Steria tente un copier/coller de la culture Xansa

Pas de crise en vue et, de toute façon, une société idéalement profilée pour faire face à un éventuel ralentissement. C’est en somme le message qu’a souhaité faire passer François Enaud, le Pdg de Steria ce 26 mars, lors de la publication des résultats annuels 2007 détaillés de la SSII.

Pas de crise en vue et, de toute façon, une société idéalement profilée pour faire face à un éventuel ralentissement. C’est en somme le message qu’a souhaité faire passer François Enaud, le Pdg de Steria ce 26 mars, lors de la publication des résultats annuels 2007 détaillés de la SSII. Et ce, malgré les révisions à la baisse des prévisions de croissance et les premiers signaux d'alerte venant d'autres SSII.

Si le chiffre d’affaires (1,4 milliard d’euros intégrant deux mois et demi d’activité de la SSII britannique Xansa rachetée en octobre), était déjà connu, Steria a cette fois dévoilé son résultat net. Celui-ci s’élève à 50 millions d’euros. Soit un peu moins qu’en 2006, du fait surtout des charges liées au rachat de Xansa. Et ce malgré une légère amélioration de la marge opérationnelle, qui ressort à 7,3 % (contre 7,1 % en 2006).

L’intégration de la SSII britannique dans Steria constituait le point le plus attendu de la présentation de François Enaud. Comme il se doit, celui-ci a évoqué l’opération comme se déroulant rapidement et sans accroc. « En Grande-Bretagne, les équipes sont mixtes depuis le premier janvier », a expliqué le Pdg, qui a également cité les ex-Xansa ayant accédé à des responsabilités au niveau du groupe (notamment aux ressources humaines ou à la communication). Selon Steria, le taux de démission a diminué de 13 % en octobre à 11 % en février en Grande-Bretagne.

Offshore : Steria met les bouchées doubles

Au-delà de l’intégration des deux sociétés outre-Manche, le succès de l’acquisition se mesurera surtout à la capacité de Steria à exploiter le modèle mis en place par sa cible, fortement basé sur l’offshore (avec plus de 5 000 des 9 000 ex salariés Xansa en Inde), dans les autres pays où la SSII française est fortement implantée. A commencer par la France ou l’Allemagne. Et ce, sans tarder. Car, comme le souligne François Enaud, « l’évolution des mentalités dans les entreprises françaises est impressionnante. Même les opérateurs télécoms, auparavant les plus réticents, sont aujourd’hui demandeurs. » Reste que, malgré des investissements importants sur ce sujet (680 millions pour l’achat de Xansa, une coentreprise au Maroc et l’ouverture d’un centre de service desk en Pologne), Steria arrive relativement tard sur le marché de l’offshore. « L’expérience nous montre qu’il faut des années pour maîtriser la transition entre le client et les équipes en offshore. Les points névralgiques de ce type de projets résident dans la transmission du savoir et de la connaissance et l’implication des équipes offshore dans les décisions importantes. Le défi principal de Steria consiste donc à faire sienne rapidement la compréhension qu’a Xansa de ce mode de fonctionnement plutôt qu’à chercher à imposer son modèle », écrit Dominique Raviart, analyste au sein du cabinet NelsonHall, dans une note rédigée en exclusivité pour les lecteurs du MagIT (télécharger le document en PDF en bas de cet article).

BPO : beaucoup d’espoirs, pas encore de signature

Pour François Enaud, les filiales française et allemande sont d’ores et déjà prêtes à travailler avec les centres offshore, tant dans l’applicatif que dans l’infrastructure. Toutefois, les outils et méthodes du groupe ne seront pas standardisés avant la fin de l’année, selon les prévisions de Steria. Ce qui déjà paraît bien optimiste. Selon François Enaud, les capacités offshore du groupe ont abouti à la signature d'une dizaine de contrats totalisant 2 000 jour.homme d’activité en Inde, essentiellement sur des affaires françaises et allemandes. « Nous avons été choisi pour notre capacité à monter en charge sur nos implantations indiennes », détaille le Pdg. Mais aucun ne concerne encore des prestations de BPO (l’externalisation de processus métier), un des points forts de l’offre Xansa et un des axes de développement identifiés par Steria.

Le groupe vise un volume de 60 000 jour.homme offshore sur les contrats de 2008 signés hors Grande-Bretagne. Steria prévoit d’ailleurs un doublement de ses effectifs en Inde d’ici à trois ans. « Notre modèle nous emmène vers 40 % de nos effectifs en Inde », explique un François Enaud, qui, voici seulement vingt quatre mois, minimisait encore l’importance de l’offshore.

La marge opérationnelle au dessus de 8 %

Ce changement radical de modèle passe aussi par un profond remaniement des priorités en France. Avec notamment l’arrêt de certaines activités jugées non stratégiques et la réduction de la sous-traitance, qui passent de 13,5 % de l'activité en 2006 à 6,7 % en 2007. Principal résultat de ce que Steria présente comme une mue en profondeur : une croissance 2007 atone en France (+ 1,3 %), un cru pourtant bon dans l’Hexagone pour les services. « Il y aura encore un effet de cette transformation sur le premier semestre, poursuit François Enaud. Sur l’ensemble de l’année, on reviendra à une croissance en ligne avec la moyenne du marché en France ».

Pour 2008, au niveau du groupe, Steria prévoit de dégager une marge opérationnelle de plus de 8 %. A condition que les conditions économiques se maintiennent. Ce qui, selon François Enaud, semble se dessiner au moins au premier semestre, comme en témoigne l’amélioration des prises de commandes. Si un ralentissement survenait (avec une croissance de la dépense IT ramenée autour de 3 %), Steria assure être capable de dépasser les 7,5 % de marge opérationnelle, du fait de ses positions dans le secteur public, de la part des activités récurrentes dans son CA et de son implantation offshore. Des gages destinés à rassurer les investisseurs qui, ces derniers mois, ont lourdement sanctionné le titre, obligeant la SSII à modifier le financement du rachat de Xansa. A 15 heures, l’action Steria perdait encore 1,8 %, à environ 19 euros (contre 45 environ début 2007).

A lire : l'analyse du rapprochement Steria-Xansa par notre partenaire, le cabinet NelsonHall

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