Slack mêle intégration, automatisation no-code et IA générative

Automatisation des flux de travail, intégration avec Salesforce… Slack multiplie les fonctionnalités pour conserver l’intérêt de ses utilisateurs et tenter d’attirer les commerciaux qui exploiteraient le CRM. La plateforme de collaboration demeure néanmoins dans l’ombre de Teams.

En amont de Dreamforce, la grand-messe de Salesforce prévue la semaine prochaine, Slack a présenté sa feuille de route pour les mois à venir et l’année prochaine.

D’abord, l’éditeur a dévoilé la disponibilité générale de la nouvelle mouture de Workflow Builder, une fonctionnalité accessible depuis 2019.

Workflow Builder est un outil no-code d’automatisation de flux de travail. Cette fonction spécifique à Slack est inspirée d’IFTTT (If then, then that). Ainsi, il est possible de configurer l’envoi d’une notification vers Slack depuis une application tierce ou, à l’inverse, remplir des champs dans un progiciel distant.

 Avant 2019, les usagers utilisaient généralement un outil tiers pour créer ces flux, par exemple Zapier ou Make (Integromat).

Depuis, l’outil a largement gagné en popularité. Selon Slack, plus de 540 millions de workflows ont été exécutés sur la plateforme.

« Chaque jour de la semaine de travail, les utilisateurs lancent 1,7 million de workflows dans Slack, en croissance de plus de 150 % depuis l’an dernier », indique un porte-parole de l’éditeur.

L’automatisation, l’atout clé de Slack

Plus de 80 % des utilisateurs de Workflow Builder ne seraient pas des « profils techniques ».

Les entreprises connecteraient en moyenne 52 applications à leurs instances Slack. Pour rappel, Slack App Directory, la place de marché de l’éditeur, accueille plus de 2 600 applications tierces.

« La plupart des gens veulent envoyer des données, collecter des informations stockées quelque part et les utiliser sans déranger leur équipe. C’est comme cela que les usagers imaginent l’automatisation des flux », explique Rukmini Reddy, Senior Vice president of Engineering, chez Slack. « La complétion de feuilles Google Sheets est un bon exemple ».

Face à cette prolifération des flux d’automatisation et des connexions d’application, Slack s’apprête à lancer Automation Hub dès le mois de septembre 2023.

« Il s’agit de rassembler les workflows et les intégrations dans une seule vue. L’onglet sera accessible directement depuis la nouvelle interface de Slack », détaille Rukmini Reddy.

L’UI revue et revisitée est également l’une des nouveautés à souligner : Slack n’avait pas fait peau neuve depuis 2017.

En sus de la meilleure gestion des workflows et des intégrations, la responsable de l’ingénierie explique qu’il est désormais possible de partager les flux à l’aide d’une URL, permettant de l’éditer dans Workflow Builder.

Outre des connecteurs certifiés pour les produits de Google, Atlassian, Asana et autres, les équipes de Slack ont revu et corrigé l’architecture sous-jacente pour prendre en charge des workflows plus complexes. Il est aussi possible de bâtir ces flux à l’aide Salesforce Flows, afin que les administrateurs de la plateforme CRM puissent maîtriser les automatisations quand elles concernent leur domaine.

Une refonte intimée par l’intégration de Sales Cloud dans Slack

Cette refonte de l’architecture était nécessaire pour accueillir Slack Sales Elevate. Cette offre n’est ni plus ni moins que l’intégration complète de l’interface de Salesforce Sales Cloud dans Slack. Les données sont synchronisées en quasi-temps réel et les principaux éléments de l’interface du CRM, comme le montant total des offres en cours, sont affichés dans l’outil de collaboration.

Slack Sales Elevate, présenté au début du mois d’août, est affiché au prix catalogue de 60 dollars par utilisateur par mois, en sus du forfait Slack et de l’abonnement à Sales Cloud. Il ne faut pas le confondre avec Sales Cloud for Slack, une intégration gratuite permettant de notifier uniquement les changements effectués depuis Sales Cloud dans les canaux de la messagerie.

Avec la même architecture qui propulse Elevate, les développeurs peuvent s’appuyer sur le CLI de Slack pour déployer les applications et les workflows d’automatisation personnalisés sur les infrastructures gérées par Slack.

« Si vous êtes un développeur ou une entreprise, vous pouvez développer une fonction personnalisée et nous l’exécuterons sur notre plateforme pour vous », promet la responsable. « Notre plateforme est désormais modulaire. Vous pouvez combiner ces blocs personnalisés avec un formulaire, une table de données, puis transmettre le tout à un outil tiers, que ce soit PagerDuty, Google Sheets, une plateforme d’IA générative comme celle d’Anthropic, etc. ».

Lists : Slack vante les qualités de son Trello « maison »

En outre, Slack entend renforcer ses fonctionnalités consacrées à la collaboration. Il présente ainsi Lists, une fonction qui entrera en mode pilote cet hiver. Cette interface de planification doit permettre de créer des tâches, de les assigner à des collaborateurs, de les commenter, de les organiser en projets, de trier des requêtes IT ou encore d’approuver des documents.

« Là où Canevas s’appuie sur une approche non structurée, Lists offre un moyen beaucoup plus structuré de collaborer », compare la SVP Engineering chez Slack.

En clair, Slack a récréé son propre Trello, Jira ou Asana.

« C’est bien plus intégré dans la plateforme, cela permet d’appeler les autres fonctions Slack, dont les canevas, et nous pensons que cela augmente la collaboration et la productivité des équipes. C’est déjà le cas dans la mienne », justifie Rukmini Reddy.

Slack GPT devient Slack AI

La cerise sur le gâteau n’est autre que Slack AI, qui vient remplacer l’appellation Slack GPT, rapidement abandonnée par l’éditeur.

Slack et Salesforce avaient déjà présenté ce que pourrait donner l’intégration de l’IA générative dans l’outil de collaboration, en partenariat avec OpenAI. L’éditeur officialise l’arrivée des fonctionnalités channel recaps, thread summaries et search answers au cours de l’année 2024.

Les récapitulatifs permettent de générer des résumés en quelques points du contenu des canaux. En interne, les employés de Salesforce l’ont expérimenté pour récupérer des informations clés qu’ils n’auraient pas consultées lors de leur congé.

« C’est aussi très intéressant quand vous êtes un ingénieur et que vous êtes appelé à l’aide pour résoudre un incident en phase d’escalade. Il peut y avoir eu beaucoup d’échanges avant que l’on vous contacte en tant qu’expert. Obtenir un résumé de ces discussions s’avère utile », selon la SVP Engineering qui partage là sa propre expérience. 

Thread summaries permet de faire peu ou prou la même chose au niveau des fils de discussion, mais cette fois-ci, le résumé est plus détaillé.

Search Answers, lui, permet à l’utilisateur de poser des questions en langage naturel sur les contenus répertoriés dans la plateforme, mais aussi d’articuler la réponse à la requête dans un format plus facilement interprétable qu’une liste d’informations acquises par mot clé.

Rukmini Reddy n’a pas souhaité s’épancher sur l’architecture sous-jacente nécessaire à la mise en production de ces trois fonctions. « Considérez-le comme un LLM privé auquel nous transmettons des informations que nous ne partageons pas avec des acteurs tiers », évoque-t-elle, sans mentionner l’usage des services d’OpenAI.

 L’ombre de Teams

Avant même son rachat par Salesforce, Slack avait l’intime conviction qu’il pouvait devenir le système d’exploitation consacré au travail et à la collaboration.

Selon la responsable de l’ingénierie, l’éditeur conserve le même objectif. « Cela n’a pas changé la manière dont nous travaillons ou la manière de communiquer avec nos clients », juge-t-elle. Les intégrations avec les outils de Salesforce sont simplement perçues comme « des opportunités » provoquées par le rachat, pour tenter de convaincre davantage d’utilisateurs (dont les commerciaux), d’adopter Slack.

Pour autant, Microsoft rattrape petit à petit son retard en imbriquant un grand nombre de solutions dans son offre et accueillant les logiciels de partenaires. Le 25 juillet dernier, Microsoft assurait réunir plus de 1 900 applications dans son store attenant à Teams. Ses clients auraient créé 145 000 applications personnalisées.

Même s’il s’est senti contraint de proposer une version de son outil de collaboration en dehors de sa suite Microsoft 365 en Europe, le géant de Redmond reste loin devant le spécialiste du CRM.

En cinq mois, Microsoft affirme avoir vendu 600 000 sièges de son offre Teams Premium et comptabilise 17 millions d’utilisateurs de Teams Phone, sa solution PSTN. Teams serait déployé par 70 % des membres du Fortune 500. À titre de comparaison, sur son site Web, Slack revendique plus de 200 000 utilisateurs abonnés à un forfait payant et 77 sociétés du Fortune 100 utiliseraient sa plateforme. 

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