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Licenciements chez Oracle : le stockage Flash à son tour condamné

En marche vers le 100 % cloud, Oracle licencie à présent les équipes de Pillar, racheté il y a 8 ans. Les autres divisions stockage pourraient rapidement connaître le même sort.

L’actuelle campagne de licenciements chez Oracle vient de s’étendre à la division stockage Flash, dont les bureaux sont situés à Santa Clara (Californie) et Broomfield (Colorado). Cet événement a lieu dans un contexte où le fournisseur semble se détourner des solutions d’infrastructure sur site, pour se concentrer sur les technologies en cloud.

Selon les rapports publiés et divers médias sociaux, ces nouveaux licenciements concerneraient 300 à 400 personnes. Selon une source proche du dossier, certains employés clés de l’activité stockage demeureraient néanmoins en poste. Le commentaire officiel d’Oracle est le même que celui publié lors des précédentes annonces de licenciement :

« Au fur et à mesure de la croissance de notre activité cloud, nous équilibrerons continuellement nos ressources et restructurerons nos équipes de recherche et développement. Ceci afin d'avoir les bons profils pour fournir les meilleurs produits cloud à nos clients dans le monde entier. »

Selon notre source, ces licenciements ont été annoncés en fin de semaine dernière par Michael Workman, patron de la division stockage, lors d’une conférence téléphonique avec ses équipes.

Une division stockage Flash qui n’a jamais vraiment convaincu

Pour mémoire, la division stockage Flash d’Oracle est née du rachat de Pillar Data Systems en 2011. Larry Ellison, le fondateur et PDG d’Oracle, avait commencé par soutenir financièrement Pillar par l’intermédiaire de sa société de capital-risque Tako Ventures, puis Oracle avait implémenté sa technologie SAN I/O lorsque le marché du stockage en mode bloc devenait florissant.

L’équipe de Pillar avait ensuite mis au point la baie de stockage Oracle FS1 All-Flash au tout début de la migration des entreprises vers les disques SSD. La baie Oracle FS1 n’a cependant jamais connu le succès des autres solutions Flash chez Dell EMC, HPE, HDS, NetApp, ou encore Pure Storage, alors que ce dernier démarrait tout juste. Une version FS1-2 avait été lancée en 2014, sans plus de succès. Le produit a même disparu du catalogue européen en 2017.

« Ce n’était pas un mauvais produit. Il n’avait juste rien d’innovant », commente l’analyste Marc Staimer, patron du cabinet Dragon Slayer Consulting. Selon lui, cette baie aura surtout servi aux besoins internes d’Oracle, notamment pour bâtir ses offres de stockage en cloud.

Un sort similaire attend sans doute les autres divisions stockage

Le reste des équipements de stockage proposés par Oracle est issu du rachat de Sun Microsystems en 2010. Ce sont les machines Exadata, les appliances ZFS et les lecteurs de bande StorageTek. Parmi ces solutions, seules les ventes d’Exadata sont notables. Elles auraient atteint des niveaux records l’année dernière, notamment parce qu’elles accompagnent la vente des licences de bases de données, Oracle positionnant l’Exadata comme une option matérielle qui évite les goulets d’étranglement.

Néanmoins, Holger Mueller, analyste chez Constellation Research, pointe que ces machines sont trop peu évolutives pour faire d’Oracle un concurrent sérieux sur le marché du stockage. Pire, Eric Burgener, d’IDC, prédit que l’activité Exadata pourrait péricliter d’ici à deux ou trois ans, car les entreprises obtiennent désormais de meilleures performances sur les bases de données avec des serveurs directement équipés d’unités SSD NVMe à très faible latence.

« Je pense qu’Oracle s’oriente vers la vente de stockage sous la forme d’option en ligne pour ses applications SaaS. Larry Ellison a déjà dit qu’il voulait basculer vers une activité 100 % cloud. S’ils y arrivent, alors leurs marges seront bien plus importantes. En réalité, leur problème actuel n’est plus de vendre des baies de stockage. Il est de devoir continuer à fournir pendant un bon moment du support de maintenance pour toutes les solutions d’infrastructure qu’ils ont vendues sur site », conclut Eric Burgener. Il sous-entend qu’Oracle a tout intérêt à retirer le plus rapidement possible ses matériels de stockage de son catalogue.

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