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Qlik : retour en bourse annoncé

Après presque six ans au capital de Qlik, le fonds Thoma Bravo cherche sans réelle surprise une porte de sortie. Il prévoit de réintroduire l’éditeur en bourse, fermant ainsi une page de l’histoire de Qlik marquée par une transformation radicale de son offre.

Qlik s’en va, et Qlik revient. Qlik a fait savoir jeudi qu’il envisageait une introduction en bourse (IPO). L’éditeur de solutions de BI et de DataViz, fondé en 1993 en Suède, a déjà été coté en bourse de janvier 2012 à août 2016, date à laquelle il avait été racheté par Thoma Bravo. Le fonds d’investissement, qui est encore son propriétaire aujourd’hui, l’avait alors sorti de la cotation.

En août 2016, l’action de Qlik était à 30,50 $ ce qui valorisait la transaction à 3 milliards de dollars. Thoma Bravo gère actuellement un actif de 70 milliards de dollars. En 2021, il a acquis l’éditeur d’ETL et de MDM d’origine française, Talend. Spécialiste de l’IT, Thoma Bravo possède 66 éditeurs.

Qlik a officialisé son intention de revenir sur les marchés en soumettant de manière confidentielle un projet d’enregistrement à la SEC, le gendarme de la bourse américaine.

Dans ce document, Qlik ne propose ni de fourchette de prix ni de quantité pour ses actions. Il n’a pas non plus fixé de calendrier. La SEC doit d’abord examiner la demande et donner son aval. Qlik indique par ailleurs que l’IPO éventuelle reste soumise aux conditions du marché et à d’autres paramètres.

Un bon moment pour sortir pour Thoma Bravo

La décision de Thoma Bravo intervient à un moment où les investisseurs valorisent fortement les éditeurs spécialistes des données, de la BI et de l’analytique.

Le fournisseur de datawarehouse en mode cloud Snowflake a par exemple établi un nouveau record pour les entreprises IT en levant 3,4 milliards de dollars lors de son IPO en septembre 2020. Informatica a récemment levé 840 millions $ lors de son retour en bourse. Et Databricks a levé 1,6 milliard $ en capital-risque en août 2021.

Quant aux valorisations de pure players comme Domo ou MicroStrategy, elles ont bondi depuis le début de la crise sanitaire (même si dans le second cas, la spéculation autour du bitcoin – MicroStrategy investit massivement ses ressources financières dans l’actif numérique – explique la majeure partie du bond en bourse).

Une demi-surprise après une décennie de transformation de Qlik

La sortie de Thoma Bravo est une demi-surprise. Même si récemment Qlik France assurait au MagIT que l’éditeur avait toutes les ressources nécessaires pour faire évoluer son offre, pour faire des rachats et pour se développer commercialement, il était inévitable qu’un fonds présent depuis une décennie cherche une porte de sortie pour prendre ses gains.

Sous l’ère Thoma Bravo, Qlik aura radicalement évolué en faisant passer son offre du « vintage » QlikView au « cloudifié » Qlik Sense et en multipliant les rachats.

Sous l’ère Thoma Bravo, Qlik aura multiplié les rachats pour évoluer vers l'analytique augmentée, avancée et embarquée.

Un des atouts des fonds pour un éditeur est de le doter de « meilleures capacités financières pour [faire] des acquisitions. Les sociétés qui font rentrer un fond dans leur capital ont, pour la plupart, clairement la volonté d’en faire », explique Dina Capelle, analyste chez PAC.

« La fusion ou l’acquisition [que permettent les moyens des fonds] avec une entreprise du secteur permet d’avoir un véritable projet industriel, et ainsi de tirer des synergies des business models et d’exploiter la complémentarité des offres », continue Dina Capelle.

Pour Qlik, se fut le cas avec neuf « prises » en six ans : Idevio, Podium Data, Crunch Data, Attunity, Knarr Analytic, RoxAI, Blendr.io, Big Squid et NodeGraph. Toutes ces acquisitions ont infusé l’offre de Qlik pour la diriger vers l’analytique augmentée, l’analytique avancée, l’analytique embarquée directement dans les applications (qu’il appelle « l’Intelligence Active ») et l’automatisation de la préparation des données.

Retour à la vision au trimestre

Si le retour en bourse est logique pour Thoma Bravo, il pose en revanche de nouvelles questions et un nouveau cadre.

Face à la force de frappe de Tableau et de Salesforce, Qlik n’avait a priori pas d’autre choix que de revenir en bourse pour rester dans la course.

« Le soutien d’un fonds de private equity [permet] de mettre en place une stratégie à moyen/long terme » distingue Dina Capelle, « [c’est] très difficile en bourse du fait du cours de l’action qui peut varier très rapidement, notamment à de chaque résultat trimestriel ».

Les fonds qui seront levés par Qlik lors de cette réintroduction seront en revanche certainement bienvenus pour ne pas se laisser distancer par le grand rival Tableau.

Tableau est aujourd’hui très richement doté. Et sa force de frappe est décuplée depuis qu’il est passé dans l’escarcelle du mastodonte mondial du CRM, Salesforce. Un autre facteur qui explique que Qlik et Thoma Bravo n’avaient, a priori, pas d’autre choix que de revenir en bourse pour rester dans la course.

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