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Ciel dégagé pour l'emploi des cadres du numérique

Tous les voyants sont au vert pour les informaticiens. Les perspectives de recrutements sont orientées à la hausse dans toutes les régions et dans tous les métiers. Seule ombre au tableau, beaucoup de postes restent non pourvus faute de candidats en nombre suffisant.

Dans son document Prévisions Apec 2020, l'Association pour l'emploi des cadres (Apec) souligne un nouveau record : en 2019, les entreprises ont recruté 281 300 cadres, dont 74 800 créations de postes. Entre 2018 et 2019, elles ont ainsi ajouté pas moins de 150 000 nouveaux postes de cadres à leurs effectifs. Et les perspectives pour 2020 sont tout aussi bonnes. Le nombre de recrutements devrait progresser de 5 % pour atteindre 296 600. La barre des 300 000 embauches annuelles serait franchie dès 2022. Toutefois, l'Apec n'exclut pas un ralentissement dû aux conséquences de crises comme, par exemple, l'épidémie de coronavirus ou les tensions commerciales entre la Chine et les Etats-Unis.

Sans surprise, avec 142 820 recrutements prévus en 2020, la région Ile de France totalise la moitié des embauches. Suivent Auvergne-Rhône-Alpes et les Hauts-de-France avec respectivement 32 190 et 18 970 recrutements.

Porté par le numérique

En ce qui concerne les secteurs d'activité, près de la moitié des embauches (45 %) de 2020 se font dans trois d'entre eux : informatique et télécommunications (62 880 postes), Ingénierie et R&D (40 700) et Juridique, comptable, conseil (30 580).

Dans son analyse par fonction, l'Apec affirme que les cadres informaticiens restent les plus courtisés par les entreprises. En 2020, ils représentent 23 % des embauches de cadres, soit 3 points de plus qu'en 2019. Il suffit de regarder les prévisions de recrutements des principaux éditeurs de logiciels, des ESN et des conseils en technologie qui chiffrent en milliers leurs plans d'embauches. Et si les cadres du numérique sont particulièrement recherchés par les acteurs informatiques, ils le sont aussi par les banques et les activités juridiques, comptables et de conseil.

Tensions persistantes

Ces chiffres montrent que la transformation numérique n'est plus seulement un projet mais qu'elle est désormais à l'ordre du jour des entreprises de tous les secteurs. Corollaire, des dizaines de milliers de postes ne sont pas pourvus faute de candidats correspondant aux profils et aux compétences recherchés. En 2018, le secrétaire d'Etat au Numérique Mounir Mahjoubi avait évalué à 80 000 le nombre de postes non pourvus dans le numérique.

« Depuis plusieurs années, le recrutement des cadres est en tension car on est au plein emploi. Ces tensions vont s'amplifier pour des raisons démographiques, mais aussi parce que les grandes entreprises ont délocalisé leurs activités de production et conservé en France les fonctions d'encadrement, d'ingénierie et de recherche. De plus, elles investissent dans leur R&D et dans leurs systèmes d'information. Elles ont donc besoin de recruter. C'est pour cela que les cadres, qui ne représentent que 18 à 20 % de la population active française, représentent la moitié des recrutements dans le pays », explique Marko Vujasinovic, CEO de CleverConnect, née de la fusion de MeteoJob et de Visiotalent.

Agir à tous les niveaux

Dans son étude de rémunération 2020, le cabinet de recrutement Robert Walters soulignait que, confiants dans le marché de l'emploi et dans le niveau d'activité, 74 % des cadres pensaient changer d'emploi au cours de l'année. Ajoutée à la pénurie de compétences dans le numérique, cette grande mobilité induit une surenchère salariale. Robert Walters précisait d'ailleurs que 3 cadres sur 4 attendaient une augmentation de leur rémunération en 2020 et que 1 sur 5 prétendait à une augmentation supérieure à 7 %.

Ces différents chiffres et indicateurs appellent à agir en amont, à multiplier les formations et les programmes de reconversion pour augmenter sensiblement les effectifs dans tous les métiers du numérique. De nombreuses initiatives visent à former au développement web ou à l'assistance technique des personnes sans emploi. Le dispositif de Préparation opérationnelle à l'emploi (POE), mis en place par Pôle Emploi, finance la formation de demandeurs d'emploi afin qu'ils acquièrent des compétences spécifiques pour occuper des postes dans des entreprises partenaires qui s'engagent à les embaucher à l'issue de leur formation.

Former, attirer, fidéliser…

CGI a ainsi créé, en 2017, sa propre “école” baptisée U'Dev. Dans 7 villes en France (Bordeaux, Clermont-Ferrand, Lille, Lyon, Nantes, Paris et Toulouse), des chômeurs, personnes en reconversion ou issues de quartiers prioritaires, de niveau Bac ou Bac+2 sont rémunérés pour suivre une formation gratuite, puis sont embauchés en CDI, 300 personnes sont en cours de formation.

Les tensions sur le recrutement devraient également amener les entreprises à améliorer leurs processus de recrutement, à les rendre plus fluides, à mettre en place de vrais outils de on-boarding et à réfléchir à leur attractivité, à l'heure où les nouvelles générations attendent du sens, de l'engagement et de la reconnaissance.

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