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Où en est SAP HANA ?

Hasso Plattner, cofondateur de SAP, explique les évolutions de HANA, la manière dont elles répondent aux nouvelles exigences des entreprises et le pourquoi de la restructuration en cours de cette division base de données.

Hasso Plattner est le cofondateur de SAP. Il est aussi l'un des pères modernes de l'ERP. Chez SAP, il a dirigé l'entreprise de R/1 à SAP ERP Central Component et reste depuis une des têtes pensantes de la technologie et de la stratégie.

C'est Hasso Plattner qui a initié le développement de SAP HANA, une base de données In-Memory qui peut stocker et traiter les données à la fois transactionnelles et analytiques pour fournir des résultats en temps réel.

La sortie de SAP HANA en 2010 a été suivie, cinq ans plus tard, par S/4HANA, un ERP nouvelle génération conçu spécifiquement pour SAP HANA.

Au Sapphire Now 2019, nous nous sommes entretenus avec Hasso Plattner de l'état actuel et futur de SAP et de sa base HANA.

Dans la première partie de cet entretien en deux parties, il détaille l'évolution de HANA, ce qui la distingue des autres bases dans un paysage où les données connaissent une croissance exponentielle et pourquoi SAP HANA se positionne davantage comme une base de données générique.

Quel est l'état actuel de la base de données SAP HANA ?

Hasso Plattner : La vue d'ensemble est qu'après avoir migré toutes les applications SAP - les acquisitions comme celles développées en interne - de leurs bases de données originelles vers HANA, nous avons maintenant le temps de revenir aux fondamentaux d'il y a cinq ans, quand nous voulions que HANA soit une base de données générique.

La plus grande partie de cette la tâche de réécriture et de migration des applications est accomplie. Il reste encore du travail à faire pour Ariba et Concur, mais Concur est un type d'application différent et il fonctionne sur Microsoft SQL Server.

Pourquoi faites-vous évoluer SAP HANA ?

Hasso Plattner, co-founder, SAPHasso Plattner

Hasso Plattner : A cause de l'explosion des données. Il y a dix ans [NDT : quand il lance le projet avec l'Université de Postadam], nous nous étions concentrés sur le développement d'une base de données pour les ERP. Ce sont sont certes les systèmes les plus évolués en informatique d'entreprise mais les données sont très précisément définies et les volumes de données ne sont pas si importants. Juste pour vous donner une idée, SAP sur HANA c'est moins de 2 To - ce volume haut c'est à peu près le volume de données stockées par une entreprise qui a un CA de 30 milliards de dollars.

La plupart des clients S/4HANA dans le cloud ont moins de 5 Go de données compressées - en non compressées, c'est un peu plus. Nestle par exemple a environ 6 To à 8 To par système (ils ont trois systèmes). La plus grande installation en volume de données c'est Etrade.

Bref, les données de l'ERP sont relativement petites alors que dans le même temps nous vivons dans un monde où le volume de données a explosé. Pour nous, cela signifie que - puisque la version actuelle de HANA ne peut stocker des données que dans la RAM dynamique (DRAM) - HANA devient trop cher pour d'autres applications.

Nous avons donc annoncé une nouvelle version de HANA, appelée SAP HANA Cloud Services, qui ne sera que dans le cloud.

Pourquoi avoir ajouté une mémoire permanente à HANA ? En quoi est-elle nécessaire ?

Hasso Plattner : Nous avons abandonné 60 fonctions de SAP HANA, parce que nous pensons qu'elles ne répondront plus à un besoin à l'avenir et nous avons évolué vers une DRAM multi-tiers.

La mémoire persistante (NDT : Intel Optane DC persistent memory) réduit considérablement les coûts et améliore le système. Cette mémoire (NDR : une mémoire flash à base de technologie 3D Xpoint, qui prend la forme de barrettes de mémoire traditionnelle, mais qui résiste à une coupure de courant) stocke toutes les données dont nous avons besoin pour redémarrer, de sorte que le redémarrage se fait en quelques secondes, plutôt qu'en quelques minutes, ce qui est très important pour les implémentations qui ont besoin de haute disponibilité.

La couche de données suivante sera sur disque. Je sais. Il y a des années, j'ai dit qu'on ne fairait plus de disque. Mais si. Aujourd'hui, nous allons refaire du disque, parce qu'il n'est pas nécessaire de conserver les données de finance qui datent de plus de deux ans dans la mémoire DRAM.

Vous n'avez presque jamais besoin d'y accéder. Et si c'est le cas, c'est un accès séquentiel, ce qui se fait assez rapidement sur disque.

Ensuite, nous prenons ce que nous avons pris de Sybase IQ sous HANA pour en faire un moteur séparé, mais un système compatible, qui sera le lac de données de HANA.

Comment la base de données SAP HANA s'intègre-t-elle aux autres bases de données ?

Hasso Plattner : En sous couche, nous avons SAP Data Hub, que nous avons intégré à HANA et qui peut maintenant accéder à Hadoop, Oracle, ASE, IBM - n'importe quelle base.

Avec une seule requête SQL, de haut en bas, vous pouvez interroger toutes ces couches, mais il faut que vous les organisiez. C'est une question de tiering et de partitionnement des données, et cela doit être personnalisé par client.

Après deux années, la donnée est stockée sur un disque intermédiaire (near-line storage disk). Et après cinq ans, il va dans le data lake et elle reste là.

Pourquoi est-il si important de conserver les données à un seul endroit ?

Hasso Plattner : L'idée c'est que nous ne transférons plus de données - on ne fait plus d'extraction ni de chargement (ETL). Nous voulons qu'un utilisateur accède aux données depuis son emplacement d'origine - [pour] la sécurité des données, [c'est mieux s'il n'y a] aucun transfert. Le temps de communication pour transmettre la requête SQL à un autre système n'est pas un problème et pour récupérer le résultat c'est OK également. Si le résultat est important en terme de volume, il peut y avoir un certain temps de transfert, mais c'est un bien meilleur modèle. Ainsi, nous avons maintenant une flexibilité totale pour nos prochains développements et pour le développement de nos clients.

Comment la récente restructuration et les licenciements de SAP ont-ils affecté le groupe de développement de SAP HANA ?

Hasso Plattner : Nous avons réduit la partie en charge de la gestion des produits, donc des gens de HANA ont effectivement quitté SAP. Quand un groupe devient de plus en plus grand - HANA compte plusieurs milliers de personnes - tout d'un coup, il y a une strate qui se développe pour la gestion de produits. Nous ne savons jamais vraiment ce qu'ils font : ils parlent aux clients, ils parlent aux développeurs, ils parlent aux commerciaux - j'utilise l'expression « parler trois fois ». [Il nous fallait] moins de blabla, plus de code. Mais l'équipe de développement HANA s'agrandit et nous avons un nouveau responsable qui est très dynamique pour HANA, l'analytique et le data warehouse.

Entretien réalisé en collaboration avec SearchSAP

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