Ruum : SAP se met lui aussi en chasse des citizen developers
Lors de la première conférence de son événement SAP TechEd, l’éditeur allemand a mis l’accent sur les développeurs et le nouveau venu que tous les acteurs veulent séduire : le citizen developer.
« Du point de vue d’un développeur, il y a encore trop de complexité dans le système, c’est un obstacle », avoue Juergen Mueller, CTO de SAP, lors de le keynote d’ouverture de TechEd. « Nous ne sommes pas l’entreprise la plus developper friendly, et nous voulons changer cela ».
Voilà comment le responsable technique introduit les nouveaux outils consacrés aux développeurs de l’écosystème SAP. Traditionnellement, ces acteurs apprennent les spécificités d’ABAP, le langage de programmation propriétaire de l’éditeur. Mais un persona a fait son apparition : le citizen développer. Comme Salesforce, GCP, Microsoft ou encore AWS avant lui, SAP souhaite offrir des outils low-code/no-code dans le but de faciliter l’émergence de ces concepteurs d’applications.
Et comme ses coopétiteurs, le fournisseur allemand mise sur le duo BPM-RPA pour observer à la lettre les préceptes du concept d’hyperautomatisation imaginé par Gartner. Il propose trois produits hébergés sur sa PaaS Cloud Foundry, qui dépendent de l’Expansion Suite dans SAP Cloud Platform.
SAP Ruum, du no-code à coup de formulaires
La caution BPM, ici, se nomme SAP Cloud Platform Workflow Management. Accessible depuis juin 2020, elle doit permettre d’orchestrer des flux de travail selon la fameuse approche conditionnelle « If then, then that » (IFTTT), suivant les logiques métiers d’une entreprise. Cet outil low-code comprend des fonctionnalités pour visualiser des processus de bout en bout et les configurer. SAP propose un ensemble de modèles de procédures pour différentes tâches comme l’accueil de nouveaux employés, la prise en compte d’un paiement par carte bancaire, la fluidification d’une décision d’achat dans une organisation, etc. Le tout peut être connecté avec SAP Experience Management de SAP et Qualtrics, afin d’administrer des flux liés à l’expérience client.
SAP Ruum, lui, s’adresse plus spécifiquement aux non-développeurs (les fameux citizen developer) afin de bâtir et gérer des processus au niveau d’un département. Disponible en bêta, le service permet de créer des formulaires, d’y insérer des champs à remplir et d’ajouter des étapes d’approbation pour valider automatiquement une opération. Dans Ruum, les données externes sont accessibles via API et peuvent être envoyées à des systèmes cibles. Les utilisateurs conçoivent des processus simples, comme la correction de données dans un ERP financier, la création de tickets vers le support IT, la robotisation des tâches marketing, etc.
En revanche, la gestion des API, des webhooks et des connecteurs reste à la main de l’IT qui doit les mettre à la disposition de ces novices du code. Une cinquantaine de clients ont pu tester la solution, selon SAP. Ruum repose sur le même principe d’offres tels que Workflows, un outil d’orchestration de tâches métiers no code présenté en août par GCP. Légèrement plus complexe, Pega Studio offre un moyen de construire ce genre de formulaires robotisés.
SAP Intelligent RPA 2.0, plus simple à utiliser
Laurent HurtebizeSolution Expert RPA, SAP
Le groupe allemand a également exposé la mouture 2.0 de sa plateforme SAP Intelligent Robotic Process Automation qui comprend un ensemble de bots RPA précâblés rangés par activité (12 secteurs d’activité) et par industrie (24 au total). La version 2011 (dernière en date) inclut 11 nouveaux bots ainsi que des SDK pour mieux supporter les données en provenance de Microsoft Office 365 (Word, Excel, Outlook, etc.) ou encore PDF ou de l’interface SAPUI5. En outre, Intelligence RPA 2.0 s’interconnecte plus facilement à S/4HANA.
« Cette version 2.0 de SAP Intelligent RPA est là pour donner des pouvoirs aux citizen developers qui sont créatifs et qui veulent prendre part à la transformation numérique de leur entreprise », déclare Laurent Hurtebize, Solution Expert RPA chez SAP dans une vidéo de présentation.
L’outil supporte les deux types de bots, supervisés et non supervisés.
La deuxième catégorie demande d’installer des composants Desktop sur les ordinateurs des utilisateurs. Intelligent RPA contient toujours trois briques : Cloud Factory, Cloud Studio et Desktop Agent. Cloud Factory est un environnement pour orchestrer les packages et les bots déployés. Cloud Studio permet d’établir les étapes d’automatisation et Desktop Agent exécute les bots créés par les développeurs. La configuration de la plateforme réclame l’intervention d’un administrateur qui a également la charge de gérer les flux d’automatisation.
Comme la plupart des outils RPA du marché, il n’est pas possible de concevoir directement des bots depuis une machine Apple, à moins de passer par Microsoft Remote Desktop ou Citrix WorkspaceApp.
Une édition limitée de ce service sera intégrée à S/4HANA cloud à partir de janvier 2021. Le fabricant de céramiques d’origine franco-allemande Villeroy et Bosh a déjà automatisé la classification de 6 000 documents par an avec SAP Intelligent RPA, d’après la communication de l’éditeur.
Un Free Tier en préparation pour SAP Cloud Platform
Par ailleurs, la version d’essai SAP Cloud Platform sera étendue de trois mois à un an. Selon l’éditeur, il s’agit de laisser les développeurs apprendre à bâtir et tester leurs applications SAP. Après cette étape intermédiaire, un modèle Free Tier sera accessible en 2021.
« Je le dis régulièrement aux fournisseurs. Les développeurs doivent prototyper des applications avant d’adopter une plateforme. Un mois ne convient pas pour une version d’essai, trois mois non plus, un an, peut-être, mais vous avez besoin de prouver la valeur de leur développement », estime Jeffrey Hammond, analyste principal chez Forrester, invité par SAP à participer à une table ronde virtuelle. « Le tiers gratuit est quelque chose de bienvenu ».
Enfin à ses partenaires, SAP rappelle qu’il a ajouté une faculté multitenant pour les environnements ABAP dans SAP Cloud Platform (Steampunk). « Nous sommes capables d’utiliser plusieurs tenants avec du code partagé dans une seule instance Steampunk et cela permettra de réduire le coût total de possession », promet Juergen Mueller.