BPM : Bonitasoft veut rééquilibrer ses éditions Enterprise et Community

Bonitasoft a introduit la version 2021.1 de sa plateforme BPM/DPA. L’éditeur français fait évoluer le modèle de son produit en promettant de réunir programmeur et citizen developper, mais aussi d’éliminer la confusion qui entourait ses éditions Enterprise et Community.

Depuis 2009, Bonitasoft propose une plateforme open source (sous licence GPLv2) de CASE management et de BPM auquel se greffe une approche low-code, le tout basé sur Java.

« Chez Bonitasoft, nous pensons que le low-code n’est pas un marché, mais une approche de développement qui s’applique à différents secteurs : la programmation d’API, l’automatisation des processus, la RPA, la BI, etc. », précise d’emblée Miguel Valdés Faura, CEO et cofondateur de Bonitasoft.

Or le low-code tend à se démocratiser en entreprise auprès de personas de moins en moins spécialisés. Conscient de cette tendance, Bonitasoft a souhaité proposer une réponse à ce sujet dans la version 2021.1 de sa plateforme.

« Nous nous sommes demandé comment nous pourrions faire pour inventer un paradigme qui permet aux différents types de personas, en fonction de leurs capacités techniques, d’utiliser la même plateforme », explique le PDG. « Nous avons donc séparé la programmation visuelle, que les “citizen developer” peuvent maîtriser avec un peu de formation, du reste ».

Bonitasoft met l’accent sur la programmation visuelle

Auparavant, il était possible de coder directement depuis la suite de Bonitasoft, mais cette capacité disparaît. « Nous avons beaucoup discuté avec les développeurs dans les DSI qui nous ont dit : “arrêtez de nous proposer des outils pour coder. Je vois bien que pour définir graphiquement un processus, vous offrez les bonnes briques, mais si je dois programmer un connecteur, par exemple, laissez-moi utiliser mes frameworks, mes méthodologies de tests d’intégration continue, mon IDE, etc.” » justifie Miguel Valdés Faura.

Le PDG estime que les changements apportés améliorent la gouvernance. « Nous essayons de n’exclure aucun des scénarii possibles et laisser l’organisation choisir la manière dont elle veut aborder les projets, peu importe si nos interlocuteurs viennent de la DSI ou d’une direction métier ».

Selon ce principe, Bonitasoft propose une simplification de l’administration des usagers. Si un collaborateur est relié à un SSO (SAML ou Kerberos), il est automatiquement enregistré comme un utilisateur à sa première connexion à portail Bonita.

Par ailleurs, l’éditeur de scripts rattaché à l’éditeur de processus et basé sur le langage Groovy a été revu. Il gère l’accès aux attributs des objets métiers et aux opérateurs des expressions en glisser-déposer et aux clics. Jusqu’alors, il proposait un environnement de développement qui complétait les variables écrites par un développeur.

« C’est notre rôle en tant qu’éditeur de proposer des formations de programmation visuelle, sans pour autant qu’il y ait besoin de connaître Java ou Groovy. »
Miguel Valdés FauraCEO et cofondateur, Bonitasoft.

Avec cette capacité, comprendre les logiques qui sous-tendent les processus métiers est un impératif. Clairement, Bonitasoft ne cède pas aux sirènes de l’approche no-code et souhaite conserver une forme de transparence quant à la nécessité d’éduquer les non-développeurs.   

« Il faut arrêter de croire que l’on peut utiliser ce type d’outils sans apprentissage, ce n’est pas du “cliquouillage” si vous me permettez l’expression », répond Miguel Valdés Faura. « C’est notre rôle en tant qu’éditeur de proposer des formations de programmation visuelle, sans pour autant qu’il y ait besoin de connaître Java ou Groovy ».

« Nous nous inspirons de l’approche no-code pour la programmation visuelle, mais ce n’est pas notre marché », clarifie le PDG de Bonitasoft. « Nous ciblons des grands groupes qui mènent des projets impliquant des processus complexes et beaucoup de personnalisations. Le marché no-code ne peut pas servir ce type de clients, en tout cas pas sans imposer des contraintes ».

Une édition open source largement enrichie (et légèrement diminuée aussi)

En parallèle, Bonitasoft veut faciliter l’adoption de sa plateforme auprès d’un public élargi. Dès lors, la grande nouveauté de Bonita 2021.1 repose sur le passage en open source de capacités disponibles dans l’édition Enterprise dans Bonita Community. Tous les connecteurs vers les applications d’entreprises (SAP, Office, Salesforce, UiPath) et les assistants d’appairage (email, bases de données, Twitter, services web) ainsi que le plug-in Git de la Development Suite sont désormais accessibles à tous.

De même, un ensemble de fonctionnalités (un moteur de recherche des cases, widgets, des facultés responsives, des éditeurs visuels simplifiés, la gestion des différents environnements de développement, etc.) intègre cette édition communautaire. Dans un « souci d’harmonisation », l’éditeur a tout de même retiré des capacités de la version open source dans la 2021.1, dont un outil de purge qui permet de nettoyer les instances de processus terminées d’un runtime Bonita et la génération de métriques JMX facilitant la supervision des cases (la version Community dispose d’une autre solution de collecte de logs précise la documentation).

« Nous avons gardé toute notre valeur ajoutée dans l’offre de souscription commerciale, à savoir le monitoring de processus, la scalabilité, la supervision des erreurs, etc. »
Miguel Valdés FauraCEO et cofondateur, Bonitasoft.

« La différenciation entre les éditions Enterprise et Community fait partie d’un chantier d’envergure. Ce n’est jamais simple pour un éditeur open source de séparer ce qui est ouvert de ce qui ne l’est pas. Dans cette version 2021.1, nous faisons un gros pari. N’importe qui peut mener à bien un projet d’automatisation des processus avec l’édition communautaire. Nous avons gardé toute notre valeur ajoutée dans l’offre de souscription commerciale, à savoir le monitoring de processus, la scalabilité, la supervision des erreurs, etc. Bref, tout ce qui concerne la gestion de la production » détaille Miguel Valdés Faura.

Bonitasoft veut convaincre les grands comptes

Selon le PDG, cela permet à Bonitasoft de mieux cibler les grands groupes tout en proposant une plateforme BPM low-code ouverte et accessible gratuitement, pour ceux qui comptent gérer par leurs propres moyens la mise en production… ou bénéficier d’un essai prolongé avant de se tourner vers les services de l’éditeur.

« Au départ, nous nous retrouvions face à de petits acteurs. Aujourd’hui, nos concurrents directs sont Appian, PegaSystems et ce genre de groupes. Nous nous efforçons d’être beaucoup plus flexibles qu’eux en ciblant mieux les équipes techniques » vante Miguel Valdés Faura.

Bonitasoft dessert plus de 320 clients abonnés, dont Crédit Agricole, la MAIF, le ministère des Armées et l’opérateur immobilier Icade.

En 2019, la société française a lancé Bonita Cloud, une version managée de sa plateforme hébergée sur AWS, complétée par une extension de livraison continue. En ce début d’année 2021, il présente un service adressé aux grands groupes, nommé Fast Track. « Jusqu’à maintenant, nous faisions comme tous les éditeurs en proposant des services de formation pour accompagner, valider l’architecture, mais l’implémentation du projet était faite soit par le client, soit par un membre de notre réseau de partenaires [CGI, Atos, Capgemini ou encore RS2i en France N.D.L.R.]. Avec Fast Track, nous nous engageons à prix fixe à déployer ou à faire déployer le premier livrable en quelques semaines », déclare le PDG.

Appian tient une promesse similaire avec Appian Garantee, qui assure la réalisation d’un premier projet en deux mois pour 150 000 dollars.

Quant au sujet de la combinaison de la RPA avec le BPM, Bonitasoft maintient un partenariat avec UiPath. « Nous préférons disposer d’une connexion native avec un vendeur afin de présenter un positionnement clair et de ne pas nous disperser. Nous n’avons pas d’autres partenaires, je n’exclus pas d’en accueillir de nouveau, mais il est possible d’interfacer Bonita avec Blue Prism ou Automation Anywhere, par exemple, via nos API REST génériques », conclut le dirigeant.

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