Lobodis démontre que la transformation numérique n’est pas l’apanage des grands

Torréfacteur breton de 10 millions d’euros de chiffre d’affaires, Lobodis développe ses usages numériques pour simplifier ses processus et gagner du temps. Mais la PME impulse également une stratégie data driven au sein de ses métiers.

Le café et le vin présentent certains points communs, comme la pratique de l’assemblage. N’en déplaise aux amateurs de grands crus, le café l’emporte cependant sur le vin grâce à ses 800 arômes et saveurs. Le torréfacteur breton Lobodis se positionne cependant sur un autre créneau que celui de l’assemblage et propose des cafés « pure origine ».

Parmi ses produits, des cafés issus du commerce équitable destinés aux enseignes de la grande distribution (70 % de son CA), ainsi que des réseaux bio. Pour gérer ses différents processus, Lobodis se dotait en 2005 d’un ERP, Navision – renommé ensuite Dynamics NAV (après son rachat par Microsoft), et désormais Dynamics 365 Business Central.

Un ERP cloud au cœur du pilotage décisionnel

Ce déploiement s’imposait à l’époque comme une nécessité pour être référencé auprès des marques de la grande distribution. La PME a cependant su tirer profit de cette contrainte pour injecter du numérique dans ses opérations et dégager des gains opérationnels.

« Au départ, nous avons axé l’usage de l’ERP sur la partie commerciale et logistique, parce que nos clients en grande distribution nous imposaient par exemple l’EDI pour la gestion des commandes jusqu’à, aujourd’hui, la facturation » justifie son directeur exécutif, Frédéric Lerebour.

D’autres modules ont été activés au fil du temps, dont la production et la logistique.

Mais en parallèle de la gestion des différents flux d’une commande, Lobodis a développé l’utilisation d’autres fonctionnalités de l’ERP de Microsoft, dont la comptabilité. D’autres modules ont été activés au fil du temps, dont la production et la logistique. En 2021, la société dispose à présent de l’intégralité des briques de la solution, exploitant près de 80 % de ses fonctions.

Au fil du temps, le progiciel est intervenu dans la gestion des opérations puis dans le pilotage au travers d’une démarche décisionnelle. Les équipes de Lobodis s’intéressaient en particulier à l’analyse des données commerciales, réunies sous Navision au sein de Cubes (des entrepôts de données). C’était les débuts du décisionnel pour la PME bretonne.

Ces usages de la donnée sont désormais bien ancrés dans la culture de l’entreprise. Les bases permettent par exemple aux forces de vente de générer facilement des tableaux croisés dynamiques et d’analyser les résultats selon de multiples critères.

PowerBI en 2022 pour intégrer les données externes

Mesurer la performance d’un produit ou d’un client parmi les différents segments de consommation, suivre l’évolution du chiffre d’affaires par rapport au prévisionnel et gérer le budget promotionnel sont ainsi autant d’indicateurs de pilotage accessibles aux collaborateurs.

En outre, avec la solution Jet Reports, les salariés attaquent aussi directement les données de l’ERP pour bénéficier d’informations en temps réel. Résultat, les différents services s’approprient l’outil pour répondre à leurs besoins quotidiens.

Là encore, Lobodis a étendu les usages à mesure que la maturité de ses équipes progressait. Le pilotage par la donnée s’étend aujourd’hui à tous les métiers, dont la production, les stocks et la logistique. Pas besoin en résumé d’être un grand compte pour tirer les bénéfices d’une approche dite « data driven ».

D’ailleurs, dans ce secteur, le torréfacteur souhaite aller plus loin encore. Son dirigeant espère ainsi, dès le début de l’année prochaine, basculer sur PowerBI. Il permettra d’intégrer des bases de données externes, pour les informations provenant de ses clients ou relatives au marché. En croisant ces sources, l’entreprise prévoit de générer des tableaux de bord et des analyses pour « toujours mieux mesurer notre performance et nous aider à prendre les bonnes décisions. »

Lobodis n’a en effet pas attendu la crise du Covid pour se préoccuper de sa transformation digitale, présentée par Frédéric Lerebour comme une démarche d’amélioration continue. Les usages de l’ERP, mais aussi désormais du CRM traduisent bien cette appropriation progressive des technologies. Souplesse et agilité sont en effet des « maîtres-mots » pour le chef d’entreprise.

Dans ce cadre, la société, accompagnée par l’ESN Isatech, fait évoluer l’hébergement de sa solution. Exploité dans un premier temps en on-premise, puis auprès d’un hébergeur traditionnel, Dynamics basculera d’ici le 1er avril prochain sur le Cloud Azure de Microsoft. Cette évolution vers l’ERP cloud est notamment une réponse à la pandémie et au développement du télétravail. L’ERP sera à terme accessible à l’ensemble des collaborateurs depuis n’importe quelle connexion.

Du CRM pour accompagner la prospection

Lobodis complète aussi ses outils applicatifs avec du CRM. « L’entreprise s’est lancée dans une démarche de prospection pour rechercher de nouveaux réseaux de distribution et de clients. Et c’est pour l’accompagner que nous nous sommes formés et avons mis en œuvre le CRM dans Navision », précise le directeur.

« Ces outils sont une condition du développement futur des entreprises. »
Frédéric LerebourLobodis

Pour ses relations commerciales avec la grande distribution (GMS), la PME disposait déjà d’un CRM spécifique, sans interconnexion avec l’ERP. Celui-ci est conservé. Mais pour ses autres clients, y compris sur le e-commerce, elle déploie actuellement les fonctions CRM de Dynamics. Ce projet doit là aussi être finalisé au cours du premier trimestre.

Sur le volet ERP, l’enrichissement des usages se poursuit, grâce à des interconnexions avec d’autres applicatifs via l’activation d’extensions. C’est d’ailleurs grâce à un tel outil que Lobodis a pu dématérialiser totalement son processus de facturation deux ans plus tôt. « Cela nous a permis de gagner énormément de temps », se félicite Frédéric Lerebour.

Ces gains peuvent être réinvestis dans des tâches à plus forte valeur ajoutée, notamment parmi les métiers de la gestion et de la comptabilité. « La finalité, c’est d’utiliser à bon escient la digitalisation. Le projet pour mes équipes, c’est de leur dégager du temps pour leur permettre d’analyser les résultats, d’élaborer pour les autres services des tableaux de bord de pilotage. C’est là où leur valeur peut s’exprimer totalement », insiste le patron du torréfacteur.

Automatiser pour redonner de la valeur aux métiers

Frédéric Lerebour prévoit d’automatiser les tâches chaque fois que cela est possible afin de favoriser chez les collaborateurs un rôle plus « proactif ». « Nous avons besoin d’éléments de pilotage et d’enrichir le décisionnel, pour être le plus efficient possible dans l’analyse de nos données », précise-t-il. Parmi les tâches automatisables figurera prochainement la gestion des notes de frais.

Pour orchestrer cette stratégie de digitalisation et de simplification, Lobodis s’appuie sur des utilisateurs « référents » au sein de son organisation et sur une montée en compétences progressive du personnel. Le pôle administratif compte ainsi deux référents, des personnes avec une « vision de l’outil à 360° », permettant d’esquiver le piège d’un fonctionnement en silos.

Pour Frédéric Lerebour, il est indispensable que les usages du numérique soient portés par les collaborateurs à l’origine de l’expression de besoins. Une clé, estime-t-il, de leur appropriation. Et le directeur exécutif de revendiquer une approche cohérente en termes d’adoption du digital et de recherche de la valeur des métiers.

« Nous sommes certes une petite PME, mais nous n’affichons pas de retard dans l’adoption de ces outils dont on sait qu’ils sont une condition du développement futur des entreprises », conclut le dirigeant, qui espère aussi en faire un argument d’attractivité pour les talents à l’égard des PME.

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