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Le PDG d’OpenText explique le pourquoi du rachat de Micro Focus

Dans cet entretien, Mark Barrenechea évoque sa grande acquisition de Micro Focus, le cloud et son Projet Titanium, la progression de son IA (Magellan), et les retombées possibles du métavers pour OpenText.

La croissance d’OpenText va connaître un coup d’accélérateur avec la clôture, attendue incessamment sous peu, de la procédure de rachat de l’éditeur britannique Micro Focus. OpenText va débourser pas moins de 6 milliards $ pour intégrer une société presque aussi grande que lui. Sur 2021, OpenText a affiché un CA de 3,5 Md $ ; Micro Focus 2,9 Md $.

Reste que les synergies possibles entre les deux acteurs – celles qui ont amené à cette acquisition – n’ont pas forcément été très bien comprises au moment de l’annonce.

Pour les expliquer, le PDG d’OpenText, Mark Barrenechea a accepté de discuter du pourquoi de ce rachat.

L’occasion d’aborder également d’autres sujets clefs pour l’éditeur d’EIM comme l’évolution de l’IA « maison » (Magellan), la cloudification d’OpenText, ou encore la manière dont des technologies très « hypes » – le métavers et la réalité virtuelle – pourraient être des opportunités pour l’éditeur canadien.

TechTarget/LeMagIT : L’acquisition de Micro Focus devrait être finalisée dans les jours qui viennent. C’est un énorme rachat pour vous. Pourquoi avoir pris cette décision et quelle est votre stratégie en ciblant Micro Focus ?

Mark Barrenechea : Lorsque nous avons racheté GXS [en janvier 2014], à l’époque, cela a ajouté environ 30 % à nos revenus. Aujourd’hui, Micro Focus leur ajoutera un peu plus de 40 %. Donc, ce n’est pas un si grand bond que cela [en termes de revenus].

Micro Focus est une entreprise que nous connaissons bien. Nous les suivons depuis longtemps. Nous évoluons sur des marchés très proches – des marchés de renouvellement, dans les logiciels d’entreprise, avec les mêmes acheteurs.

Eux ont une activité qu’ils appellent IM&G (Information Management and Governance) ; nous, nous appelons cela « contenu ». Ils sont dans la sécurité ; nous y sommes aussi. Ils ont des compétences fortes dans le domaine des mainframes, de leurs automatisations et de leurs connectivités ; nous avons des technologies comme l’EDI [N.D.L.R. échange de données informatisées].

« Tout ce que nous faisons, nous le relions toujours à l’information [...] même dans notre acquisition de Micro Focus. »
Mark BarrenecheaPDG d'OpenText

Micro Focus a par ailleurs une culture qui ressemble beaucoup à la nôtre.

Ils vont aussi bénéficier de notre cloud. Nous avons fait des investissements importants qu’ils n’ont pas faits, nous avons appris à aller dans le cloud public ; eux ne font que commencer ce chemin.

Quand je vois notre parcours au cours des cinq dernières années pour faire du cloud notre plus grande source de revenus, je sais que nous pouvons les aider à faire de même.

TechTarget/LeMagIT : Par le passé, OpenText était présenté comme un spécialiste de la gestion de contenus (ECM), puis comme de la gestion de l’information (EIM). Qu’êtes-vous et qu’allez-vous devenir avec Micro Focus ? Une spécialiste de la sécurité ? Ou middleware ?

Mark Barrenechea : Nous restons « the Information Company ».

Tout ce que nous faisons, nous le relions toujours à l’information. Nous avons une large gamme de produits, et nous pouvons fournir un large éventail de solutions dans ce domaine. Mais même dans notre acquisition de Micro Focus, nous pensons en termes d’« entreprise de l’information », que ce soit sous l’angle du contenu, de l’expérience, de la sécurité ou de la fiabilité de l’information.

TechTarget/LeMagIT : Autre gros projet pour vous, il y a quatre ans, vous avez lancé votre IA maison, Magellan, pour infuser vos produits. Où en êtes-vous ?

Mark Barrenechea : Nous avons passé [les années de pandémie] à développer Magellan. Je précise que nous ne cherchons pas à fournir un outil générique pour tous les cas d’usage de l’Intelligence artificielle. Nous voulons au contraire proposer un outil de machine learning qui libère de la valeur dans nos outils – par opposition à une IA qui résoudrait n’importe quel problème, n’importe où, tout le temps.

Magellan communique désormais avec Content Cloud, Experience Cloud et Business Network Cloud. Il connaît les modèles de données et l’aspect temporel des données que nous devons obtenir du système transactionnel. Nous avons sélectionné des algorithmes et de nouvelles bibliothèques ; et nous avons commencé à intégrer des outils tiers.

Notre technologie a beaucoup avancé. C’est stratégique pour nous. Nous n’en sommes qu’au début, mais nous avons fait des progrès considérables.

TechTarget/LeMagIT : Faire de l’IA est un sujet tendance. Se lancer dans le métavers, encore plus. Regardez-vous vers ces univers immersifs, qui reposent beaucoup sur de nouveaux types de contenus ? Vos clients commencent-ils à demander à OpenText de prendre en charge ces « actifs numériques » d’un nouveau genre ?

Mark Barrenechea : Je dirais que les « verses » – je n’appelle pas cela « metaverse » parce que je ne sais pas comment cela s’appellera demain – sont définitivement sur notre radar.

Par exemple, un de nos clients est une marque mondiale de cosmétiques qui a normalisé ses actifs numériques sur Experience Cloud. Il a maintenant des actifs « crowd sourcés ». Et ils ont aussi des images générées par l’IA. Nous verrons où tout cela nous mène - « verses », jumeaux numériques et expérience de réalité virtuelle. Mais nous regardons, oui.

TechTarget/LeMagIT : Si vous deviez mettre en avant un ou deux éléments majeurs à retenir de votre roadmap, quels seraient-ils ?

Mark Barrenechea : Titanium 23.2 (version du deuxième trimestre de 2023). Nous avons consacré beaucoup de temps de réflexion, beaucoup de R&D, beaucoup de préparation pour arriver à Titanium.

Qu’est-ce que le Projet Titanium d’OpenText ?

Lors d’un échange avec les analystes financiers, en novembre 2022, sur les résultats du premier trimestre de l’année fiscale 2023 d’OpenText, Mark Barrenechea décrivait le Project Titanium comme « notre agenda d’innovations pour adapter tous nos logiciels au cloud public et aux APIs »).

Le Projet Titanium a été dévoilé en juin 2022, lors de l’OpenText World EMEA.

C’est très important dans notre feuille de route parce que notre cloud public sera alors à parité fonctionnelle [avec les offres de cloud privé]. Les clients pourront vraiment choisir où héberger chaque workload. C’est un grand facteur de liberté… c’est donc sur ce point que nous nous concentrons.

Cela, et faire fonctionner Magellan par-dessus.

TechTarget/LeMagIT : Avec Titanium, vous vous dirigez vers le cloud public, tout comme Oracle, SAP ou Microsoft d’ailleurs. Pensez-vous comme certains que l’avenir est au 100 % cloud ?

Mark Barrenechea : Non, je ne le crois pas. Le cloud sera-t-il la plus grande plateforme ? Ça oui, je le crois.

Mais arrivera-t-il un jour où les mainframes auront disparu du paysage ? Je ne pense pas que je verrai cela de mon vivant. Idem pour le sur site/on prem et le cloud privé. Il y a trop de bénéfices là-dedans – la valeur du contrôle, la valeur de la sécurité, la valeur de la protection de tout votre savoir-faire, de vos intégrations… il arrive souvent que tout cela dépasse de loin les bénéfices du SaaS. Donc non, je ne vois pas le cloud privé ou le sur site disparaître de sitôt.

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