NetApp resserre les coutures entre ses services cloud et son stockage
Lancé dans une stratégie de conquête des projets de cloud hybride, NetApp enrichit encore plus les fonctions qui relient ses solutions traditionnelles aux services en ligne qu’il a acquis.
Fort d’une croissance de 192 % dans la commercialisation de ses services en ligne depuis un an, NetApp a profité de son récent événement Insight 2020 pour faire retentir les cloches des nouveautés dans ses offres cloud. Comme les autres fournisseurs historiques d’infrastructures pour le datacenter, l’enjeu pour le constructeur est de convaincre les entreprises qu’il saura les aider à concrétiser leurs projets de cloud hybride. Et plus particulièrement en ce qui concerne son cœur de métier : les solutions de stockage.
Pêle-mêle, les services liés à Spot, rachetés cet été à une startup du même nom pour optimiser la facture des ressources chez AWS, réduisent désormais aussi le coût des baies de disques OnTap achetées en cloud. L’extension s’appelle Spot Storage. Cloud Jumper, un autre service acquis cette année pour administrer les bureaux virtuels, s’accompagne désormais d’une offre complète, VDSM, qui déploie automatiquement en ligne le stockage nécessaire, les modules de cache pour l’accélérer et même la sauvegarde pour le protéger.
Au cœur de tous ces services, les baies de disques virtuelles de NetApp, alias les Cloud Volumes OnTap, fonctionnent désormais à parité chez tous les grands hébergeurs de cloud. Il leur manquait la fonction de haute disponibilité chez GCP, le cloud public de Google. Selon Mathias Robichon, le directeur technique de NetApp France, cette annonce est particulièrement importante en France, où les acteurs de la grande distribution préféreraient GCP à AWS, et ont besoin de la garantie que leur site e-commerce restera en ligne, même en cas d’incident.
Astra, pour un stockage Kubernetes au-delà de Trident et NKS
Mais l’essentiel des annonces techniques concernait surtout Astra, une technologie sur laquelle repose toute la stratégie de cloud hybride de NetApp. Dévoilée plus tôt cette année, Astra est une suite d’administration du stockage pour Kubernetes, ce dernier constituant la plateforme d’infrastructure des applications destinées à être exécutées en cloud comme en datacenter.
« Astra est en fait l’extension de Trident, le pilote des baies de stockage NetApp que nous proposions déjà pour Kubernetes. L’intérêt immédiat d’Astra est qu’il ajoute à Trident la possibilité de réaliser des snapshots fonctionnels des containers [les instances virtuelles orchestrées par Kubernetes, N.D.R.]. Astra tient en effet compte des accès qui peuvent avoir lieu au moment de la création d’un snapshot, typiquement au sein des applications de bases de données, afin de générer des sauvegardes dans lesquelles les informations ne seront pas corrompues », explique Mathias Robichon. Il assure que le dispositif a été testé avec toutes les bases SQL, dont celle d’Oracle, et les bases NoSQL, comme MongoDB.
Brad AndersonEn charge des solutions cloud hybride, NetApp
Astra s’inscrit dans la lignée de NKS, la distribution de Kubernetes que NetApp proposait lui-même et dont le nouveau logiciel devrait récupérer l’environnement d’administration. « Nous ne voulons pas imposer notre Kubernetes aux entreprises. En revanche, nous voulons qu’elles puissent utiliser notre stockage de la meilleure manière possible, quel que soit le Kubernetes qu’elles emploient », a commenté, lors de l’événement, Brad Anderson, en charge des solutions de cloud hybride chez NetApp.
La gamme SolidFire convertie elle aussi au cloud hybride
De manière plus discrète, NetApp a également décliné le système de ses baies de disques SolidFire, ElementOS, en SDS autonome. Le but est de pouvoir ainsi l’installer sur n’importe quel serveur x86 bardé de disques afin de le transformer en une baie SolidFire ; des machines HPE seraient d’ailleurs déjà certifiées compatibles. Selon le constructeur, cette démarche serait une manière supplémentaire de favoriser le cloud hybride. Et ce d’autant plus, que les baies SolidFire sont comme les baies OnTap prises en charge par Astra, pour qu’elles puissent héberger les volumes de données des applications exécutées par Kubernetes.
Rachetées en 2015, les baies de disques 100 % Flash SolidFire sont conçues pour étendre en externe le stockage des infrastructures hyperconvergées de NetApp, à savoir la gamme de serveurs HCI. Le constructeur présente ses machines HCI comme une solution pour bâtir des clouds privés dans le datacenter. L’intérêt d’avoir mis ElementOS dans HCI est que ce système serait plus efficace qu’OnTap pour paralléliser les accès au stockage entre différents nœuds.
Tim StammersAnalyste, 451 Research
L’idée sous-jacente d’une version SDS d’ElementOS semble qu’il fallait apporter aux serveurs HCI les mêmes possibilités de cloud hybride que celles des baies de disques OnTap : réplication, sauvegardes, PRA automatiques entre le datacenter et un cloud public. À cette fin, on imagine que le SDS ElementOS va permettre tôt ou tard de produire des baies SolidFire virtuelles qui seront commercialisées dans les clouds publics, à la manière des Cloud Volumes OnTap.
Pour autant, les analystes pointent que NetApp n’a jamais paru très à l’aise avec ce système de stockage en marge de sa gamme de produits amiraux OnTap. « Il est notable que NetApp n’évoque plus la gamme HCI parmi les leviers de ses revenus. Par ailleurs, on ne comprend pas bien la démarche de dire qu’ElementOS est désormais un SDS, puisque c’est ce qu’il est dès le départ au sein des HCI », pointe par exemple Tim Stammers, analyste au bureau d’études 451 Research, au micro de nos confrères de TechTarget US.
Les bruits de couloir entendus lors d’Insight semblent lui donner raison : Brad Anderson a reconnu à demi-mot que NetApp se dirigeait vers une fusion entre OnTap et SolidFire. Celle-ci aura peut-être lieu en 2021.