Stockage en ligne : la startup Shade réduit les téléchargements

Pour l’heure surtout dédié aux studios de création, le stockage en ligne de Shade regroupe plusieurs fonctions, dont la création automatique de métadonnées et le double accès web/mode fichier, qui évite les transferts entre services cloud.

Développé par la startup américaine éponyme, Shade est un nouveau service de stockage de documents en cloud qui se veut plus fonctionnel que les autres offres du marché. En vedette, il dispose d’une IA interne capable de décrire le contenu de chaque document – et plus particulièrement s’il s’agit de médias vidéo, audio ou graphiques, le domaine d’origine de la startup.

Cette IA sait faire de la reconnaissance faciale et retranscrire les pistes audio en texte. Les descriptions nourrissant automatiquement une base de métadonnées, les contenus non textuels stockés sur Shade deviennent immédiatement trouvables via une simple requête dans un moteur de recherche.

« Comptez plus de 200 heures pour écrire à la main une ou deux phrases descriptives pour 300 vidéos. Avec Shade, l’IA fait cela en une minute. Il vous faut en moyenne 3 heures de fouilles sur les plateformes de nos concurrents pour retrouver une image vieille de trois ans. Avec le moteur de recherche de Shade, vous l’aurez récupérée en moins de 10 secondes » vante Brandon Fan, le directeur général de la startup (en photo en haut de cet article), que LeMagIT a rencontré lors d’un récent évènement IT Press Tour consacré aux acteurs qui innovent dans le stockage de données.

Plusieurs services en un

Un autre intérêt de Shade est qu’il propose à la fois de partager ses contenus via un lien web pour une consultation dans un navigateur, comme ses concurrents Google Drive, Box et autres DropBox, mais aussi comme un NAS. Cela signifie que les équipes de créatifs qui travaillent sur un projet accèdent à leurs fichiers comme s’ils étaient situés sur un répertoire partagé du réseau local, tandis que les décisionnaires peuvent aller valider un travail en cliquant sur le lien qu’on leur envoie par e-mail.

Techniquement, le répertoire en mode fichier qui présente localement le contenu en ligne du service de stockage est monté sur la machine de l’utilisateur grâce à un agent ShadeFS qu’il faut installer dessus. L’agent est compatible avec Windows, macOS et Linux.

« Vous avez des artistes qui auront posté, par exemple, 5 To de rushes vidéo sur Google Drive et d’autres qui auront mis 1 To d’images sur le service Air. Il vous faut 22 heures et 13 minutes pour récupérer les premiers, 4 heures et 26 minutes pour récupérer les seconds, puis encore 26 heures et 40 minutes pour tout re-poster sur un service comme LucidLink qui va présenter tous ces fichiers sous la forme d’un partage NAS à vos équipes de montage réparties sur plusieurs sites. Avec Shade, tous les types d’accès se font sur un seul stockage, vous ne déplacez rien, vous gagnez plus de deux jours », argumente encore Brandon Fan.

Nouvelle précision technique : un accès de type NAS permet aux équipes d’ouvrir et de sauvegarder les travaux stockés sur Shade ou LucidLink depuis leurs logiciels de création. Mais, dans un tel scénario, pour le montage vidéo typiquement, les équipes travaillent sur une version basse résolution de la vidéo (par exemple en 1080p, alors que l’originale est en 8K) pour ne pas souffrir de la latence de la connexion Internet.

Toutes les modifications sont automatiquement reportées sur la version haute résolution. Cette fonctionnalité de cache est essentiellement gérée par le logiciel de montage (le plus souvent via un module Avid) ; Shade et LucidLink se contentent d’être compatibles avec elle.

La version web de Shade, quant à elle, s’accompagne d’un lecteur pour visualiser les médias. Qui plus est, quel que soit leur format. La plateforme reconnaît plus d’une centaine de formats de fichiers propriétaires générés par les outils de la chaîne graphique et de la postproduction. Dans la foulée, l’interface permet de convertir en ligne les documents vers un autre format supporté.

Cette même interface permet aussi à l’utilisateur d’annoter chaque média, avec une cellule de commentaires qui nourriront eux aussi les métadonnées.

Selon Shade, toutes ces fonctions sont d’ordinaire proposées par des services cloud différents, chacun payant. La startup cite les économies réalisées par certains de ses clients en regroupant tout sur sa solution. Pour 10 To de données, l’un payait 8000 dollars par an avant d’utiliser Shade et 3600 $ après. Pour 100 To, on passe de 80 000 $ à 25 000 $. Pour 1 Po, de 500 000 $ à 150 000 $... Shade, comme la plupart de ses concurrents, est facturé par utilisateur et par capacité de stockage consommée.

Pour l’instant essentiellement utilisé en studio

Encore constituée d’une quinzaine de personnes, Shade a démarré en 2023 à New York avec son IA de création automatique de métadonnées, initialement pour rechercher plus facilement les fichiers audio, vidéo et autres images stockés sur un réseau local. La startup indique qu’elle utilise GPT d’OpenAI ainsi qu’un autre LLM multimodal, ouvert, lui, qu’elle a personnalisé. Elle ne précise pas lequel.

L’idée de transformer ce produit initial en un service de stockage en cloud multifonctionnel ne s’est développée qu’à partir de l’année dernière, pour une sortie plus tôt en 2025.

« La plus grande utilité pour notre IA était dans le domaine des médias et c’est pour cela que toute notre offre est ouvertement conçue pour ce marché-là. Cela dit, nous réfléchissons à élargir nos cas d’usage. Par exemple, nous développerons l’année prochaine la possibilité d’extraire automatiquement des clips d’une vidéo selon, des critères de recherche. Et cela pourrait avoir un intérêt dans, disons, la vidéosurveillance », dit le DG de la startup.

Pour l’heure, Shade n’est disponible sur aucune marketplace cloud. Les ventes se font en direct depuis le site de la startup. Par ailleurs, le scénario le plus courant semble que le client contracte lui-même un espace de stockage S3 chez un fournisseur et que Shade greffe son service multifonctionnel par-dessus.

« Aujourd’hui, toutes nos fonctions vont s’exécuter à partir de ce stockage. Mais nous travaillons en ce moment à développer des automatismes qui vont servir à aller récupérer ou poster des données depuis différentes sources et vers différentes cibles. Par exemple pour apporter nos fonctionnalités de métadonnées et de recherche à des services qui n’ont rien à voir avec le montage vidéo, comme Office 365 ou Salesforce », conclut Brandon Fan, en expliquant qu’il vise des domaines d’activités comme la santé ou l’architecture dans un premier temps.

Précisons que le service Shade dispose déjà d’une API qui permet à d’autres logiciels de venir s’interfacer avec lui.

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