Blackberry continue de parier sur l’ouverture

S’ouvrir aux concurrents, mettre un terme à l’isolement. C’est manifestement la stratégie retenue pour Blackberry pour rebondir en ne laissant pas son écosystème se faire marginaliser dans les entreprises et chez les consommateurs. Mais en faisant cela, le Canadien prépare peut-être la scission de ses activités évoquées par le passé.

Blackberry vient de profiter de sa grand messe, qui se déroule actuellement à Orlando, en Floride, pour annoncer une petite révolution : son service de messagerie instantanée sécurisée (BBM) arrivera sur iOS et Android dans le courant de l’été. Dans un premier temps, l’offre sera limitée aux discussions - à deux ou plus -, ainsi qu’au partage de photos et de mémos vocaux, et à la participation à des groupes d’échange, les BBM Groups, capables d’accueillir jusqu’à 30 personnes.

D’ici la fin de l’année, Blackberry entend étendre les fonctionnalités de ses applications pour plates-formes concurrentes à la sienne avec le support des conversations vidéos et voix ainsi que celui des BBM Channels. Ceux-ci, également annoncés hier, peuvent être appréhendés comme une sorte de fil Tumblr que chacun pourra créer pour partager contenus et commentaires avec des tiers, sans limite de nombre.

Une annonce qui renvoit à l’approche «sociale» promue par Thorsten Heins, Pdg de l’entreprise, en novembre dernier. Dans un communiqué, Andrew Bocking, vice-président exécutif de Blackberry en charge du logiciel, explique que, pour le Canadien, «messagerie et collaboratif sont indissociables de l’expérience mobile et le temps est clairement venu pour BBM de devenir un service mobile multi-plateformes ».

Mais l’ouverture ne s’arrête pas là. Blackberry a également profité de sa grand messe pour annoncer la version 3.0 de son application de messagerie instantanée d’entreprise pour son système d’exploitation Blackberry 10. Et celle-ci joue aussi la carte de l’ouverture en s’interfaçant avec Lync 2010 et 2013 de Microsoft, avec Office Communications Server 2007 R2 et avec IBM Sametime 8.5 et 8.5.2. Le message est clair : les utilisateurs d’un smartphone BlackBerry de dernière génération, communiquant via le BES, ne sont pas isolés dans un énième silo technologique.

S’ouvrir pour survivre...

Cette stratégie d’ouverture n’est pas nouvelle. En mars dernier, Blackberry a notamment annoncé le lancement d’une solution de ségrégation des environnements professionnel et personnel sur terminaux mobiles iOS et Android. Une solution qui capitalise sur les développements réalisés par le Canadien avec Balance, dans son système d’exploitation Blackberry 10.

Plus tôt, en janvier, il s’agissait d’une version revisitée de son serveur d’entreprise, le fameux BES, permettant d’administrer les terminaux à sa marque, bien sûr, mais également des appareils iOS et Android. Et ce, dans une unique console Web. A la clé, gestion de la sécurité, mais également des applications. Cette annonce s’inscrivait dans la continuité du lancement de Blackberry Mobile Fusion, en avril 2012, une solution d’administration de parcs de terminaux mobiles hétérogènes.

... ou se scinder ?

Mais si l’ouverture de son offre logicielle à la concurrence peut apparaître comme une opération visant surtout à éviter l’isolement et à favoriser la survie du groupe, elle peut également être appréhendée comme un prélude à une éventuelle scission. En juin dernier, le Sunday Times évoquait cette option, soulignant que la réflexion portait sur une séparation des activités de fabrication de smartphones, d’une part, de celles liées à son réseau de messagerie en mode push et à ses activités logicielles, d'autre part.

Un plan qui aurait fait partie des options stratégiques envisagées par le groupe et évaluées à l’époque par les banques JP Morgan et RBC Capital à la demande Thorsten Heins. Fin janvier, la rumeur est revenue, portant cette fois-ci  sur une éventuelle cession de l’activité smartphones du Canadien à Lenovo tandis qu’IBM se serait intéressé à l’activité logiciels. Thorsten Heins lui-même n’avait pas exclu, alors, l’hypothèse d’une cession de l’activité smartphones.

La plateforme Blackberry 10 aujourd’hui lancée - Heins indiquait en janvier vouloir s’y consacrer en priorité -, l’accélération du Canadien en faveur de l’ouverture de ses plateformes logicielles et des services pourrait donc bien être interprétée comme une évolution vers une forme d’agnosticisme préalable essentiel à une éventuelle scission du groupe. (Photo BlackBerry)

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