DBaaS : Oracle sort la version transactionnelle d'Autonomous Database Cloud

Oracle a lancé une version de traitement des transactions de son Autonomous Database, sa Database as a Service (DBaaS) qui automatise la configuration et la gestion de la base.

Oracle vient de lancer la version transactionnelle de sa base « autonome » (Oracle Autonomous Transaction Processing, ou ATP). Elle fait suite à la version entrepôt de données lancée en mars (Autonomous Data Warehouse, ADW). L'arrivée de ATP permet à l'offre de bases autonomes d'Oracle - annoncées lors de l'OpenWorld 2017 - de gérer aussi bien les transactions que l'analytique s'est félicité le fondateur et CTO d'Oracle, Larry Ellison.

Le CTO a répété pour l'occasion l'atout numéro un de cette offre de DBaaS (Database as a Service) : en appliquant l'Intelligence Artificielle et le Machine Learning à l'administration du SGBD, elle élimine les configurations manuelles, l'application de patch ou le tuning, elle éliminerait les tâches sans réelle valeur ajoutée qui prennent du temps aux DBA.

Oracle Autonomous Database Cloud libère les DBA, affirme en substance Larry Ellison, qui évoque également des économies de main d'oeuvre et des augmentations de productivité.

« Il n'y a rien à apprendre, et il n'y a rien à faire », résume celui qui a renouvelé ses coups contre Amazon Web Services (AWS), leader du IaaS et du PaaS, en présentant en avant-première la version 19c de sa base phare qui motorisera l'Autonomous Database Cloud (actuellement sous la 18c)

Oracle toujours petit dans le cloud

Mais même si Larry Ellison se moque ouvertement d'AWS - qui utilise des bases Oracle ) et ne cache pas son scepticisme face à la décision de son concurrent de ne plus utiliser de produits Oracle d'ici 2020, c'est bien AWS qui mène la danse dans le cloud. Oracle arrive loin derrière, derrière Microsoft et même Google.

« Ne vous y trompez pas, c'est Oracle qui doit encore faire ses preuves dans le cloud » resitue Adam Ronthal du Gartner. « Oracle n'est pas en position de force. Et la gamme qu'offre actuellement Oracle sur son cloud n'est pas aussi large que ce que les utilisateurs peuvent trouver sur AWS, Microsoft Azure ou Google Cloud ».

Ceci étant, Oracle ATP comble une partie du retard de l'éditeur, au moins pour la partie de la gestion des données. ATP et ADW sont « des produits réellement conçus et architecturés pour le cloud, avec des promesses d'évolutivité, d'élasticité et une faible empreinte opérationnelle pour les utilisateurs ».

La base autonome d'Oracle n'est disponible que sur le cloud d'Oracle. Et l'éditeur tente le plus possible de faire venir ses clients et limitant ses services hors de son IaaS et de son PaaS. Par exemple, il n'offre aucun support technique pour Real Application Clusters déployé chez ses concurrents.

Plus violent, l'analyste note qu'une base Oracle coûte aujourd'hui plus cher sur AWS ou sur Azure suite à la hausse de prix brutale décidée l'année dernière par Oracle pour ces plateformes. « Oracle fait tout ce qu'il peut pour faire de son cloud l'endroit le plus attractif pour déployer ses bases de données ».

Aujourd'hui, Oracle est à un tournant. L'éditeur doit convaincre - et pas simplement contraindre - les clients de sa base à venir sur sa plateforme, avant, peut être, de recruter de nouveaux clients, analyse Adam Ronthal.

GAP

Le distributeur de mode Gap a témoigné lors de cette annonce. Client d'Oracle, la société étudie un plan pour transférer une plus grande partie de ses opérations de traitement de données vers le cloud de l'éditeur.

Par exemple, Gap travaille avec Oracle sur un prototype pour convertir et migrer un entrepôt de données Teradata (sur site) vers Oracle ADW, explique F.S. Nooruddin, l'architecte informatique en chef du distributeur.

« Cela serait la première pierre d'une consolidation de plusieurs datawarehouse dans ADW », prédit-il. Toujours selon F.S. Nooruddin, GAP étudie de près Oracle ATP.

Dans le cloud, Gap utilise déjà les applications Retail d'Oracle et le logiciel de gestion de la performance d'entreprise Hyperion. Au fur et à mesure que Gap généralise son utilisation du cloud, les technologies d'Autonomous Database Cloud pourraient contribuer à garantir que toutes les bases Oracle, depuis les environnements de test et de développement jusqu'aux systèmes en production, sont correctement patchés et sécurisés, ajoute le responsable IT.

Larry Ellison souligne également un avantage du cloud pour les activités saisonnières comme celle des distributeurs. Oracle ATP fait évoluer (à la hausse ou à la baisse) et automatiquement l'infrastructure sous-jacente du traitement des transactions en fonction des fluctuations des charges de travail. Le but est d'absorber les pics de demande - avec une infrastructure « gonflée » temporairement - sans avoir à payer pour les ressources de calcul, de réseau et de stockage dont ils n'ont pas besoin le reste du temps.

« Cela aussi nous intéresse », confirme Connie Santilli, vice-présidente des systèmes d'entreprise et de la stratégie d'entreprise de GAP.

Le traitement des transactions et la production de rapports augmentent considérablement pendant la période des Fêtes, ce qui est courant dans l'industrie du commerce de détail. Gap a donc dû construire sa propre architecture informatique sur site en se basant sur le pic de performance, mais avec beaucoup moins de flexibilité que ce qu'offre un cloud pour réduire ensuite la puissance et la taille des systèmes quand toutes les ressources ne sont plus nécessaires.

19c

Ciblant à nouveau AWS, Larry Ellison a promis qu'Oracle garantirait une réduction de 50 % des coûts d'infrastructure pour les utilisateurs venant d'Amazon qui migreront vers son Autonomous Database Cloud - un engagement qu'il avait fait pour la première fois à OpenWorld 2017.

Il a également rappelé que les clients d'Oracle pouvaient utiliser leurs licences sur site pour passer à Oracle ATP et ADW, évitant ainsi d'avoir à payer à nouveau pour le logiciel. Dans ce cas, les utilisateurs continueraient à payer leurs frais de support annuels, plus leur utilisation de l'infrastructure cloud (mais pas la licence DBaaS).

La couche de services ATP et ADW s'appuie sur les capacités d'automatisation qu'Oracle a développé avec Oracle Database 18c, qui a été lancée en février dans le cadre d'un nouveau plan de mise à jour annuelle de la base de données. Lors du lancement d'ATP, Larry Ellison a dévoilé quelques détails sur la prochaine version 19c et sur les capacités qu'elle ajoutera à Autonomous Database Cloud.

« En passant à la 19c, il n'y aura pas de régression de performance, tout ira plus vite ou - dans le pire des cas - à la même vitesse. Il n'y a plus besoin de tests de régression, ce qui est énorme, parce que le système le fera pour vous », promet le CTO.

La prochaine version de Autonomous Database Cloud permettra de choisir entre une option serverless ou de conserver un nombre fixe de serveur (Exadata) dans le cloud d'Oracle. La première option est la plus flexible et permettra de réduire, le cas échéant, la facture IaaS. Mais la deuxième conviendrait mieux aux industries réglementées.

« Les gens veulent du serverless. C'est le moins cher et c'est là où la plupart des clients se retrouvent », constate Larry Ellison, « Mais certains de nos plus gros clients nous disent : "Moi, je ne veux pas partager mes Exadata [...] Je ne veux personne près de chez moi. Je veux louer tout le quartier". Chez Oracle, nous vous donnons la possibilité d'avoir cette infrastructure dédiée - si vous êtes une banque ou un Telco par exemple - et tout ce que vous mettrez derrière une certaine limite physique vous appartiendra [...] Aucun autre fournisseur de cloud ne permet ce type de séparation et d'isolement d'infrastructure au sein de leur cloud public ». Une autre option sera de la déployer via une appliance Cloud@Customer.

La feuille de route officielle d'Oracle indique que la 19c sera disponible en janvier 2019, mais Larry Ellison a laissé entendre que la nouvelle version pourrait être disponible avant la fin de cette année. Pour l'OpenWorld 2018 ?

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