IBM France en ordre de bataille autour du conseil et des technologies

Réunis autour de la directrice générale Béatrice Kosowski, les responsables des nouvelles entités d’IBM France ont donné les lignes de leurs stratégies.

Après s’être séparé de son entité dédiée à l’infogérance, devenue l’entreprise indépendante Kyndryl, IBM veut se recentrer sur la technologie et le consulting. Tel est le message qu’a tenu à faire passer Béatrice Kosowski (photo en haut d'article), la directrice générale de la filiale française, lors d’un point presse qui s’est tenu début décembre et qui devait donner les grandes lignes stratégiques des trois prochaines années.

« IBM est présent depuis 107 ans en France. Nous ne sommes pas là, contrairement à d’autres, pour capter des données utilisateurs. Nous sommes dans le dur, au cœur du réacteur, sur des sujets essentiels. Nous sommes là pour apporter des solutions sur l’intelligence artificielle, car 71 % des entreprises ont lancé des projets en ce sens. Nous sommes là pour concrétiser le cloud hybride, car 74 % des applications critiques n’ont toujours pas migré dans le cloud. Et puis, bien entendu, nous sommes là pour préparer les entreprises à l’informatique quantique, car c’est un nouveau monde qui se crée », a commencé Béatrice Kosowski.

Dresser la route de l’innovation en France

IBM France se targue d’avoir pour clients 800 entreprises, les plus grandes, celles du CAC40, mais aussi de plus en plus de PME/PMI qui croissent grâce aux technologies dernier cri. « Pour les fournisseurs, les PME-PMI sont le stress-test. C’est là que nous repoussons notre capacité à innover », a enchaîné la directrice générale, en citant des projets en informatique quantique qui auraient déjà aidé des laboratoires de recherche dans leurs travaux sur la capture du carbone pour dépolluer la planète.

« Nous sommes fiers d’avoir implanté le premier hub de recherche quantique à Montpellier, en partenariat avec les universités. Nous inaugurerons sous peu notre nouveau site sur le plateau de Saclay. Nous avons également mis en place des laboratoires de développement et de cybersécurité de pointe dans les Hauts-de-France, des centres pour l’Intelligence Artificielle à Nice », explique-t-elle pour signifier l’importance de la France parmi les implantations mondiales d’IBM.  

Selon elle, les avancées technologiques que réalise IBM dressent la route de l’innovation pour les entreprises. « Depuis l’arrivée de Watson, il y a une vraie croissance de maturité de la part des entreprises sur les questions d’intelligence artificielle. Nous épaulons en ce moment 40 000 projets dans le monde. 85 % des chatbots d’Orange reposent sur Watson. Nous avons aidé le groupe Guerbet, spécialisé dans l’imagerie médicale, à mieux diagnostiquer le cancer du foie. L’Institut Pasteur appuie désormais ses travaux sur notre moteur de recherche cognitive », énumère-t-elle, cette fois pour dire combien IBM est d’un appui stratégique pour la France.      

Du consulting et de la technologie

Le message, surtout, est de dire qu’IBM se met en ordre de bataille pour continuer sur sa lancée en France, après l’épisode de la cession de Kyndryl.

Le consulting, tout d’abord, est confié à une nouvelle tête, Alex Bauer, qui a fait toute sa carrière chez Accenture, jusqu’à y occuper les plus hautes responsabilités en Europe de l’Ouest. « Mon but est de doubler la taille d’IBM Consulting France d’ici à trois ans. Pour y parvenir, nous allons recruter 1 000 talents par an », lance-t-il.

« Nous avons regroupé tous nos départements technologiques dans une même division pour trouver des synergies nouvelles, favoriser l’innovation et concentrer nos expertises. »
Béatrice KosowskiDirectrice générale de la filiale française, IBM

Il réorganise son unité autour de quatre domaines. La stratégie d’entreprise, tout d’abord, où IBM compte prêter renfort pour concrétiser des politiques de réduction carbone. L’expérience utilisateur, ensuite, avec des projets concrets de traçabilité des biens basés sur des blockchains. Les opérations, également, dans lesquelles IBM pense avoir les clés pour repenser de manière numérique les circuits de distribution, pour mesurer plus exactement la performance financière. Et enfin, bien entendu, les technologies, où IBM veut être le prestataire qui accompagne les entreprises dans leur transition vers le cloud.

Toutes les questions de développement technologique – de l’intelligence artificielle aux logiciels de Red Hat, des serveurs Power au futur ordinateur quantique – sont désormais réunies dans une nouvelle division IBM Technology Group France. Celle-ci est dirigée par Marie-Noëlle Muller, une historique d’IBM France qui a successivement dirigé des unités dédiées à des secteurs d’activité particuliers (telcos, industriels, médias…).

« Nous avons regroupé tous nos départements technologiques dans une même division pour trouver des synergies nouvelles, favoriser l’innovation et concentrer nos expertises », dit-elle, avant d’énumérer des projets en cours, avec Renault et d’autres, là pour améliorer la conformité des produits, là pour bâtir des programmes de fidélité. Elle se flatte qu’IBM France possède un « garage », une sorte de banc d’essai en grandeur nature qui est censé démontrer la pertinence d’une solution technologique au regard d’un enjeu business.

Une offre infrastructures en déclin, mais ce n’est pas un problème

Marie-Noëlle Muller est la première à évoquer les produits : « oui, il y a une très forte articulation des projets autour de la plateforme Red Hat OpenShift », dit-elle. Quid des autres ? Béatrice Kosowski reprend la parole : « Très clairement, nos activités en croissance sont le consulting et le logiciel ; leurs prochains résultats augmenteront encore de 5 à 6 %. Les logiciels de Red Hat affichent à eux seuls 17 % de croissance et, au-delà, de Red Hat, nous aurons encore de belles croissances suite à de nouvelles acquisitions », promet-elle.

« Dans ce contexte, cela nous va très bien que l’infrastructure [les mainframes, les serveurs Power, les baies de stockage, N.D.R.] affiche une croissance négative. C’est une question de cycle », ajoute-t-elle, en expliquant qu’il n’est pas question de délaisser ces plateformes.

D’autant qu’IBM compte bien rester dans l’imaginaire collectif comme un champion du hardware : « de toute façon, nous serons à l’avenir au-devant des offres d’infrastructure avec l’ordinateur quantique. » Béatrice Kosowski rappelle qu’IBM a récemment battu un record en démontrant un prototype fonctionnel de 127 qubits. Il devrait dépasser les 1 000 qubits d’ici à 2023.

Garantir la souveraineté européenne

« Notre cloud hébergé en Allemagne a la certification C5, l’équivalent allemand du SecNumCloud. Il a été bâti pour exécuter les applications les plus critiques, pour des secteurs très réglementés. »
Béatrice KosowskiDirectrice générale de la filiale française, IBM

En réalité, les questions d’infrastructure qui préoccupent les clients d’IBM porteraient plutôt sur celles qui fonctionnent en cloud, car des questions de réglementation se posent.

« La question n’est pas tant que le cloud soit précisément SecNumCloud selon la dénomination française, mais qu’il obéisse à des principes de base : qu’il soit seulement en Europe et qu’il soit hautement sécurisé. Notre cloud hébergé en Allemagne a la certification C5, l’équivalent allemand du SecNumCloud. Il a été bâti pour exécuter les applications les plus critiques, pour des secteurs très réglementés (bancaires, télécoms…) et son infrastructure est surveillée en temps réel par 290 types de mesures », assure la directrice générale.

Encore une fois, elle veut faire comprendre qu’IBM France n’est pas un fournisseur d’informatique comme les autres. « Nous sommes une société de droit français en France. À Amsterdam, l’année dernière, les autorités américaines nous ont contactés pour que nous leur communiquions des données de l’un de nos clients français, dans le cadre du Cloud Act. Nous n’avons cédé à aucune pression. Nous avons orienté la justice américaine vers notre client pour qu’elle se débrouille avec lui », tranche-t-elle.

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