BPM : Bonitasoft sous l’aile d’un fonds européen

Pour accompagner une « nouvelle étape de [sa] croissance », le fonds d’investissement, Fortino Capital Partners prend une part majoritaire du capital de l’éditeur français Bonitasoft. Ce spécialiste dans le financement de solutions SaaS BtoB croit dur comme fer dans le potentiel du marché européen.

Bonitasoft a annoncé un apport important à son capital par Fortino Capital Partners, un fonds d’investissement basé à Anvers, en Belgique. Le montant de cette opération est inconnu, mais elle consiste en l’acquisition d’une participation majoritaire des anciens investisseurs que sont BpiFrance, Auriga Partners, Serena Capital et Ventech. Sur son site Web, Fortino précise qu’il « déploie » généralement 5 à 30 millions d’euros de fonds propres initiaux en « capital à croissance ».

Fortino s’est spécialisé dans l’accompagnement des éditeurs de logiciels BtoB en Europe. « Nous accompagnons en particulier les logiciels qui ont des fonctions dites “critiques” (business critical), car cela augmente la fidélité de la clientèle et rend les entreprises moins dépendantes des cycles économiques. Nous avons pu vérifier cette thèse durant la crise Covid-19 », affirme Arnaud de Vos, Investment Director de Fortino en charge de la France.

« Étant donné notre modèle opérationnel qui implique un suivi actif, il est important pour nous d’avoir un rayon d’action bien défini, qui nous permette de nous rendre dans nos sociétés de manière régulière », poursuit-il.

« Nous pensons qu’en nous focalisant sur le BtoB SaaS et dans une région spécifique, l’Europe, nous nous assurons de passer suffisamment de temps à comprendre les challenges rencontrés par nos sociétés en portefeuille et à les aider à prendre les meilleures décisions ».

Le spécialiste du BPM, de la programmation visuelle et de l’automatisation des processus espère ainsi développer son activité « dans les pays francophones et hispanophones, de part et d’autre de l’Atlantique », selon le communiqué de presse. Selon Miguel Valdes, PDG de Bonitasoft, c’est l’éditeur et ses investisseurs historiques qui sont à l’initiative de cette opération.

« Bonitasoft est une société mature, en croissance et profitable », assure-t-il. « Après 13 ans d’activité et une reconnaissance internationale, nous étions en train de préparer une nouvelle étape de croissance ».

 « Dans ce contexte, la collaboration avec un nouvel investisseur pour nous accompagner dans cette étape faisait partie de nos réflexions avec les investisseurs existants. Nous avons du coup défini les critères et objectifs pour ensuite contacter différents fonds européens », ajoute-t-il.

« Bonitasoft est la huitième société de notre fonds de croissance. Notre portefeuille d’investissement inclut de nombreux autres éditeurs de logiciel SaaS. »
Arnaud de VosInvestment Director de Fortino, en charge de la France

Fortino administre deux fonds, l’un réservé aux startups, (capital à risque), l’autre aux entreprises établies (capital à croissance).

« Bonitasoft est la huitième société de notre fonds de croissance. Notre portefeuille d’investissement inclut de nombreux autres éditeurs de logiciel SaaS, entre autres Efficy CRM, Maxxton, Cenosco, MobileXpense, Teamleader, iObeya, Salonkee, Zaion et Flowlity », liste Arnaud de Vos.

Le directeur des investissements vante le succès d’Efficy, présent dans 60 pays. Fortino a aussi accompagné TrendMiner, racheté par Software AG en 2021.

« Leur connaissance des marchés connexes au BPM et la compatibilité avec notre plan de développement et nos valeurs ont été des facteurs déterminants dans le choix », affirme Miguel Valdes.

Cette nouvelle étape commence par un renforcement de toutes les fonctions commerciales et de support chez Bonitasoft. « Il est bon de rappeler non seulement l’importance des équipes commerciaux/marketing, mais également de toutes les fonctions d’accompagnement prospects/clients telles que l’avant-vente, le support, les customer success ou les consultants », avance le CEO. Le responsable n’a pas précisé d’objectif de recrutement. Actuellement, Bonitasoft emploie 70 collaborateurs répartis entre les trois bureaux de l’entreprise, Paris, Grenoble et San Francisco.

L’on peut toutefois noter la nomination d’Édouard Fourcade en tant que président du conseil d’administration de Bonitasoft.

« Édouard a une très grande expérience dans le développement des sociétés SaaS dans le BtoB (i.e. Anaplan et BMC) particulièrement sur le marché européen. Nous pensons que le partage d’expérience et les échanges sur ce sujet peuvent nous permettre d’avancer plus rapidement », déclare Miguel Valdes.

Edouard Fourcade jouera le rôle d’interlocuteur privilégié entre Fortino et Bonitasoft. « On touche à de nombreux sujets ; par exemple le pricing, le réseau de partenaires, les opérations M&A, les stratégies produit, sales & marketing, finance », indique Arnaud de Vos. « Le choix des priorités est effectué en partenariat avec le management en sus de notre équipe opérationnelle composée d’experts du software, qui travaillent au sein de nos différentes sociétés en portefeuille ».

Techniquement, Bonitasoft a récemment revu sa plateforme pour clarifier la séparation entre la version open source et entreprise tout en tentant de favoriser les interactions entre développeurs professionnels et les concepteurs d’applications moins techniques. L’éditeur continue de miser sur sa communauté de plus de 150 000 développeurs, puis sur les déploiements chez de grands comptes, dont Crédit Agricole.

Avant cela, Bonitasoft avait lancé une version cloud de sa plateforme BPM. Miguel Valdes assure que son entreprise ne veut pas oublier l’IT dans cette équation, alors que les directions métier seraient de plus en plus demandeuses d’automatisation des processus.

Bonitasoft mise sur l’analyse des processus

En matière de recherche et développement, Bonitasoft s’est depuis peu lancé dans l’analyse des processus « via la mise sur le marché d’un projet en logiciel libre appelé Process Analytics ». « Avec une croissance presque exponentielle des données liées à l’exécution des processus d’entreprise, il est important de pouvoir assurer leur suivi en temps réel ainsi que de pouvoir anticiper des problèmes potentiels, toujours dans l’objectif d’optimiser et d’améliorer les opérations dans les entreprises », lance le dirigeant.

Miguel Valdes entend toutefois distinguer cette démarche du process mining traditionnel et la rapproche de l’observabilité et des pratiques de value engineering issues du monde DevOps.

« Dans ce domaine d’activité, il y a des liens, bien évidemment, avec le process mining (qui vise plutôt la découverte et l’analyse des processus existants), mais également avec d’autres domaines comme la RPA, iPaaS, BI… », précise-t-il.

En réalité, certains acteurs, dont Appian et Celonis se tournent vers le principe de boucle vertueuse, où l’analyse a lieu en amont et en aval de la conception de processus métier.

L’automatisation des processus, un « sujet brûlant »

Il est important de noter que la communauté de chercheurs à l’origine du BPM et du process mining est née en Europe. Les doctorants ont été encouragés à fonder leurs propres sociétés qui sont acquises régulièrement par de gros éditeurs (Signavio, Lana Labs, MyInvenio, ProcessGold, etc.).

Et justement, de manière générale, Fortino Capital a confiance dans l’attractivité du marché européen. « Nous avons récemment réalisé une étude approfondie du marché des éditeurs de logiciel en Europe. Le potentiel de marché est important, car les logiciels sont utilisés dans de nombreux secteurs verticaux (santé, énergie, logistique, etc.), mais peuvent également être abordés sous différents angles horizontaux (ressources humaines, achats, CRM, ERP, etc.) », observe Arnaud de Vos.

« En ce moment, la collaboration, la gestion de données et l’automatisation des processus sont en effet des sujets brûlants », ajoute-t-il.

 « Cependant, nous avons identifié de fortes opportunités de croissance durable dans d’autres secteurs de marché : des solutions plus matures de “système d’enregistrement” aux technologies de niche hautement spécialisées, en passant par les solutions ERP verticalisées ».

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