Cet article fait partie de notre guide: DSI : à quoi faut-il s’attendre pour 2017 ?

DSI de nouvelle génération : des leaders IT en pleine mutation

Les postes de DSI évoluent. Et les profils moins techniques y sont désormais plus courants. Le point sur les évolutions profondes de'une fonction de plus en plus critique.

La vie est dure pour les directeurs de service informatique. Le simple fait de se tenir au courant des tendances technologiques n’est pas chose facile. L’abondance de sigles américains de 3 ou 4 lettres crée souvent la confusion. Qu’est-ce que les SDN ont à voir avec les SDDC ? Faut-il préférer la VoLTE à la VoIP basée sur SIP ? NVMe via M.2 est-elle mieux que PCIe pour le stockage hautes performances en datacenter ?

En fait, les DSI n’ont que faire de ces termes. Les aspects techniques changent si rapidement qu’à vouloir être informé, vous risquez de tomber de Charybde en Scylla : inquiet à l’idée de rester sur une vieille plateforme, vous finissez par mettre en œuvre des changements techniques mal pensés, aux effets pervers à long terme.

En pleine évolution, le poste de DSI accueille désormais des profils moins techniques en plus grand nombre. Le Cloud computing en est le principal responsable : une plateforme dans le Cloud public escamote davantage le back-end technique aux yeux de l’utilisateur qu’une plateforme matérielle interne.

Les DSI perspicaces se concentreront alors sur l’important : l’activité même de l’entreprise.

Au lieu de se soucier du processeur des serveurs (AMD, Intel ou Power, et du logo qu’ils arborent, Dell, HP ou IBM), le DSI peut s’intéresser aux fonctionnalités et aux performances globales de la plateforme et des services du prestataire Cloud.

Un rôle de conseil avec l’activité pour moteur

Le DSI moderne se transforme en conseil tourné vers l’activité, impliqué très tôt dans les discussions sur les besoins stratégiques et tactiques de l’entreprise. Il peut alors chercher les meilleurs systèmes d’un point de vue global et les présenter à l’entreprise en des termes faciles à comprendre.

Il ne sera pas question de vitesse et de débit, mais de ce que le système apportera à l’entreprise en termes de réduction des coûts, de diminution des risques et de valeur ajoutée, et dans quels délais.

Bien sûr, le DSI continue de s’assurer que les services et les fonctions qu’il conseille remplissent des critères stricts de performance, de disponibilité, de sécurité, de conformité, etc. Mais ces critères ne dépendent pas tant de la plateforme matérielle que de l’approche globale du prestataire Cloud, et des stratégies et procédures qu’il a adoptées pour garantir des niveaux de service conformes à ses engagements.

Le DSI n’est pas pour autant déchargé de toute obligation de se renseigner sur les évolutions technologiques. Avec la virtualisation, ce qui se passe au niveau de la couche logicielle acquiert davantage d’importance.

Pour assurer le bon déroulement des activités de l’entreprise, il est impératif de comprendre comment atteindre la haute disponibilité et à quel coût, et comment garantir la sécurité des informations à mesure qu’elles progressent dans le flux de processus.

Il convient également de comprendre comment intégrer des processus métier disparates, à savoir ceux de l’entreprise et de ses clients et des fournisseurs, pour en tirer la plus grande valeur commerciale et s’assurer que les domaines comme l’Internet des objets (IoT) sont traités de manière satisfaisante.

Veille technologique

Par conséquent, le DSI doit trouver des sources d’information sur ces sujets. Internet regorge d’informations, mais c’est là que le bât blesse : il y en a bien trop.

Internet pèche par l’absence d’organisation. S’il est techniquement possible de mesurer la valeur perçue des informations par le nombre de références à un document, de partages ou de retweets, il souvent difficile de récupérer des informations éditées dans la masse des informations brutes. Pour la plupart des DSI, il est bien trop chronophage d’extraire les paillettes d’or de la boue qui les emprisonne.

Faire confiance aux fournisseurs et prestataires en place comporte des risques. Ils ont en effet leurs propres objectifs et cherchent souvent à imposer leurs portefeuilles dans le thème du jour, y compris si l’outil est impropre au but recherché.

Même les informations payantes, comme les services d’un analyste spécialisé, ne sont pas toujours ce dont un DSI a besoin. Malheureusement, beaucoup de sources payantes ne sont pas en mesure d’évaluer les produits et les contenus s’adressent aux entreprises en général plutôt qu’à la vôtre en particulier.

Face à l’abondance de sources, il faut d’abord établir des règles de fiabilité. Posez-vous les bonnes questions : connaissez-vous l’auteur de tel article récupéré sur Internet ? Votre fournisseur ou prestataire de services s’est-il montré honnête et digne de confiance par le passé ? Avez-vous de bonnes relations professionnelles avec tel analyste ?

Bien s’entourer

Tout cela laisse le DSI face à un problème majeur. A mesure que s’intensifient l’automatisation et l’externalisation vers le Cloud public, les administrateurs système se libèrent de plus en plus de tâches fastidieuses, ce qui dégage des budgets et des ressources informatiques.

Le DSI doit chercher à s’entourer de personnes douées à la fois d’une compréhension approfondie et de connaissances transversales qui leur permettent de contextualiser les aspects techniques avec les besoins métier et avec les activités du reste de l’équipe informatique.

Ces professionnels doivent appartenir à une nouvelle race d’architectes métier dotée d’une vision d’ensemble ; à même de traduire les besoins métier en fonctionnalités techniques. Chacun d’eux utilisera diverses ressources pour approfondir ses connaissances dans un domaine particulier. Après quoi l’équipe présentera ses conclusions au DSI qui devra alors s’assurer que le système satisfait les besoins généraux de l’entreprise. Ainsi, même si toutes les sources sont sujettes à caution, comme évoqué plus haut, une répartition efficace du travail permet de trouver plus facilement les paillettes d’or.

N’oubliez pas non plus les utilisateurs. Nombre d’entre eux font du Shadow IT, en s’abonnant à bas prix à des services Cloud qui leur conviennent. Aujourd’hui, l’omniprésence des technologies dans la vie quotidienne des employés fait qu’ils ont de fortes chances d’être en avance sur l’entreprise, celle-ci connaissant de longs cycles de renouvellement technologique.

Etant donné la généralisation du BYOD et la croissance de la domotique, beaucoup d’utilisateurs pourraient accoucher de grandes idées ou utiliser déjà des systèmes formidables qui les aident dans leur travail. Le DSI doit repérer ces usages et déterminer leur utilité à l’échelle de l’entreprise. Il doit aussi s’assurer que la qualité du système convient à une telle utilisation. Si c’est le cas, déployez-le dans toute l’entreprise ; sinon, trouvez une solution comparable… voire meilleure.

Toutes les informations recueillies auprès de ces nouveaux « architectes métier » et des utilisateurs doivent être collectées et organisées en interne. Le cas échéant, on pourra ainsi vérifier les hypothèses et les sources, et éviter de s’appuyer sur des informations erronées ou peu fiables.

Des sociétés comme Druva, Commvault et Docurated proposent des outils adaptés à tous les employés pour l’analyse et le tag des données et des informations. Ces outils rassemblent les informations dans des bibliothèques sans recourir à un coûteux système de gestion des documents, cantonné aux besoins de quelques-uns.

DSI, une fonction plus critique que jamais

Coiffé de nombreuses casquettes, le nouveau DSI incarne le point de convergence des besoins métier et des fonctionnalités techniques. Un où s’amassent des idées variées provenant d’une équipe d’experts techniques dotés d’une vision métier. Véritable conseil métier, il garantit que l’entreprise n’adopte pas de systèmes technologiques tactiques qui contrarieraient la stratégie à long terme.

Il est le tampon entre l’entreprise et les fournisseurs aux promesses mirobolantes et aux résultats insuffisants.

Le rythme du changement technologique et l’impérative nécessité d’intégrer l’évolution aux processus rendent le rôle du DSI plus stratégique que jamais. Si le changement technique pour lui-même nuit aux affaires, la souplesse technique qui permet de prendre en charge l’évolution permanente au sein de l’entreprise est l’objectif à atteindre.

S’ils souhaitent rester ultra-techniques, les DSI doivent désormais se tourner vers des entreprises elles-mêmes ultra-techniques, comme les prestataires de services Cloud. Mais s’ils veulent rester des membres précieux d’une entité d’utilisateurs, ils doivent changer d’état d’esprit et porter plusieurs casquettes pour assurer la compétitivité de l’entreprise sur le long terme.

Clive Longbottom est le fondateur du cabinet de conseils et d’analyse Quocirca.

Pour approfondir sur Formation

Close