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Gestion de documents : Adobe sort son DAM en mode SaaS

Adobe Experience Manager (AEM) était disponible sur site et en mode managé. Il l'est désormais en pur SaaS - tout comme Magento et Marketo - au sein du « troisième cloud » d'Adobe.

CXM. Adobe a dévoilé cette semaine son « Adobe Experience Manager as a Cloud Service », la version SaaS d’Adobe Experience Manager.

Jusqu'ici, Adobe proposait son DAM et son CMS en version sur site, en version hébergée/managée, mais pas de version clef en main, entièrement gérée.

« L’annonce d’aujourd’hui est une étape majeure [...] pour Adobe », souligne pour l'occasion Paul Robson, Président d’Adobe International, qui rappelle au passage l'importance de la cloudification - entamée avec son offre emblématique PhotoShop il y a plusieurs années - dans sa stratégie long terme.

Des temps de déploiement et d'administration accélérés, dixit Adobe

« [Adobe Experience Manager as a Cloud Service] est une offre très attractive pour des grandes et moyennes entreprises [...] qui ont besoin de plus de simplicité et de souplesse pour mettre en place leurs nouveaux modèles économiques. », avance Loni Stark, Senior Director of Strategy and Product Marketing chez Adobe.

Le fabricant de vêtements sportifs UnderArmour et le spécialiste des systèmes d'information géographique (SIG) Esri font parti des béta-testeurs d'AEM en SaaS. Quatre entreprises de la zone Europe du Sud, dont trois acteurs de taille « locale » ont également testé la solution - une dans les médias, deux dans la finance et une dans le transport - mais de manière confidentielle. Adobe n'en dira pas plus sur leurs noms ou sur leurs pays d'origine.

D'après le communiqué officiel d'Adobe, les premiers résultats de tous les béta-tester montreraient que le déploiement et la mise en production d'AEM passeraient à quelques semaines au lieu de plusieurs mois, « comme c’est généralement le cas aujourd’hui ».

Adobe revendique aussi pêle-mêle des délais de traitement des contenus 50 % plus rapide, des processus d’administration 40 % plus efficaces ou encore une hausse de plus de 20 % de la productivité des auteurs.

« Grâce aux mises-à-jour constantes et transparentes, plus besoin de déployer des projets de montée de version à grande échelle. Nous pensons que ce processus d'intégration continue est ultra avantageux [et qu'il] réduit les risques d’erreurs lors d’un nouveau déploiement », se félicite pour sa part Steve Schultz, Head of Marketing Technology chez Esri.

Le CMS et le DAM en mode SaaS

Reprécisons qu'Adobe Experience Manager est une brique d'Adobe Marketing Cloud qui est lui même une brique d'Adobe Experience Cloud - le « troisième cloud » d'Adobe qui regroupe entre autres ses deux grosses acquisitions  Marketo et Magento (lire ci-après).

Pour continuer dans les poupées russes d'Adobe, ajoutons qu'Adobe Experience Manager est lui-même composé de plusieurs applications : Adobe Experience Manager Site (un CMS), Adobe Experience Manager Assets (un DAM), Adobe Experience Manager Forms (pour les formulaires et les retours d'enquêtes),  Adobe Experience Manager Screen (pour gérer le « display »).

Concrètement, Adobe propose en SaaS son CMS et son DAM. L'éditeur parle également de « solutions de gestion de la communication client (CCM) » qui sont en fait les deux briques citées précédemment.

Cloud oblige, AEM en mode SaaS pourra bénéficier de fonctionnalités infusées à l'Intelligence Artificielle (Adobe Sensei), comme le tagging automatique des images et des vidéos ou l’adaptation automatisée du contenu aux différents canaux.

Le troisième cloud d'Adobe

La stratégie de « cloudification » d'Adobe s'appuie aujourd'hui sur trois piliers : Creative Cloud (Photoshop, InDesign, etc.), Document Cloud (Acrobat, Adobe Sign, etc.) et, donc, Experience Manager (alias AEM).

AEM a commencé à se constituer il y a dix ans - dans la continuité de Creative Cloud - pour diversifier Adobe dans la diffusion des contenus pour la relation client (le CX pour Customer Experience).

La première offre CXM (Customer Experience Management) de bout en bout a été lancée sous ce nom en 2017.

« Le CXM consiste à personnaliser l’expérience du client tout au long de son parcours », rappelait récemment Luc Damman, Directeur Général d’Adobe pour l’Europe de l’Ouest et du Sud. « Il s’agit de fournir le bon contenu, à la bonne personne, au bon moment sur le bon support – que ce soit en physique [N.D.R. : en magasin] ou en numérique ».

Adobe vise les 20 milliards $ et dépasse SAP en bourse

Ce « troisième cloud » – comme on pourrait le surnommer, même si jusqu'ici il n'est pas entièrement SaaS – a généré 2 milliards de dollars sur les 9 de CA d’Adobe en 2018 (22 %). Un an plus tard, il représente 3.5 Md $ (en croissance de + 75 %) sur un CA global de 11 Md $ (32 %).

Lors d'un point réalisé cette semaine, Luc Damman soulignait que le B2B représentait aujourd'hui 45 % du CA d'Adobe - dont la valorisation boursière a dépassé celle de SAP. Très ambitieux, l'éditeur s'est également fixé comme objectif à 3 ans de quasiment doubler ses revenus en atteignant la barre symbolique des 20 milliards $.

Adobe Experience Platfrome et Adobe Experience Platform

Sous le capot, Adobe est également ambitieux vu qu'il travaille actuellement sur un projet majeur de Datalake structuré - AEP pour Adobe Experience Platform - pour centraliser les données de chaque application d’Experience Cloud et celles venues de l’extérieur (Salesforce, etc.).

Dans la terminologie d'Adobe, un « Datalake structuré » est un dépôt qui peut recevoir des contenus non structurés (photos, vidéos, etc.), mais dont les métadonnées doivent être structurées pour les appeler dans des opérations en temps réel.

« Au fil du temps, tous nos produits vont reposer sur ce dépôt [N.D.R. : AEP] », expliquait récemment au MagIT Lionel Lemoine, responsable Solution Consulting pour l’Europe de l’Ouest et du Sud chez Adobe. « C’est la priorité de toutes nos lignes de produits », nous confiait-il.

Cette semaine, Lionel Lemoine a ajouté une précision importante au MagIT sur l'articulation entre AEP et « Adobe Experience Manager as a Cloud Service ».

Les deux - applications et datalake - reposent bien sur Azure (dans le datacenter d'Amsterdam pour la zone Europe). Mais les deux ne sont pas forcément liés.

Pour des aspects tels que la personnalisation, les DAM et CMS en mode SaaS peuvent en effet reposer sur cette couche AEP (qui n'est pas un PaaS - insiste bien Lionel Lemoine - dans le sens où il ne s'agit pas d'une plateforme de développement mais d'une plateforme de données). Mais ce n'est pas obligatoire.

Si une entreprise est cliente d'AEM et d'AEP, alors elle peut choisir de déverser ses données dans le datalake d'Adobe. Mais dans le cas où elle ne choisit pas AEP, alors AEM en mode SaaS repose sur l'infrastructure « classique » hébergée sur Azure (dont la base Cosmo DB).

Adobe Experience Manager as a Cloud Service est officiellement disponible depuis mi janvier.

Pour approfondir sur GED, signature électronique et partage de fichiers

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