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PTC enrichit son offre ALM et tente d’accélérer sa transformation SaaS

En rachetant Intland Software et en passant un accord avec ITC Infotech, PTC entend renforcer son offre ALM et poursuivre sa transition vers le SaaS. Malgré les embûches, l’éditeur basé à Boston n’a pas changé de braquet depuis 2016.

En fin de semaine dernière, PTC a annoncé son intention d’acquérir Intland Software, un éditeur allemand de solutions d’application lifecycle management (ALM) qui emploie 115 salariés. L’opération est évaluée à 280 millions de dollars et devrait être conclue au troisième trimestre fiscal, à la fin du mois de juin.

Basé à Stuttgart depuis 1999, Intland Software édite codebeamer et codebeamer X, des logiciels ALM destinés au secteur pharmaceutique, à l’industrie automobile, à l’aérospatiale, ou encore à la conception de biens de consommation.

En se connectant à la plupart des outils DevOps et de conception CAD du marché, codebeamer doit permettre d’administrer des projets Waterfall et Agile, de contrôler des versions et de mettre en place les procédures de gestion des variantes, de gérer les tests de sécurité et de qualité, de revoir le code ou les modèles CAO, et surtout de cartographier les risques et les exigences techniques.

Codebeamer doit compléter l’offre ALM de PTC

Intland Software vend codebeamer X comme un ELM ou un outil d’Engineering Lifecyle Management pour les produits basés sur un logiciel. « Pour les entreprises des secteurs pharmaceutiques et médicaux », cela permet d’ajouter des templates liés aux régulations et à la gestion de la qualité et des tableaux de bord de suivi, selon l’éditeur allemand.

Les deux logiciels sont disponibles sur site ou dans le cloud en mode SaaS.

PTC avait déjà une solution ALM depuis le rachat de l’Américain MKS en 2011. L’éditeur ne compte pas abandonner des produits existants au profit de cobeamer. Même, PTC envisage de les proposer conjointement ; tout comme il compte coupler codebeamer avec Windchill et Arena Solutions, les produits ALM et ELM d’Intland demeureront accessibles indépendamment des autres logiciels de PTC.

En revanche, Intland Software a déjà opéré sa transition vers le SaaS, une transition en cours chez PTC depuis au moins 2016. Plutôt que de migrer l’ensemble de son catalogue dans un mode SaaS disponible depuis le cloud, PTC poursuit une tradition ancrée dans le secteur du PLM et de la CAO : les acquisitions.

Si PTC ne souhaite pas réinventer la roue sur certains aspects, l’éditeur entend adapter ses produits historiques au SaaS. Ainsi, dans la foulée du rachat d’Intland, l’éditeur a annoncé Windchill + une « architecture » SaaS pour son PLM, promettant aux clients qui l’adoptent de réduire le nombre de produits et le fardeau du maintien en production de solutions configurées à façon sur site.

Siemens et Dassault Systèmes tiennent à peu de choses près le même discours, mais certains clients industriels ne sont pas prêts à faire cette transition. Le secteur automobile n’oppose pas véritablement de résistance, mais certains acteurs de la défense sont plus prudents quant à l’adoption du SaaS et du cloud. PTC en a déjà fait les frais par le passé.

Une lente transition vers le SaaS qui commence à prendre forme

PTC a bien remarqué cette « adoption lente du SaaS », dixit Jim Heppelmann, président et CEO de PTC. Selon le dirigeant, les besoins en HPC et en stations de travail digne de ce nom, ainsi que la volonté des clients de préserver leurs propriétés intellectuelles, les ont dissuadés de se tourner plus rapidement vers un modèle SaaS.

« Sur le long terme (disons une période de cinq à dix ans), nous croyons que l’approche SaaS va devenir la méthode de déploiement dominante des logiciels d’ingénierie. »
Jim HeppelmannPrésident et CEO, PTC

Cependant, le cloud aurait favorisé l’amélioration de la qualité du réseau et l’accès à des ressources de calcul « illimitées », ce qui supprimerait la plupart des barrières pour les industriels. Pour l’instant, Jim Heppelmann reconnaît que le SaaS a surtout pris dans les universités et auprès des petites et moyennes entreprises. Cependant, de plus en plus de grands groupes envisageraient d’adopter ce mode de licence et le cloud. « Sur le long terme (disons une période de cinq à dix ans), nous croyons que l’approche SaaS va devenir la méthode de déploiement dominante des logiciels d’ingénierie », écrit le CEO.

Par conséquent, ce modèle SaaS sera généralisé à l’ensemble des installations existantes des produits PTC.

C’est aussi un moyen pour l’éditeur de revoir sa priorité et de se concentrer sur ses produits, plutôt que sur les déploiements. Le partenariat avec ITC Infotech semble le prouver. Le 21 avril, les deux acteurs ont signé un accord pour que l’ESN basée en Inde reprenne une partie de l’activité d’implémentation des produits PLM en mode SaaS de PTC. La nouvelle entité chez ITC Infotech est nommée DxP Services et aura pour mission d’encourager et d’aider les clients de PTC à passer de solutions Windchill, déployées à façon, à l’architecture SaaS, de préférence sur le cloud.

« Avec ITC Infotech, nous créons une équipe spécialisée pour libérer le potentiel des prestations fournies liées à Windchill et accélérer la capacité des industriels à tirer parti des avantages offerts par le SaaS, tels que l’accessibilité, la sécurité et un coût total de possession inférieur », affirme Jim Heppelmann dans un communiqué de presse. Là encore, cette transaction devrait être finalisée en juin prochain.

En clair, et comme LeMagIT l’a déjà observé chez Renault concernant son adoption des produits de Dassault Systèmes, le monde du PLM et de la CAO est en train de connaître la même transition vécue depuis quelques années par les clients de SAP. En espérant que les migrations soient moins éprouvantes pour les DSI.

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