Cet article fait partie de notre guide: Le « Who’s Who » du Stockage Flash

NetApp rachète SolidFire et ses baies 100% Flash pour 870 M$

NetApp reboote sa stratégie Flash en acquérant SolidFire, l'un des pionniers du stockage Flash en cluster. Avec ce rachat, la firme dispose désormais d'une offre Flash moderne positionnée par Gartner comme l'une des meilleures du secteur. Reste désormais à réussir l'intégration...

NetApp a annoncé aujourd’hui le rachat pour 870 M$ de SolidFire, un pionnier du stockage 100 % Flash, basé à Boulder dans le Colorado. Au passage le spécialiste californien du stockage reboote sa stratégie dans la flash et reconnaît implicitement que ses efforts ont été jusqu’à présent largement insuffisants.

Fondé en 2010 par Dave Wright, l’un des développeurs originels d’OpenStack, SolidFire s’est d’emblée distingué de ses concurrents en proposant une solution de stockage 100 % Flash en cluster. Initialement, la firme visait le marché des fournisseurs de services cloud OpenStack et des hébergeurs. Mais elle a peu à peu enrichi les fonctions de ses baies pour en faire des alternatives crédibles aux baies de stockage Flash entreprise des leaders du secteur. D’ailleurs les baies de SolidFire ont été considérées en 2014 par Gartner comme les plus abouties du marché (voir à ce propos l’e-zine STORAGE n°1 sur le stockage flash et l’extrait de l’étude Critical Capabilities Study de Gartner sur les baies Flash).

SolidFire : une architecture de baie en cluster unique

L’un des points clés de l’offre de SolidFire est sa capacité à garantir une qualité de service sur mesure en fonction des applications. Une fonction qui est particulièrement intéressante dans le cadre de déploiements d’architectures cloud, ses baies étant à même de délivrer précisément le nombre d’IOPS ou le débit alloué à chaque VM. Les baies de la firme disposent aussi de fonctions avancées de Snapshots et de réplication asynchrone et elles supportent les protocoles iSCSI et Fibre Channel.

L’offre de SolidFire vient combler un trou béant dans l’offre de NetApp et permet au constructeur de disposer d’une solution de stockage Flash massivement distribuée à même de rivaliser avec celles de ses concurrents.

Les baies de SolidFire ont le bénéfice d’utiliser une architecture en cluster de type « shared nothing » bien plus évolutive que celles utilisées par ses concurrents. Un cluster EMC XtremIO, par exemple, plafonne à 8 nœuds et 3Par peut fédérer un maximum de 4 nœuds, tandis qu’un Cluster SolidFire peut accueillir jusqu’à 100 nœuds et avoir une capacité brute allant de 14 To à 960 To de Flash et une capacité utile allant de 28 To à 3,8 Po (après compression et déduplication)…

Autre atout, les clusters SolidFire peuvent être composés de nœuds de stockage de capacités et de performances différentes. Cette capacité à intégrer des nœuds de générations et de performances différentes dans un même cluster simplifie grandement les évolutions des clusters SolidFire (commissionnement et décommissionnement de nœuds), en évitant des opérations de migration de données complexes.

En résumé, les solutions de SolidFire permettent aux entreprises de déployer en interne des architectures de stockage Flash inspirées des architectures webscale des géants du web. Il est à noter que le constructeur propose aussi une version 100% logicielle de sa technologie afin de permettre à des acteurs de l’hébergement ou du cloud d’utiliser des nœuds de leur choix pour bâtir leurs propres clusters.

NetApp devra veiller à préserver l’intégrité de SolidFire

Sans rire, George Kurian, le CEO de NetApp a expliqué vouloir étendre « le leadership de NetApp dans la Flash » avec les produits et l’écosystème de SolidFire. Parler de leadership de NetApp dans la Flash est sans doute une grosse exagération. Si le constructeur a été parmi les premiers à tirer parti de la Flash comme cache, la firme a largement raté le virage des baies 100 % Flash.

Certes NetApp propose des déclinaisons 100 % Flash de ses baies de la série E (les baies EF) et de ses baies FAS (la série AFA 8000). Mais quelles que soient leurs qualités, ces offres ne peuvent réellement rivaliser avec des architectures optimisées pour la Flash et sont loin des capacités de l’offre de SolidFire.

L’un des défis pour NetApp sera de ne pas échouer dans l’intégration de SolidFire à son offre. Il est probable que NetApp continuera à vendre ses offres existantes afin de satisfaire les requêtes de sa base installée, mais que la firme poussera désormais massivement l’offre SolidFire lorsqu’il s’agira de répondre à des projets Flash à grande échelle dans les entreprises. Si NetApp a du bon sens, la firme ne devrait que peu toucher aux fondamentaux de l’offre de SolidFire et appliquer le modèle d’intégration déjà mis en œuvre pour le rachat d’Engenio.

S’il est cohérent, NetApp devrait se concentrer sur l’intégration de l’offre SolidFire à sa stratégie Data Fabric. Un premier niveau d’intégration utile serait le portage du code de réplication de NetApp sur les baies de SolidFire afin de permettre des mouvements de données transparents entre baies SolidFire, NetApp FAS et NetApp Series E. Cette simple intégration pourrait faciliter grandement la pénétration de l’offre SolidFire chez les clients du constructeur.

Pour en savoir plus sur les intentions de NetApp, il faudra toutefois sans doute attendre le premier ou le second trimestre 2016.

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