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RPA : UiPath lève (encore) des fonds pour se doter d’une « force de frappe »

Un peu plus d’un an après une levée de fond record, le spécialiste de la RPA remet le couvert à la table des investisseurs. Cette fois-ci, il se prépare à de potentielles acquisitions et pourquoi pas une IPO.

UiPath a annoncé une levée de fonds de 225 millions d’euros en séries E, menée par Alkeon Capital Management. Accel, Coatue, Dragoneer, IVP, Madrona Venture Group, Sequoia Capital, Tencent, Tiger Global, Wellington et d’autres fonds conseillés par T. Row Price Associates ont participé à ce nouveau tour de table. La valorisation de l’entreprise fondée en 2005 en Roumanie serait passée de 7 milliards à 10,2 milliards de dollars. Au total, l’éditeur a récolté 1,2 milliard de dollars auprès de ses investisseurs.

Une grande partie de ces Venture Capitalists avaient participé à la plus grosse levée de fonds du spécialiste de la RPA à ce jour : 568 millions de dollars. Un peu plus d’un an plus tard, la question se pose : pourquoi UiPath a-t-il besoin de nouveau de récolter des fonds ? L’éditeur affiche pourtant un revenu annuel récurrent de 400 millions de dollars.

Vargha Moayed, Chief Strategy Officer chez UiPath répond franchement à cette question. « Nous brûlons encore du cash », déclare-t-il. « Nous ne faisons pas encore de profits [mais] c’est une stratégie intentionnelle en accord nos investisseurs dans le but devenir un leader mondial de ce nouveau secteur [la RPA N.D.L.R.] ».

La nouvelle somme récoltée vise donc à soutenir sa croissance importante et à étendre sa portée internationale. « Vu que nous venions d’un petit pays, la Roumanie, et que n’importe quel marché était plus grand que notre marché domestique, nous avons fait le choix de nous installer simultanément sur les trois régions du monde », assure le responsable.

UiPath veut avoir les coudées franches

Cette stratégie a, semble-t-il, payé parce que UiPath tirerait ses revenus des régions Amérique, EMEA et Asie Pacifique de manière pratiquement équitable. « Cela est dû au fait que nous avons ouvert des bureaux dans plus de trente pays, et ce en l’espace de 18 mois. Pour réussir cela, il faut des fonds », estime Vargha Moayed. « Nous avons multiplié par 100 notre chiffre d’affaires en trois ans », ajoute-t-il.

Vargha Moayed
Vargha Moayed, Chief Strategy Officer, UiPath

Évidemment, UiPath veut également « maintenir une avance technologie dans le domaine ». Selon le Chief Strategy Officer, l’éditeur investit massivement dans les nouvelles technologies comme le machine learning et la vision par ordinateur. Pour cela, il a mis en place trois centres de développement principaux à Bucarest, Seattle et Bangalore et trois satellites à Vienne, Eindhoven et Lviv (Ukraine). Uipath a recruté plus de 800 développeurs.

En réalité, la campagne de financement n’était pas nécessaire pour l’équilibre financier de l’entreprise. Vargha Moayed estime que UiPath générera des bénéfices à partir du quatrième trimestre 2020. En revanche, « Nous n’avons pas encore de réponse à la question suivante : est-ce que les conditions du marché vont permettre une IPO [une entrée en bourse N.D.L.R.] sous douze mois, vingt-quatre mois ou davantage ? », lance le Chief Strategy Officer.

« La levée de fonds ne soutient pas seulement une croissance organique, nous voulons faire plus. »
Vargha MoayedUiPath

En attendant, « la levée de fonds ne soutient pas seulement une croissance organique, nous voulons faire plus. Les conditions du marché risquent d’être difficiles pour certains autres acteurs, et nous voulons nous donner les moyens d'effectuer des acquisitions ou d’autres actions qui nous donneraient une force de frappe supplémentaire », avoue-t-il.

Se préparer face à une concurrence grimpante

Si la RPA a d’abord trouvé une résonance auprès des banques et des assurances, Vargha Moyaed note « qu’aujourd’hui toute entreprise qui a des tâches administratives considère qu’elle peut déployer la technologie ». Selon lui, une majorité d’organisations ont au moins testé, voire commencé à déployer la RPA.
« Ce n’est plus un marché naissant. Des entreprises ont commencé les déploiements à grande échelle et la RPA d’aujourd’hui n’est plus celle de 2014 [UiPath s’est réellement lancé sur le marché à partir de 2013, N.D.L.R.]. Nous avons étendu le domaine de l’automatisation avec des fonctionnalités de machine learning, de process mining ou encore de computer vision ».

Reconnu comme l’un des leaders de la RPA avec Automation Anywhere et Blue Prism par Gartner, UiPath voit donc pointer à l’horizon de grands éditeurs qui mettent un pied sur ce marché. Il y a quelques jours, IBM a annoncé l’acquisition de WDG Automation. De son côté, Microsoft a mis la main sur un « papy de la RPA » ; Softmotive. SAP propose lui SAP Intelligent Robotic Process Automation, une solution issue du rachat du Français Contextor.

« Des acteurs comme IBM, Microsoft et SAP ont effectué de petites acquisitions pour s’éduquer et un petit peu mieux comprendre ce qu’ils pourraient eux-mêmes offrir à leurs clients », considère le Chief Strategy Officer.

De l’autre côté, les acteurs du BPM comme PegaSystems et Appian complètent leurs offres avec des solutions RPA maison, ou proposent des intégrations avec le trio de spécialistes : Uipath, Automation Anywhere et Blue Prism.

Les bots RPA en voie d’industrialisation

Toutefois, Vargha Moayed voit un avantage certain à la plateforme de UiPath. « Nous sommes une des rares entreprises du secteur RPA capable de livrer à très grande échelle », vante-t-il. « Nous sommes capables de gérer 10 000 – 20 000 robots simultanément sans bugs. Par ailleurs, nous voulons démocratiser la technologie autant que faire ce peu en misant sur l’expérience utilisateur afin que les développements ne soient pas dévolus à un petit groupe de spécialistes. C’est un élément différenciateur par rapport à la concurrence ».

« Nous sommes une des rares entreprises du secteur RPA capable de livrer à très grande échelle. »
Vargha MoayedUiPath

Concernant les entreprises qui utilisent ces bots, les entreprises américaines et les organisations publiques seraient en avance. En Asie, c’est le Japon qui aurait pris le train de la RPA devant Singapour et la Corée du Sud. « Nous avons eu un accueil très enthousiaste sur le marché japonais, car les entreprises veulent décharger leurs employés des tâches répétitives », note le Chief Strategy Officer.

Ensuite, un bon nombre de sociétés situées au nord de l’Europe comme les pays scandinaves et le Royaume-Uni auraient développé des processus robotisés avec UiPath. L’Allemagne et la France seraient un peu plus en retard.
« Les entreprises françaises avancent lentement, mais sûrement. La bonne nouvelle c’est que la majorité des entreprises du CAC40 ont commencé à déployer des bots RPA, mais elles y vont étape par étape », précise Vargha Moayed.
Les administrations européennes, elles, seraient à la traîne. Aujourd’hui, UiPath revendique plus de 5 000 clients dans le monde.

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