IBM débarrassé de l’infogérance mise sur le conseil et les logiciels

IBM se sépare de son activité d’infogérance. Selon ses derniers résultats, ses prochains revenus viendront à 50 % de la vente de logiciels, à 35 % du consulting et à 15 % des infrastructures.

IBM publie ses revenus trimestriels et en profite pour dévoiler – enfin – comment va se dérouler sa réorganisation en deux entités distinctes. Face à la migration de ses clients vers le cloud, le géant de l’informatique a en effet vu les bénéfices de son activité d’infogérance fondre depuis ces dernières années. En réaction, il annonçait il y a un an qu’il se séparerait de l’unité commerciale concernée, Managed Infrastructure Services, entretemps renommée Global Technology Services. Cette séparation sera effective dès le mois de novembre. L’entité devenue indépendante prendra alors le nom de Kyndryl.

À partir de ce moment-là, les revenus d’IBM viendront pour moitié de la vente de logiciels, dont ceux de Red Hat et ceux liés à l’intelligence artificielle, pour un tiers de prestations de conseil et, pour les 15 % restants, de la vente d’infrastructures. Celles-ci comprennent les mainframes, les serveurs Power, les baies de stockage et les ressources virtuelles qu’IBM commercialise au travers de son cloud.

Les logiciels et le conseil en hausse, l’infrastructure en baisse

Pour l’heure, IBM a facturé ce trimestre 17,62 milliards de dollars, soit un tout petit peu plus que les 17,56 mds $ de chiffre d’affaires trimestriel réalisé il y a un an. Managed Infrastructure Services, alias Global Technology Services, alias Kyndryl, a rapporté 6,15 milliards de dollars de CA (-4,8 % en un an).

Les logiciels, sous la tutelle de l’entité Cloud & Cognitive Software, ont généré 5,69 mds $ de CA (+ 2 %). Global Business Services, qui s’occupe du consulting, a vendu pour 4,4 mds $ de prestations (+11 %). Les infrastructures, enfin, ont rapporté 1,1 milliard de dollars, soit 12 % de moins que leur CA trimestriel de l’année dernière.

« Nos ventes de logiciels et nos prestations de conseil progressent solidement. Elles représentent nos meilleures opportunités de croissance », a commenté Arvind Krishna, le PDG d’IBM, lors d’une conférence avec les analystes financiers.

En l’occurrence, ce sont surtout les activités liées aux logiciels de Red Hat qui tirent ici les revenus. Les ventes de produits estampillés Red Hat ont augmenté de 17 % en un an, celles d’OpenShift, son logiciel amiral, ont crû de 40 %.

Concernant les produits d’infrastructure, le PDG a tenu à rassurer : « l’infrastructure reste un élément important de notre socle technologique. Nous faisons des investissements – à la fois des rachats et des optimisations internes – qui devraient permettre à ce catalogue de produits de renouer avec la croissance dès 2022. » Selon lui, elle serait à un chiffre.

Dans le détail, les ventes de mainframes ont plongé de 33 % en un an, tandis que celles des serveurs Power ont chuté de 26 %. Ces dégringolades ont été compensées par une augmentation de ventes des baies de stockage et des ressources virtuelles en cloud de 11 %.

IBM se veut plus simple, en amont d’une réécriture des contrats pas simple

Suite à la séparation de Kyndryl, les différentes entités seront renommées. Cloud and Cognitive Software va devenir Software tout court, Global Technology Services sera Consulting Services et Systems, l’unité des infrastructures, s’appellera Infrastructure. Selon différents observateurs, IBM cherche à faire passer l’idée que, débarrassé de l’infogérance, tout devient plus simple.

« Ces acquisitions devraient permettre à IBM d’approfondir sa connaissance de toute une série d’applications professionnelles qu’utilisent ses clients. »
Judith HurwitzAnalyste, Hurwitz & Associates LLC

Jusqu’à présent, les activités d’infogérance étaient intimement liées à celles de conseil. Pour les remplacer, IBM a racheté durant l’année écoulée plusieurs petits prestataires de services spécialisés dans les produits d’autres fournisseurs. « Ces acquisitions devraient permettre à IBM d’approfondir sa connaissance de toute une série d’applications professionnelles qu’utilisent ses clients », commente l’analyste Judith Hurwitz, du cabinet de conseil Hurwitz & Associates LLC, au micro de nos confrères de TechTarget USA. « L’enjeu est de gagner en crédibilité lorsqu’ils traiteront des projets qui impliquent Workday, Salesforce ou les produits Adobe. »

Autre sujet brûlant lié à la scission, la réécriture des contrats passés avec les entreprises qui avaient souscrit à la fois aux services d’infogérance et à autre chose. Cette réécriture doit encore passer l’épreuve de la renégociation des termes avec les entreprises concernées. Les analystes avouent ne pas savoir prédire ce qu’il va se passer : certaines entreprises pourraient retarder de plusieurs mois leurs investissements, d’autres renégocier les tarifs, d’autres encore demander l’annulation complète des contrats.

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