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McAfee retrouve son identité

La page Intel Security aura duré trois ans. McAfee retrouve son indépendance et son identité avec les fonds d’investissement TPG et Thoma Bravo, tous deux très familiers du monde de la sécurité.

Une renaissance. C’est ainsi que Chris Young, ancien vice-précisent et directeur général d’Intel Security, désormais CEO de McAfee, présente la sortie du giron d’Intel dans un courriel adressé aux clients et prospects de l’entreprise, promettant au passage « des résultats, et non pas des produits fragmentés », ainsi que de « faire avancer l’industrie en travaillant avec nos concurrents, et pas seulement nos partenaires ». Une façon de reprendre le slogan « together is power » lancé à l’automne dernier, lors de la grand messe Focus16

C’est en septembre dernier qu’Intel a annoncé la cession de 51 % de ses parts de McAfee au fond d’investissement TPG, dans le cadre d’une transaction valorisée à 4,2 Md$. C’est autour de l’éditeur bien connu que le fondeur avait articulé ses activités sécurité. Après avoir finalisé début 2011 un rachat annoncé à l’été précédent, il avait d’ailleurs décidé d’abandonner le nom McAfee début 2014

A l’époque, de nombreux observateurs voyaient dans cette opération une tentative de rapprocher la sécurité logique du matériel. Et un an après l’annonce de cette acquisition, Intel semblait avancer dans cette direction, avec l’annonce de la technologie DeepSafe, à l’occasion de l’ouverture de sa grand messe développeurs. Celle-ci consiste en effet en une couche de sécurité s’interposant entre le matériel et le système d’exploitation, en profitant de la technologie VTx des puces d’Intel, avec la promesse de pouvoir surveiller la mémoire, les registres du processeur, ainsi que leur activité et celle d’autres composants matériels.

Pour compléter son offre de sécurité, Intel avait par la suite racheté Stonesoft, en mai 2013. Mais le vent a depuis tourné. Le fondeur a en effet cédé ce dernier à Raytheon-Websense, qui s’est mué au passage en Forcepoint mi-janvier 2016. Intel le laissant manifestement faire ses emplettes dans ses gammes, Forcepoint en a profité pour racheter la technologie de pare-feu d’entreprise Sidewinder, arrivée chez le fondeur à l’occasion du rachat de McAfee : ce dernier l’avait acquise auprès de Secure Computing, une spin-off d’Honeywell, en 2008.

Au printemps dernier, Intel a en outre annoncé une vaste restructuration, devant conduire à la suppression de 12 000 postes sur un total de 112 000, d’ici à la mi-2017. Le fondeur justifiait alors cette opération par sa transformation en cours, d’un fabricant de puces pour PC en un spécialiste des processeurs pour le Cloud et l’Internet des objets.

TPG n’est pas étranger aux investissements dans le domaine de la cybersécurité. A l’été 2015, il était ainsi à la tête d’un tour de table qui a rapporté 100 M$ à Zscaler, spécialiste des passerelles Web sécurisées. Peu de temps après, il prenait part à un autre tour de table permettant à Tanium de lever quelques 120 M$.

En septembre dernier, Brian Taylor, associé de TPG, ne disait pas autre chose : « nous avons identifié le secteur de la cybersécurité, qui a profité d’une forte progression en raison des volumes et de la sévérité croissants des cyberattaques, comme l’un des domaines les plus importants de la technologie ». Alors pour lui, McAfee, fort d’une « position de leader, d’une base installée loyale, et d’une technologie éprouvée », représentait une opportunité d’investissement « d’ans une plateforme hautement stratégique ». Brian Taylor va désormais présider le conseil d’administration de McAfee.

Mais TPG n’est aujourd’hui pas seul à miser sur McAfee et sa renaissance. Thoma Bravo s’est joint à l’opération en prenant une participation minoritaire. Lui non plus n’est pas étranger au monde de la sécurité : en 2011, il avait racheté Blue Coat pour 1,3 Md$, avant de le revendre à Bain Capital mi-2015 - lequel l’a cédé à Symantec un an plus tard pour plus du triple, non sans lui permettre de renforcer son offre avec les rachats de Perspecsys et d’Elastica. 

Plus récemment, Thoma Bravo a soulagé son portefeuille de LANDesk en le cédant à Clearlake Capital, permettant ainsi sa fusion avec Heat Software, sous le nouveau nom d’Ivanti. De quoi recentrer ses investissements en matière de sécurité autour du contrôle des accès et des identités, avec en particulier Bomgar, Imprivata et SailPoint. 

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