Cet article fait partie de notre guide: Oracle : le Grand Guide de l’OpenWorld 2020

Zoom et Oracle passent un accord « gagnant-gagnant »

Zoom redirige désormais son débord de trafic sur OCI et en profite pour travailler son image B2B. Oracle gagne, lui, une référence pour son cloud et un partenaire de premier choix dans la visioconférence.

Convergence d’intérêts. Pour faire face à la croissance de son trafic, l’éditeur de visioconférence Zoom a choisi d’étendre son infrastructure en passant un accord avec Oracle. L’annonce peut paraître anecdotique. Mais ses implications sont, en fait, nombreuses.

« Nous avons récemment connu la croissance la plus importante que notre entreprise ait jamais connue, ce qui a nécessité une augmentation massive de notre capacité de service », retrace Eric S. Yuan, CEO de Zoom. « Nous avons choisi Oracle Cloud Infrastructure en raison de sa sécurité, de ses performances exceptionnelles et de son niveau de support inégalé ».

Lors d’une conférence donnée par les équipes techniques d’Oracle, Clay Magouyrk, en charge de l’architecture d’OCI, a plus précisément parlé de robustesse des infrastructures, vantant les mérites d’Autonomous Linux, le Linux qui motorise les VMs d’OCI et qui est capable de se dépanner sans redémarrer.

Il a également reconnu que Zoom ne travaille pas exclusivement avec Oracle. Selon les informations que LeMagIT a pu obtenir, la solution de visioconférence repose sur une flotte de serveurs hébergés par divers datacenters en colocation régionaux, et des solutions de débord avaient déjà été mises en œuvre sur AWS et Azure. Le partenariat entre Zoom et Oracle serait le dernier en date. Il aurait débuté il y a six semaines.

Un débord de 7 Po quotidiens

Depuis, Zoom transfère chaque jour plus de 7 pétaoctets via les serveurs Oracle Cloud Infrastructure – « ce qui équivaut à peu près à 93 ans de vidéo HD », compare Oracle.

« Nos discussions portent sur un partenariat qui durera plusieurs années. »
Clay MagouyrkOracle

Pour éponger ce débord, Zoom aurait aussi pu choisir de réserver plus de ressources chez Azure, AWS, ou chez Akamai, qui assure des services de cache temporaire et sur les serveurs duquel des copies des services de Zoom auraient été chargées dès les premiers signes de la pandémie. Il aurait pu aussi aller chercher des ressources chez GCP.

Mais au-delà des considérations techniques actuellement mises en avant, Oracle Cloud Infrastructure (OCI) présentait surtout le mérite de conforter l’essor de Zoom face à ses concurrents. Azure, en effet, est le domaine par excellence du couple Teams/Skype édité par Microsoft. GCP est celui où Google refond Hangout Meet. Tous deux sont ses concurrents frontaux dans la communication unifiée.

Quant à AWS, si le prix de sa bande passante n’est pas connu pour être particulièrement bon marché, ce cloud du marchand d’Amazon est un repoussoir pour beaucoup de clients de la distribution.

« L’accord avec Zoom durera au-delà de la pandémie. Nos discussions portent sur un partenariat qui durera plusieurs années », lance Clay Magouyrk, qui refuse d’être vu comme une solution temporaire, à la manière des serveurs de cache d’Akamai ou d’autres qui ne devraient héberger des services que le temps du confinement.

Bon pour les images d’Oracle et de Zoom

Supporter une partie du trafic de Zoom avec OCI est en effet une excellente publicité pour Oracle dont le cloud est un challenger (même s’il a passé un accord avec Azure).

« OCI va aider Zoom à évoluer sans cesse pour continuer à offrir un service sans faille. »
Oracle

En sens inverse, passer un partenariat avec Oracle est un bon moyen pour Zoom de montrer une image très B2B, sérieuse, orienté grand groupe, très axée sur la sécurité. Tout l’inverse des critiques qui se sont abattues sur l’éditeur les semaines passées. Critiques auxquelles il a tenté de répondre par ses propres moyens et en ajoutant des fonctionnalités de contrôle de routage des données.

« OCI va aider Zoom à évoluer sans cesse pour continuer à offrir un service sans faille à sa clientèle », vante Oracle dans son communiqué officiel. Le « sans faille » est important à noter, car il annonce l’argumentaire que les deux partenaires vont certainement adopter dans les semaines à venir en s’appuyant sur « l’expertise en matière de sécurité » (sic) d’Oracle.

Client de Zoom, Oracle va-t-il le racheter ?

Il n’est, par ailleurs, pas exclu qu’Oracle pousse désormais Zoom chez ses clients, en particulier ceux qui hésiteraient sur la manière de renouveler leur solution UCaaS et qui, sans l’image d’Oracle, n’auraient pas retenu Zoom.

« Les communications vidéo sont devenues un élément indispensable de nos vies professionnelle et personnelle. Et Zoom a été à l’avant-garde de l’innovation dans ce secteur » commence déjà à vanter Safra Catz, la PDG d’Oracle.

Oracle, qui est également un client de Zoom, a donc publiquement adoubé le service.

De là à racheter Zoom – comme Verizon l’a fait avec BlueJeans – il y a un pas qu’il sera néanmoins difficile à franchir. D’abord Zoom coûte très cher : 45 milliards de dollars selon sa valorisation à l’heure où nous écrivons cet article. Ensuite, le marché de la visioconférence devient « une commodité ». Les clients rechignent de plus en plus à payer un prix élevé pour leurs communications (comme c’était le cas avec des salles de conférence à plusieurs dizaines de milliers d’euros).

Oracle aura donc tout à gagner à prendre une commission sur des ventes (et sur l’infrastructure) plutôt que de casser sa tirelire.

Contacté par la rédaction du MagIT, Zoom n’a pas souhaité s’exprimer sur ce sujet.

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