Veeam commercialise enfin sa version 10

Après trois ans d’attente, la nouvelle génération de la solution de sauvegarde apporte un modèle de souscription, le support des NAS, une meilleure gestion des contenus et s’ouvre aux grands comptes.

Finalement, il aura fallu attendre trois ans pour voir arriver sur le marché la version 10 du logiciel de sauvegarde de Veeam, appelé Backup & Replication en version simple et Availability Suite lorsqu’il est livré avec l’outil d’analyse Veeam One. En mai dernier, l’éditeur annonçait les améliorations principales : la sauvegarde directe des NAS, la possibilité de rechercher des données sensibles dans les backups et de les manipuler, l’export de ces backups vers du stockage objet peu cher, ou encore la possibilité de restaurer des serveurs physiques sur site en machines virtuelles dans le cloud.

Pour l’éditeur, cette version 10 correspond à « l’acte 2 » de son offre. S’il a fallu l’attendre depuis fin 2016, c’est parce que, dit-il, cette étape était si importante commercialement, qu’il n’était pas question de lancer quoi que ce soit avant d’être totalement prêt.

Plus qu’une nouvelle version, un « acte 2 »

« Nous sommes reconnus comme le leader de la sauvegarde dans les entreprises de taille moyenne depuis trois-quatre ans. Désormais, nous voulons aussi être reconnus par les plus grandes entreprises comme le leader de la gestion des données en cloud » lance, au MagIT, Patrick Rohrbasser, qui dirige l’activité de Veeam sur la région EMEA-sud (dont la France fait partie).

Selon lui, au-delà de la mise au point des nouvelles caractéristiques techniques, l’éditeur a aussi dû préparer un nouveau modèle commercial, plus adapté aux nouvelles fonctions cloud et aux habitudes de consommation des grands groupes.

« Jusque-là, nous proposions d’acheter des licences universelles de nos logiciels selon le nombre de sockets dans les serveurs que nous sauvegardions. Désormais, nous proposons une souscription mensuelle au nombre d’instances sauvegardées. Ce qui signifie que vous n’avez plus à vous poser la question d’acheter de nouvelles licences à chaque fois que vous installez vos VMs sur un nouveau support. »

« Désormais, un serveur virtuel correspondra à une instance et que vous le créiez sur serveur VMware, que vous le migriez ensuite sur un cluster Nutanix et que vous le déplaciez ensuite sur un cloud, il s’agira toujours de la même instance pour laquelle vous payez chaque mois la même chose », explique-t-il.

D’après le barème que l’éditeur doit publier d’un instant à l’autre, une instance correspond en pratique soit à un serveur physique ou virtuel, soit à un segment de 250 Go sur un NAS, soit à trois postes de travail, également physiques ou virtuels. Il y aura cinq niveaux de prix : selon que l’on utilise le logiciel de base Backup & Replication ou la version étendue Availability Suite et selon si l’on opte pour un support « standard » ou « Entreprise », plus une souscription premier prix « Starter Pack » qui limite néanmoins le nombre d’instances sauvegardables.

De la sauvegarde NAS enfin granulaire 

Dans le détail, il était déjà possible de sauvegarder des NAS depuis Veeam, mais cela se faisait en passant par le protocole NDMP. Le défaut de cette méthode est qu’elle n’avait aucune granularité : si un utilisateur effaçait un fichier par erreur, il fallait restaurer tout le NAS pour le retrouver. Dans la version 10, la console donne cette fois-ci accès à toutes les options de restauration – par fichier, par dossier… – et, surtout, conserve un historique des sauvegardes pour, typiquement, récupérer une donnée à une date qui précède son éventuelle infection par un rançongiciel.

Cette compatibilité NAS s’accompagne de connecteurs pour des solutions en particulier : outre DataCore qui s’est d’ores et déjà réjoui de la prise en charge complète des volumes gérés par son SDS SANsymphony, Veeam 10 devrait savoir dialoguer directement avec des baies NetApp, Dell EMC Isilon et autres. Parmi les fonctions attendues de ces connecteurs, il y aurait notamment la possibilité d’utiliser tous les ports de ces baies de disques pour paralléliser les flux de sauvegarde et ainsi réduire la durée des fenêtres dévolues à cette tâche.

« L’un des usages intéressants de la compatibilité NAS que nous avons rencontrés chez les utilisateurs qui ont essayé les versions bêta de Veeam 10 est qu’ils s’en servent pour migrer le gros de leurs données d’un stockage à un autre », commente, au micro de nos confrères de TechTarget USA, Danny Allan, le directeur technique de Veeam.

A priori, les efforts portés sur le NAS devraient se décliner bientôt sur les bases de données. Selon les informations que LeMagIT a pu obtenir, MySQL, PostgreSQL, SAP Hana et autres Oracle DB vont aussi bientôt profiter, dans une mise à jour de la V10, de sauvegardes incrémentales et de restaurations granulaires.

Verrouiller les sauvegardes et réinjecter les VMs restaurées dans vSphere

Concernant le stockage objet, Veeam insiste sur une nouvelle fonction de verrou. « Le scénario typique est d’archiver trois copies d’une sauvegarde, d’en mettre régulièrement à jour deux – pour des questions de redondance – et de verrouiller la troisième en écriture. Ainsi même si un rançongiciel infecte tout le réseau d’une entreprise, il existe une copie des données qui demeura ad vitam aeternam intacte », décrit Patrick Rohrbasser.

Rappelons que, contre les rançongiciels, Veeam disposait déjà depuis la version 9 d’une fonction de bac à sable. Jusque-là, le scénario était de redéployer momentanément les sauvegardes dans un format étanche au reste du monde, juste le temps de leur enlever tout ce qui est dangereux, afin de ne restaurer en production que des données saines.

Cette fonction a aussi été améliorée avec une nouvelle API Data Integration qui, pour peu que l’on utilise l’option Veeam One, permet de passer les données à la moulinette d’un logiciel d’analyse tiers. Dans l’idée, il s’agit de pouvoir identifier aussi les informations personnelles incompatibles avec le RGPD. Et pour entrer tout à fait dans les impératifs réglementaires, signalons que Veeam One sait aussi à présent produire des rapports d’activité très complets, dans différents formats normés attendus par les autorités.

Parmi les 150 améliorations que Veeam prétend avoir apportées dans cette version 10, la restauration des machines virtuelles serait aussi plus rapide – LeMagIT n’a jamais réussi à savoir de combien – car Veeam peut à présent lui-même les réinjecter dans vSphere.

Officieusement, des rachats sont à prévoir pour compléter l’offre

En revanche, la version 10 est dépourvue de connecteurs pour sauvegarder des clusters Kubernetes. Elle n’a pas non plus, comme d’autres, de système d’intelligence artificielle qui fonctionne quelque part en cloud pour détecter toute seule qu’il y a un problème dans ses sauvegardes.  

« Ces fonctions arriveront. Pour tout vous dire, nous n’excluons pas de racheter des entreprises qui ont déjà développé ces technologies », dévoile Patrick Rohrbasser.

Et il se lance même dans d’autres confidences : « vous savez, il n’est pas possible de racheter une entreprise américaine, si vous n’êtes pas vous-même une entreprise américaine. À ce titre, il était capital pour notre acte 2 que nous ne le lancions qu’après avoir été rachetés par Insight Partners, ce qui est désormais le cas, depuis janvier dernier. »

Ainsi donc, la sortie sans cesse repoussée de cette version 10 s’expliquerait pour une raison finalement peu technique : il fallait attendre que l’entreprise passe sous pavillon américain.

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