la charge de travail des équipes informatiques.

Comme tous les quatre ans, la Ryder Cup sera un match passionnant entre les golfeurs européens et américains. Mais cette année, elle sera aussi un immense terrain d’essai pour l’application dans le monde du sport de technologies parmi les plus récentes.

Dans les coulisses, l’événement phare qui aura lieu près de Rome au Marco Simone Golf and Country Club à la fin du mois, revêt donc une importance particulière pour l’European Tour Group, qui organise la Ryder Cup et dont l’objectif, compétition après compétition, est de transformer la perception du golf par les fans grâce au numérique.

« Nous investissons massivement, car la Ryder Cup, pour nous, est aussi une plateforme d’innovation », résume Michael Cole, directeur de la technologie (CTO) de l’organisation. « C’est un tremplin, un catalyseur qui alimente les projets pour les quatre prochaines années pour l’ensemble de l’European Tour Group [N.D.R. : qui organise également le DP World Tour] ».

Michael Cole connaît bien le numérique. Et il connaît aussi très bien le milieu du sport. Pendant 20 ans, il a fait carrière dans les télécoms, ce qui l’a amené à travailler sur de grands événements sportifs – comme les Jeux olympiques de Londres. Il y a six ans, fort de sa double casquette, il a rejoint l’European Tour Group.

L’expérience des Jeux de Londres au service de la Ryder Cup

Cette expérience des Jeux aura une influence majeure sur l’IT de cette Ryder Cup. « Pour la première fois, nous adoptons le modèle olympique, avec un centre d’opérations technologiques (un “Technology Operations Centre” ou TOC) », confirme Cole. « Au sein de ce TOC, il y aura des centres de sécurité (SOC) et pour le réseau (NOC) ».

« Nous tirons tous les enseignements de l’expérience que j’ai acquise en participant à de grands événements sportifs et nous les transposons dans le monde de la Ryder Cup ».

« La technologie est aujourd’hui à la base de tant de services qu’elle exige un niveau de support dont nous n’avions jamais eu autant besoin auparavant. »
Michael ColeDirecteur de la technologie, European Tour Group

Pour Cole, l’importance croissante de la technologie dans les événements golfiques et dans leurs promotions auprès du public oblige à passer à la vitesse supérieure. « La technologie est aujourd’hui à la base de tant de services qu’elle exige un niveau de support dont nous n’avions jamais eu autant besoin auparavant – c’est pour cela que nous avons besoin d’un TOC, d’un SOC et d’un NOC », justifie-t-il.

Ces centres seront installés à côté du parcours dans un bâtiment réaménagé.

L’équipe informatique de l’European Tour Group est par ailleurs guidée par cinq piliers : améliorer l’expérience des spectateurs, renforcer la connectivité et l’innovation, accroître l’utilisation des données, réduire la charge des équipes IT, et avoir l’infrastructure la plus durable possible.

Sous les greens, les ruines

Le plan est séduisant. Mais dans l’IT, comme en golf, il y a toujours des imprévus avec lesquels il faut composer.

Par exemple, le fait que le parcours, qui se trouve dans la ville de Guidonia Montecelio, à proximité de la ville éternelle de Rome, a été tracé au-dessus d’un sous-sol potentiellement riche en vestiges archéologiques. Problématique quand on veut tirer des fibres optiques sous le terrain. À Rome, il arrive que la rupture d’une conduite d’eau entraîne le bouclage de vastes zones lorsque des ruines ou des objets anciens sont découverts au cours des réparations.

Pour Cole il s’agissait donc d’une source de surprises à laquelle il fallait impérativement se préparer.

« Rome est imprégnée d’histoire et nous sommes effectivement tombés sur des ruines archéologiques dans le cadre des travaux que nous avons entrepris sur le parcours », confie-t-il. « C’est l’un des défis auxquels nous avons été confrontés », et auxquels il est encore confronté tant que tout n’est pas en place.

« Lorsqu’il y avait une probabilité de découvertes archéologiques sous certains points du parcours, nous avons dû être très prudents et très délicats. Nous avons rencontré des zones qui nécessitaient des recherches plus approfondies avant que nous puissions continuer ».

Une expérience améliorée sur le parcours grâce à la donnée et à l’analytique

Le premier pilier du projet IT de Cole va utiliser de nouvelles technologies pour améliorer l’expérience des spectateurs présents autour du terrain de golf.

Jusqu’ici, c’est à la télévision que de nombreuses visualisations (statistiques, modélisations, commentaires, etc.) permettaient aux spectateurs, depuis chez eux, de mieux se projeter dans la partie. À la Ryder Cup, la technologie permettra aux spectateurs sur place de vivre une expérience similaire, avec des données et la capacité à suivre l’intégralité de la compétition.

« La manière dont le golf est diffusé à la télévision est très bonne. Regarder du golf depuis son canapé est déjà une expérience formidable », estime Cole. « Nous voulons amener cela aux spectateurs qui se sont déplacés. Nous voulons leur offrir une expérience aussi bonne, sinon meilleure que s’ils regardaient la partie, assis dans leurs fauteuils […] Nous y arriverons en créant une forme d’immersion et d’interactivité », ajoute-t-il.

Dans le cadre de la Ryder Cup, chaque match entre un membre de chacune des deux équipes contribue au score global. Avoir une vue sur l’ensemble des 18 trous est donc essentiel pour que les spectateurs puissent suivre la compétition et comprendre l’importance de chaque opposition.

Pour Cole, cela revient à devoir couvrir 18 stades, alors qu’actuellement il n’est possible de se trouver que dans un seul d’entre eux à la fois. « Si un fan regarde le trou numéro 7 ou le numéro 11, nous voulons qu’il puisse suivre et regarder ce qui se passe en même temps sur les 17 autres trous », insiste-t-il.

Pour cela, 23 écrans géants – l’équivalent de 2 000 m² d’affichage LED, soit 25 % de plus que lors de la dernière Ryder Cup – seront installés sur le parcours.

Pour la première fois, ces écrans partageront des « commentaires » sur les coups joués, ainsi que sur les conséquences de ces coups pour l’ensemble de la compétition. Les spectateurs auront également accès à des informations via leurs mobiles et leurs tablettes.

Et, cette année, grâce à l’analyse des données et à l’analytique prédictive, ils auront des informations sur la probabilité de tel ou tel résultat (probabilités qu’un joueur ait le meilleur résultat sur un trou ou d’une équipe de gagner le match par exemple).

Le Wi-Fi partout sur les parcours

« Ce système fournira des alertes en amont sur d’éventuels problèmes techniques afin que nous puissions être proactifs. »
Michael ColeDirecteur de la technologie, European Tour Group

Le deuxième pilier du projet concerne l’infrastructure réseau, qui sera aussi la base de la géolocalisation. Pour la première fois dans l’Histoire du sport (selon le CTO), un grand événement utilisera le Wi-Fi 6e. Ce Wi-Fi sera destiné au public, aux médias et aux entreprises, ainsi qu’aux opérationnels, avec plus de 800 points d’accès déployés.

Une autre première est l’utilisation de l’internet des objets (IoT) pour permettre aux équipes IT de gérer de manière proactive l’infrastructure, répartie sur les 6 000 mètres du parcours principal, et de surveiller à distance la température, la puissance, l’humidité ou la corruption de toutes les unités.

« Ce système fournira des alertes en amont sur d’éventuels problèmes techniques afin que nous puissions être proactifs », se réjouit M. Cole. « Ce sera aussi une grande première ».

Réduire la charge de travail

Ce ne sont pas seulement les spectateurs qui bénéficieront des données. Les équipes IT, grâce au troisième pilier (« deliver intelligence ») pourront voir sur un tableau de bord unifié des informations provenant de sources multiples sur l’ensemble du parcours.

« Nous voulons que cette Ryder Cup soit la plus data-driven de tous les temps en mettant en place une visualisation qui inclura la plateforme IoT, l’infrastructure Wi-Fi et les données des spectateurs », confie Cole. « Cela nous permettra de prendre des décisions intelligentes, en temps réel et de voir tout ce qui se passe sur le plan opérationnel. »

Ce travail ne s’arrête pas là. Le quatrième pilier stratégique, « alléger la charge des équipes informatiques » surveille lui aussi de manière proactive les technologies déployées pour permettre aux équipes de se concentrer sur l’essentiel et les sujets les plus chauds. Ce pilier utilise une infrastructure « edge to cloud » avec le fournisseur HPE Aruba.

L’équipe IT de l’European Tour Group se compose d’une quarantaine de personnes. Un chiffre qui grimpe à une centaine lors de la Ryder Cup, sans compter les partenaires fournisseurs, les prestataires et les bénévoles.

Des fairways au green IT

Le dernier pilier consiste à s’appuyer sur une IT la plus durable possible.

Les points d’accès réseau seront par exemple alimentés par l’énergie solaire, l’infrastructure – présentée comme économe en énergie – se met en veille lorsqu’elle n’est pas utilisée. Et les technologies à usage unique ont été évitées dans la mesure du possible.

Un autre tableau de bord, spécifique sur la durabilité, surveillera les niveaux de consommation énergétique et l’empreinte carbone en temps réel. Ou comment passer, au bout des fairways, des greens au Green IT ?

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