Le crash du crédit grippe la belle mécanique de l'outsourcing

Touchés par la crise de liquidités, les prestataires revoient les conditions de financement des contrats d'infogérance. Et hésitent à perdre de l'argent sur la voire les premières années du contrat. Limitant l'effet d'aubaine pour les donneurs d'ordre. Les signatures de nouveaux contrats s'affichent en recul très net.

C'est un effet de bord inattendu que met en lumière une étude de Compass Management Consulting. Selon le cabinet, qui a analysé plus de 125 contrats d'outsourcing, l'asséchement du marché du crédit aura des effets négatifs sur l'externalisation. En effet, les prestataires avaient coutume de proposer des réductions significatives aux grands donneurs d'ordre sur la première année (ou les premières années) de contrat. Cette sorte de crédit était ensuite compensée par une augmentation du coût annuel de la prestation, qui pouvait alors dépasser de 30 % les sommes qu'aurait déboursées l'entreprise en effectuant les tâches en interne.

Couplé au rachat de certains actifs par le prestataire (comme le datacenter), ce rabais constituait un véritable effet d'aubaine pour la trésorerie des grands comptes. Mais, aujourd'hui, les prestataires ne sont plus prêts, ou sont incapables de financer ce type d'avantage, selon Compass. "De moins en moins de fournisseurs entrent sur des contrats qui sont déficitaires la première année", explique Andy Gallagher, directeur du conseil chez Compass à nos confrères d'Infoworld.

Fin d'année 2008 : l'attentisme des donneurs d'ordre

Selon l'étude, en 2007, 90 % des contrats suivaient ce modèle, où le prestataire perd de l'argent sur la première ou les premières années du contrat. Au cours de la seconde moitié de 2008, ce taux est tombé à 65 %, avec des SSII enclines à refléter année après année les coûts réels de la prestation.

nelsonhall

D'après les chiffres récents du cabinet NelsonHall sur les signatures de contrats d'outsourcing (infogérance et BPO) dans le monde en 2008, le quatrième trimestre a été particulièrement faible, avec un volume d'affaires près de trois fois inférieur à celui enregistré en 2007 (voir graphique ci-dessus). Un effondrement qui a particulièrement affecté l'Europe. Sur l'ensemble de l'année, les signatures de contrats d'infogérance (applications et infrastructure), en Europe, ont totalisé 16,2 milliards de dollars, une chute de 31 % sur un an. En France, sur l'année, le recul atteint même 34 %. Même si, à 700 millions de dollars, ce marché reste minuscule en terme de prises de commandes, comparé à d'autres sur le continent. Il est ainsi cinq fois plus petit qu'en Allemagne, et reste en dessous des niveaux affichés en Belgique ou en Suisse.

Outsourcing : le sauveur en France ?

NelsonHall prévoit que la crise financière ralentira les signatures de contrats en Europe au moins pendant tout le premier semestre 2009. La situation en France, marché atypique, sera particulièrement intéressante à suivre. Rappelons que le syndicat patronal Syntec Informatique, qui représente les SSII et éditeurs, compte sur l'outsourcing, pour compenser la faiblesse annoncée du conseil et de l'intégration de systèmes. L'organisation prévoit une croissance de 5 à 10 % sur ce marché en 2009.

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