Workday GO : le géant de l’ERP regarde vers les ETI
Une nouvelle offre de Workday cible le « midmarket ». Elle propose une parité fonctionnelle avec le « Workday standard », mais avec un paramétrage adapté. L’éditeur se positionne face à un NetSuite ou des acteurs locaux comme Cegid.
Small is beautifull. Plusieurs signes montraient que Workday regardait vers le « midmarket ». L’annonce du lancement d’une offre dédiée lors de son évènement Rising EMEA 2025 a encore clarifié les choses. Le nouveau géant de l’ERP, qui tutoie les 9 milliards $ de revenus, s’intéresse clairement aux entreprises plus petites.
Mais pas trop petites non plus.
« Ce que nous essayons de cibler, ce sont les besoins des organisations de moins de 500 employés », resitue Pierre Gousset, VP Presale EMEA. Cette segmentation n’est cependant pas rigide. « C’est pour donner une idée », ajoute-t-il immédiatement. « En réalité, nous accordons moins d’importance à la taille qu’au contexte du client, à ses besoins de simplicité en termes d’applicatifs, d’expérience utilisateur, de déploiement et d’IT ».
Un Workday pour des processus moins complexes
Cette nouvelle offre s’appelle « Workday GO ».
La « plateforme » est la même que la suite HCM/SIRH et Core Finance que Workday développe pour les grands groupes, mais avec une « pré-configuation “out of the box” » mieux adaptée à des sociétés dont les workflows ne sont pas aussi complexes que ceux des clients historiques de Workday.
« You go with GO, then you grow with GO. »
Carl EschenbachCEO de Workday
Un bon exemple est donné par Backmarket qui est passé sur Workday cette année. L’entreprise française a fait sa migration avant Workday Go et sa taille (700 employés) l’aurait a priori placée en dehors du périmètre ciblé. Il n’en reste pas moins que Backmarket est passé par une phase de paramétrage de plusieurs semaines où il a, par lui-même, désactivé des étapes dans des procédures – comme celle de la validation des photos dans les profils RH.
« Nous n’avons pas de règles là-dessus. Au contraire, si la photo est un peu rigolote, cela nous va très bien », sourit son Head of People Efficiency, Aymeric Kinget. « Les process dans le “Workday standard” étaient souvent trop longs pour nous, avec des chaînes d’approbation qui ne correspondaient pas à notre culture. Pour donner plus d’autonomie aux équipes, notre gros chantier a été de retirer beaucoup d’approvals », raconte-t-il.
« L’objectif de Workday GO est de fournir le Minimum Viable Product », synthétise Pierre Gousset.
Un MVP qui bénéficie de l’IA et qui peut se débrider
L’IA générative ouvrirait donc une fenêtre d’opportunités pour parler au midmarket.
Par la suite, si ces entreprises grandissent, changent de catégorie, et veulent débrider leurs applicatifs, pas de problème – assure le CEO. « You go with GO, then you grow with GO », lance-t-il.
Des ETIs qui regardent l’international
Une des particularités de Workday GO est de proposer une gestion unifiée de la paie sur différents pays. C’est d’ailleurs un point supplémentaire, en plus de la taille, pour décrire sa cible type : les entreprises avec une visée internationale.
« Beaucoup de nos clients ETI, en France et dans l’Union européenne, sont de taille inférieure aux grands groupes, mais ils opèrent dans plusieurs pays », constate Pierre Gousset. « Ils ont une volonté d’expansion sur des marchés internationaux, ou déjà une présence internationale ».
« Beaucoup de nos clients ETI en France ont une volonté d’expansion ou déjà une présence internationale. »
Pierre GoussetVP Presale EMEA de Workday
Pour ce « Global Payroll », Workday a noué un partenariat avec Remote. L’idée est de donner aux ETIs les moyens « de recruter et de gérer des talents où qu’ils se trouvent, de manière simplifiée et fluide », avance Job Van der Voort, CEO et co-fondateur de Remote.
« Mais, à la fin des fins, pour le client, tout passe par un seul interlocuteur : nous », insiste Pierre Gousset.
Résultat de cette simplification à tous les étages, le « go live » durerait 6 à 8 semaines ; « maximum », insiste le responsable EMEA.
Quant au prix, il est fixé à l’avance. « Pour un coût prédit à l’origine, sur un périmètre qui convient [à l’ETI], qui ne va pas au-delà de ce dont elle a besoin », résume-t-il.
Un segment de marché ultra-concurrentiel
En France, 65 % de l’activité de Workday se ferait déjà dans le midmarket. Mais principalement sur le « tier » haut de ce segment. « Le but est d’être capable de descendre plus bas avec encore plus de simplicité [dans le produit] », analyse Pierre Gousset.
Stratégiquement, le mouvement semble en tout cas intéressant.
Il a déjà été tenté – avec plus ou moins de réussite – par d’autres leaders de l’ERP, à commencer par SAP (Business One, ByDesign, Grow) et Oracle (NetSuite) qui ont vu, comme Workday, « le potentiel énorme des ETI » (dixit Pierre Gousset).
Le mouvement place Workday encore plus en frontal d’acteurs locaux, comme Cegid, mais il permet à l’éditeur d’occuper un espace que lorgnent aussi « de petits acteurs qui essayent de faire le mouvement inverse au nôtre », constate Pierre Gousset.
Les ETIs sont donc un marché de plus en plus concurrentiel et prometteur, qui attisent les appétits dans l’IT, et dans lequel Workday veut, aujourd’hui, pleinement prendre sa part.