Cet article fait partie de notre guide: Tout comprendre sur l’évolution du process mining

Build : SAP rassemble son portfolio low-code/no-code sous une seule bannière

Lors de son TechEd 2022, SAP a annoncé le lancement de SAP Build, une nouvelle offre qui réunit ses solutions Low-code/no-code sous une seule ombrelle. Au-delà du renommage, l’éditeur allemand a bien l’intention de renforcer son portfolio pour rassembler les équipes IT et les citizen developers.

Rien ne se perd, tout se transforme. Voilà une devise que l’éditeur allemand semble chérir.

« La nouvelle offre SAP Build permet aux utilisateurs de créer non seulement des applications, mais aussi d’automatiser les processus commerciaux, puis de concevoir les sites Web de l’entreprise avec la simplicité du glisser-déposer », affirme Steve Van Wyk, Senior Vice-président et directeur général BTP Customer Success EMEA North chez SAP.

Le sujet n’est pas nouveau. Cela fait le troisième TechEd de suite que l’éditeur allemand met en lumière les solutions de développement low-code/no-code.

Cela ne veut pas dire que SAP fait une croix sur son langage de programmation ABAP. Seulement, l’éditeur et ses clients veulent accélérer les développements applicatifs dans un contexte de récession et de manque de ressources humaines.

« Nous avons de très bonnes raisons pour lancer ce portfolio », assure Iver Van de Zand, CTO et vice-président BTP EMEA North chez SAP. « Nous observons une pénurie de développeurs professionnels. Les clients ont donc ce besoin important de faire appel à des citizen developers ou des business developers, des gens qui n’ont aucune compétence en développement, mais qui veulent quand même développer ».

« Nous voyons dans les rapports d’analystes indépendants que les applications low-code/no code ont un temps de développement moyen 25 % plus rapide que les applications codées en dur », poursuit-il.

Gartner prédit que « d’ici à 2024, le développement d’applications low-code sera responsable de plus de 65 % de l’activité de développement d’applications ».

De son côté, Steve Van Wyk assure que 100 000 personnes utilisent d’ores et déjà les outils low-code de SAP. D’autres usagers pourraient rejoindre rapidement la plateforme : SAP offre 2 millions de cours et de certifications en partenariat avec Coursera. « La formation consacrée au low-code est actuellement la plus populaire du programme SAP Learning », avance le SVP.

Et l’éditeur allemand sait très bien qu’avec la dynamique induite par le programme RISE with SAP, censé simplifier les migrations dans le cloud, il doit accompagner sa démarche de solutions capables de faire ressentir rapidement les avantages de cette modernisation. Dans les faits, les clients s’engagent dans des projets de migration de longue haleine. 

« Quand les clients adoptent un ERP moderne comme S/4HANA, les clients veulent immédiatement créer des processus d’approbation de flux de travail ou une application de libération de factures », illustre Iver Van de Zand.

Le patchwork SAP Build : une collection de briques existantes

Plus précisément, SAP Build rassemble désormais AppGyver, Process Automation et Work Zone.

À l’origine, SAP Build est un service UX fournissant des outils pour prototyper des applications, à l’instar de ce que propose Figma.

Quant à AppGyver, il est issu d’une acquisition effectuée en février 2021 de la startup finlandaise éponyme. AppGyver s’appuie sur un framework ReactJS/React Native couplé à une interface visuelle de programmation de logiques applicatives ou de manipulations de données.

À son lancement, SAP Process Automation était une combinaison de SAP Workflow Management, un éditeur de flux de travail et de règles métier, et de SAP Intelligent RPA, une fabrique à bots d’automatisation robotisée des processus. Depuis, l’éditeur allemand y a ajouté SAP Process Insights, un outil de process mining intégré après l’acquisition de Signavio au début de l’année 2021.

Work Zone, également disponible dans une édition spécifique à SuccessFactors, est un outil collaboratif pour concevoir des portails applicatifs ou des sites Web.

Au sein du portfolio SAP Build, toutes ces solutions changement de nom. « AppGyver s’appelle désormais SAP Build Apps. Process Automation devient SAP Build Process Automation et le service SAP Work Zone est à présent nommé SAP Build Work Zone », explique Steve Van Wyk.

« SAP Build rassemble des produits autrefois séparés dans un environnement de développement unifié », résume Juergen Mueller, CTO et membre du conseil exécutif de SAP, lors de la conférence SAP TechEd à Las Vegas.

Une plateforme pour les « fusion teams »

Le CTO explique l’usage du nouveau catalogue. Et très rapidement, il met à bas l’idée que les métiers sont forcément seuls face à la plateforme.

« Nous avons besoin que les développeurs et les citizen developers travaillent ensemble. »
Juergen MuellerCTO et membre du conseil exécutif de SAP

« Nous avons besoin que les développeurs et les citizen developers travaillent ensemble », avance-t-il. « Les équipes IT peuvent renforcer la gouvernance et faire respecter des règles de conformité pour garder le contrôle des applications ».

Depuis l’interface de SAP Build, il est possible de partager des artefacts réutilisables comme des workflows, des automatisations, des modèles de données ou encore des logiques métiers. Tous sont rassemblés dans la « Build Library ». Certains composants, comme des API internes ou externes à SAP, peuvent être ajoutés à la liste par des développeurs. Ces interfaces de programmation seront enregistrées comme des « Action Projects ». Ces actifs peuvent ensuite être utilisés par des métiers.

Par ailleurs, SAP met en avant les fonctions de gestion de cycle de vie, de surveillance, de gouvernance et de sécurité incluses dans Build.

« S’il vous plaît, demandez à votre équipe IT avant de lancer un environnement SAP Build », recommande Juergen Mueller.

En clair, SAP conseille à ses clients de mettre en place ce que Gartner nomme des « fusion teams », des équipes mêlant des membres de l’IT, qu’ils soient des développeurs ou des chefs de projet, et des métiers participant à la conception d’applications.

Il y a notamment des fonctions avancées qu’un métier ne pourrait pas comprendre au premier abord. Avec Build Apps, SAP reprend les fonctionnalités de conception d’AppGyver et y ajoute des « fonctions cloud ». Ces fonctions s’appuient sur deux composants : une logique métier et un modèle de données. La conception d’un service ou d’une application découle de la combinaison de nœuds logiques comprenant des entrées et des sorties, selon le CTO. Suivant les paramètres choisis, chaque nœud peut effectuer une action comme mettre à jour ou recevoir une entité de données.

« Une entité de données définit la structure du champ et les types de données des données gérées par l’application », précise-t-il. Il y a des entités natives, c’est-à-dire les briques pour concevoir des fonctions, et des entités étendues, personnalisées à l’aide de formules.

Dans cette même logique, SAP prévoit d’ajouter SAP Graph, une fonctionnalité pour visualiser et accéder aux entités de données sémantiquement connectées dans toutes les applications SAP.

Ensuite, SAP Build Process Automation comprend 1 300 processus et des flux de travail spécifiques à des cas d’usage, des formulaires de validation multiples, des moyens d’automatisation des tâches via la RPA, des règles métiers et de prises de décision, un outil de compréhension de documents et une interface pour gérer les tâches et les visualiser.

Cette partie du portfolio peut être intégrée avec les autres solutions de Signavio, avec les services SAP AI Business, mais aussi avec des outils tiers, principalement les outils en provenance de Google Cloud : Google Sheets, Calendar, Drive, Google Vision AI, Document AI.

Plus tard, il sera possible d’utiliser le modèle de programmation SAP Cloud (CAP) à la demande dans Build. Cela devrait permettre aux développeurs professionnels de créer des logiques de traitement de données au sein de SAP Build Process Automation.

Enfin, l’outil de conception de sites Web Work Zone sera disponible dans deux éditions. L’édition Advanced est d’ores et déjà accessible. Work Zone Standard, elle, sera « une évolution » de SAP Fiori Launchpad, et entrera en disponibilité générale au début de l’année 2023. Il s’agit donc « d’une unification de Work Zone et de Launchpad », précise Juergen Mueller.

« SAP, et non SAP »

Comme certaines applications SaaS de l’éditeur, il n’est pas nécessaire d’avoir déployé l’ERP du fournisseur pour commencer à développer avec Build. « [SAP Build] vous permet non seulement de vous connecter aux données qui se trouvent à l’intérieur d’un environnement SAP ou non SAP et de choisir de partager les applications en interne ou externe », insiste Steve Van Wyk.

SAP Build est rattaché à Business Technology Platform (BTP), la PaaS et place de marché disponible depuis AWS, Microsoft Azure et Google cloud. Pour rappel, SAP considère la BTP comme le lieu d’accueil des applications spécifiques et tierces. Selon Juegern Mueller, 15 000 clients utilisent la plateforme BTP, dont deux tiers des entreprises ayant adopté S/4HANA Cloud. D’après Steve Van Wyk, 1 500 partenaires utilisent BTP comme la « fondation pour bâtir leurs applications ».

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