Workday investit l’Europe

Lors de sa conférence Workday Rising EMEA à Barcelone, l’éditeur américain a détaillé une série d’annonces stratégiques pour renforcer sa croissance dans la région. L’accent est mis sur la souveraineté des données et la proximité.

Barcelone – Workday veut passer à la vitesse supérieure en Europe. À l’occasion de son événement Rising EMEA (le 10e) qui se tient cette semaine à Barcelone, l’éditeur américain spécialiste du HCM et du Core Finance a présenté plusieurs projets pour « redéfinir l’ERP à l’ère de l’IA », selon les mots de sa présidente pour la région, Angelique de Vries-Schipperijn (en photo ci-dessus), devant 6 000 personnes.

Le « nouveau Workday » à la sauce IA

Avec plus de 4 200 employés en EMEA, et 2 300 entreprises clientes, il semble loin le temps où quelques centaines de personnes tout au plus se retrouvaient à Londres autour de ce qui n’était, alors, « qu’une » solution RH.

Depuis, Workday a grossi, dans le monde et en Europe, avec des marchés comme la France qui sont devenus prioritaires. Or, pour approfondir encore son empreinte, l’éditeur n’a pas le choix. Il lui faut localiser encore plus, s’adapter aux réglementations, et cibler encore plus large.

Toutes les annonces s’inscrivent dans ce triptyque, avec, évidemment, l’IA générative en toile de fond (l’IA qui doit « redéfinir le travail et faire le nouveau “Workday” », lance le CEO Carl Eschenbach, en s’inscrivant dans un mouvement au long cours pour l’éditeur).

Workday vise les ETI et change l’UI avec l’IA

Première annonce, le lancement de Workday GO, une plateforme « unifiée » qui cible les ETI pour gérer les ressources humaines, la paie et les opérations financières à l’échelle mondiale.

« Quelle que soit la taille de votre entreprise, nous voulons vous servir », assure Carl Eschenbach.

Deuxième annonce, un outil sur la transparence salariale, Pay Transparency Analyzer, a été développé avec le partenaire Kainos (d’origine britannique). Cet outil était attendu puisqu’il permettra de se conformer à la directive européenne et d’améliorer l’impartialité des pratiques d’équité salariale (notamment hommes-femmes).

Mais Workday regarde aussi l’Europe sous l’angle des talents et des ressources, avec par exemple le rachat d’une start-up suédoise Sana, dont le co-fondateur, qui s’est exprimé sur scène, considère que « l’IA est la nouvelle UI ». Un précepte qui sera appliqué dès 2026 aux applications de son nouveau propriétaire.

Hébergement souverain et infrastructure renforcée

Pour répondre à la demande croissante des entreprises européennes et aux exigences réglementaires, Workday annonce également la mise en service de son EU Sovereign Cloud.

Photo de Angelique De Vries-Schipperijn
Angelique de Vries-Schipperijn au Workday Rising EMEA 2025

Cette offre permettra de faire fonctionner les applications de Workday dans un cloud localisé entièrement au sein de l’Union européenne, avec un « contrôle complet » sur les données, et des intervenants entièrement européens également.

Le partenaire hébergeur est AWS. Une offre, qui, pour la France, n’aura de souverain que le nom, puisqu’elle sera tout de même soumise à un droit extraterritorial étrange, mais qui correspond bien aux attentes d’autres pays européens.

L’éditeur renforce également sa collaboration avec Google, via une disponibilité de ses solutions sur la Google Cloud Marketplace dans plusieurs pays européens, dont la France, l’Allemagne, le Royaume-Uni, l’Italie ou encore la Suède.

Une présence locale qui s’élargit

En parallèle de ces investissements technologiques, Workday affirme sa volonté de renforcer sa proximité avec les marchés locaux.

L’éditeur a ouvert des bureaux à Varsovie et Milan, en plus de ceux qu’il possède déjà à Paris, Londres, Zurich et Dublin. Dublin justement, où Workday promet d’investir 175 millions d’euros dans un Centre d’Excellence IA. Sans oublier un bureau ouvert à… Marseille.

Parmi les nouveaux clients européens qu’il a conquis, Workday cite Louis Dreyfus Armateurs (France), Almatis (Allemagne), Greenenergy International (Royaume-Uni), Davines (Italie), Fundación Tecnalia (Espagne), ou encore Keskinäinen Vakuutusyhtiö Fennia (Finlande).

Enfin, dans une optique d’ouverture – plus large que la seule séduction des Européens, et déjà entamée avec Databricks, Snowflake et Salesforce –, mais qui vise aussi à tenter les organisations du Vieux Continent, Workday étend son écosystème en ouvrant davantage sa plateforme aux développeurs.

Dans ce cadre, Google BigQuery rejoint Workday Data Cloud, avec une intégration « zero-copy » entre les données RH et financières de Workday et les outils d’analytique avancée de Google.

Bref, l’Europe est un terrain de jeu qui attise les appétits de Workday. « C’est le Rise EMEA le plus centré sur EMEA que l’on ait jamais fait », conclut d’ailleurs Carl Eschenbach, « nous n’avons jamais autant présenté de fonctionnalités pour l’Europe, et qui viennent de l’Europe ».

Workday voit en tout cas dans l’IA intégrée (celle qui procure le plus de valeur, plaide son CEO) et dans l’IA agentique (qui doivent compléter les humains et pas les remplacer, assure-t-il) une carte majeure à jouer pour damner des pions à des acteurs du midmarket (comme Cegid ou Acumatica) et au champion local toute catégorie SAP. Ironie de l’histoire, le nouveau président de la technologie et des produits de Workday, arrivé en provenance de Google cette année, est allemand.

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