Worawut - stock.adobe.com

SAP Process Automation combine low-code et RPA

Les entreprises peuvent désormais automatiser leurs processus grâce à SAP Process Automation, une interface de gestion de flux low-code associée à une brique RPA.

SAP fusionne deux outils existants en un seul produit destiné à l’automatisation des processus métier.

 SAP Process Automation a été présenté au SAP TechEd 2021, en novembre dernier. Il combine en un package SAP Workflow Management, lancé en 2009 pour numériser les flux de travail, et SAP Intelligent Robotic Process Automation (RPA), intégré en 2018 pour automatiser ces tâches. La solution propose une interface utilisateur de type glisser-déposer, no-code, qui doit permettre aux développeurs professionnels et citoyens de bâtir des worfklows visant à limiter les interventions humaines.

SAP Process Automation, disponible depuis la semaine dernière, est une extension de l’investissement de SAP dans l’automatisation des processus, selon Sebastian Schrötel, responsable des produits low-code et no-code chez SAP.

« Maintenant, nous passons à l’étape suivante en créant une offre unifiée d’automatisation des processus », affirme Sebastian Schrötel. « Nous fusionnons ce monde du workflow avec celui de la RPA, et nous en faisons un seul produit de bout en bout. »

« Nous fusionnons ce monde du workflow avec celui de la RPA, et nous en faisons un seul produit de bout en bout. »
Sebastian SchrötelResponsable produits low-code et no-code, SAP

Cette fusion a été motivée en grande partie par les clients qui ont demandé à SAP de les aider à intégrer la robotisation dans leurs workflows, assure-t-il.

« Il ne s’agit pas simplement de combiner les deux produits », souligne M. Schrötel. « Nous ajoutons quelque chose de nouveau qui permet aux citizen developers d’automatiser des processus en bénéficiant d’une expérience no code et de recommandations basées sur l’IA pour certaines tâches. »

Par exemple, une compagnie pharmaceutique a connu un pic de ventes après le déclenchement de la pandémie de COVID-19. De nombreuses commandes arrivaient par e-mail avec des pièces jointes. L’entreprise a utilisé SAP Intelligent RPA pour automatiser la procédure de réception des bons de commande, pour les numériser et les saisir dans le système. Lorsqu’elle a mis en œuvre SAP Process Automation, l’industriel a pu acheminer les commandes en fonction de diverses modalités.

« Les frameworks de règles de gestion sont intégrés à SAP Process Automation, ce qui permet aux clients de disposer d’un cadre décisionnel complet », explique Sebastian Schrötel. « Un client peut ainsi établir des étapes conditionnelles : si la commande est annulée, alors il se passe cela ; si elle dépasse un certain seuil, alors il faut définir différentes approbations, etc. ».

L’automatisation des processus combinée au process mining

Selon M. Schrötel, les produits existants SAP Workflow Management et SAP Intelligent RPA entreront dans une « phase de transition ». D’après lui, l’ajustement devrait se faire en douceur pour les clients, car le contenu qu’ils ont construit dans l’un ou l’autre logiciel peut être aisément transféré dans SAP Process Automation.

SAP Process Automation peut également être intégré à SAP Process Insights, un produit d’exploration et d’analyse des processus développés par SAP Signavio, un spécialiste du process mining racheté en début d’année 2021.

Cela doit aider les clients à appréhender le fonctionnement de leurs processus. En outre, l’outil préconise des actions pour les améliorer. Alors que Process Insights fournit l’analyse, SAP Process Automation est le moteur d’exécution. Il comprend plus de 340 flux de processus, formulaires, règles métiers, tableaux de bord et bots RPA prébatis qui peuvent apporter des réponses aux obstacles les plus courants, selon Sebastian Schrötel.

« SAP Process Insights peut suggérer cet actif afin que les clients puissent étudier les performances d’un processus, puis obtenir des recommandations sur les automatisations à effectuer. L’outil propose des modèles, disponibles depuis le magasin de contenu SAP, qui pourraient résoudre les problèmes », avance-t-il.

L’éditeur allemand assure avoir réuni « plus de 100 scénarios d’automatisation dans les domaines de la finance, la fabrication, les ventes, les services, les achats, et la supply chain ».

« Une fois le processus mis en œuvre, vous pouvez le mesurer à nouveau avec Process Insights pour voir comment il s’est déroulé. Vous entrez alors dans un cycle d’amélioration continue des processus », affirme Sebastian Schrötel.

La RPA fait bon ménage avec les ERP

SAP est sur la bonne voie avec SAP Process Automation, car la RPA est actuellement une tendance de premier plan liée aux ERP, affirme Predrag Jakovljevic, analyste principal du secteur chez Technology Evaluation Centers.

« L’automatisation des processus est un facteur clé pour les entreprises qui doivent réduire leurs coûts d’exploitation et le temps de cycle. »
Maureen FlemingAnalyste et Vice-présidente du programme chez IDC

Cette tendance s’observe aussi chez les rivaux de l’éditeur allemand. Microsoft dispose de la plateforme low-code/RPA Microsoft Power Automate, et Salesforce compte infuser la RPA avec l’acquisition de Servicetrace via sa filiale MuleSoft en 2021.

De plus petits éditeurs d’ERP comme Acumatica et Plex ont également introduit des fonctions d’automatisation des processus, mais en s’associant à des spécialistes de l’automatisation comme UiPath et Blue Prism. Pour les clients, cela pourrait nécessiter la souscription à des licences supplémentaires et des problèmes d’intégration et de mise à niveau, selon Predag Jakovljevic.

« Seuls les plus grands ont le privilège et l’avantage de proposer des fonctions RPA natives », affirme M. Jakovljevic.

« L’automatisation des processus est un facteur clé pour les entreprises qui doivent réduire leurs coûts d’exploitation et le temps de cycle », déclare Maureen Fleming, vice-présidente du programme chez IDC.

Les organisations souhaitent également former les collaborateurs à la manipulation des outils d’automatisation des processus. Elles sont donc aidées par des produits tels que SAP Process Automation, qui peut rassembler des fonctionnalités low-code et l’automatisation des flux de travail avec le process mining, le traitement intelligent des documents (OCR) et la prise de décision assistée par l’IA, ajoute-t-elle.

« En matière d’automatisation, la tendance est à la consolidation de différents types d’outils et de technologies d’IA sur une seule plateforme », remarque Maureen Fleming. « SAP suit cette tendance clé avec cette combinaison. Compte tenu de l’amélioration des processus pris en charge par les applications SAP, cette offre est dite prête à l’emploi. »

Des doutes à lever

La disponibilité de SAP Process Automation montre que SAP prend au sérieux l’automatisation des flux de travail et la modernisation des ERP, convient Jon Reed, cofondateur de Diginomica, un cabinet d’analystes.

« Si vous parvenez à mettre en place ces flux de travail, vous ne vous contentez pas d’automatiser des choses très basiques, mais vous commencez à vous attaquer à des étapes de processus plus élaborés », explique-t-il.

L’outil devrait être bien accueilli par les clients, car seules les entreprises les plus avancées peuvent développer en interne des systèmes d’automatisation des processus sans l’aide d’un éditeur, poursuit-il. Bien qu’il existe de nombreux éditeurs de solutions d’automatisation, la plupart d’entre eux ne comprennent pas parfaitement les environnements SAP, selon Jon Reed.

« En général, si vous êtes sur S/4HANA, vous allez probablement pencher vers SAP pour l’automatisation, car ils connaissent les processus et le code [ABAP] mieux que quiconque. »
Jon ReedCofondateur de Diginomica

« Un éditeur tiers peut fournir certains des outils et des blocs de construction comme alternative. Tout client, lorsqu’il envisage ce genre de choses, devrait évaluer une série d’outils et d’options », recommande Jon Reed. « Mais en général, si vous êtes sur S/4HANA, vous allez probablement pencher vers SAP pour l’automatisation, car ils connaissent les processus et le code [ABAP] mieux que quiconque. »

L’analyste a en partie raison. SAP est au fait des environnements de développement et des procédures standards. Les entreprises ont souvent fait appel à des ESN pour les accompagner sur la mise en place de flux personnalisés.

Cependant, SAP doit être plus clair concernant la compatibilité de SAP Process Automation avec ses différents ERP. De même, l’éditeur doit défricher les chemins de migration pour les utilisateurs existants de SAP Workflow Management et SAP Intelligent RPA, selon Jon Reed. Il n’est pas certain que SAP Process Automation fonctionnera avec SAP ECC ou d’autres versions des ERP SAP. A contrario, les outils des partenaires du groupe allemand supportent la plupart des systèmes en place.

« Les scénarios de migration pour des produits comme celui-ci ne sont probablement pas trop lourds, mais les clients auront toujours besoin d’avoir des réponses à leurs questions », remarque-t-il. « Si vous êtes un client de l’un de ces produits, vous accueillez sans doute favorablement cette direction, car vous pouvez voir que SAP investit fortement dans ces outils, et c’est une bonne nouvelle pour eux. »

SAP a d’ores et déjà annoncé des intégrations possibles entre Process Automation et les SDK de SAP Ariba, la solution dédiée au sourcing, aux achats et aux approvisionnements, et SAP SuccessFactors, le logiciel HCM de l’éditeur. SAP Process Automation est accessible depuis la plateforme BTP, elle-même hébergée sur AWS, pour le moment. Sur le papier, la nouvelle combinaison d’outils semble plutôt compatible avec S/4HANA Cloud.

Pour approfondir sur BPM et RPA

Close